La "finance de l’ombre" ne pèse pas d’un poids si important et elle fait courir des risques réels mais limités à l’économie mondiale. Telles sont les conclusions étonnantes du dernier rapport sur le shadow banking publié par le Conseil de stabilité financière, FSB en anglais.
Le premier intérêt du document est de mettre les pendules à l’heure sur le poids de la finance de l’ombre. L’ensemble des actifs financiers mondiaux représentaient, à la fin 2016, le gigantesque montant de 340.000 milliards de dollars, l’équivalent de plus de quatre années de PIB mondial ! Sur cet ensemble, un peu moins de la moitié (47%) correspond à des activités financières réalisées par d’autres acteurs que les banques.
Le shadow banking est souvent assimilé à cela. Or, son poids véritable correspond uniquement, dans ces activités non bancaires, à celles qui permettent le développement de transferts d’épargne risqués. Selon le FSB, ce poids peut être estimé à 45.000 milliards de dollars, soit seulement 13,2 % des actifs financiers mondiaux. Mais on sait qu’en finance, de fortes variations sur un petit segment de marché peuvent suffire à démarrer une crise.
Qui en sont les acteurs ? Cela dépend de la mesure retenue. Si l’on s’en tient à une répartition en termes de montants absolus, les Etats-Unis arrivent en tête, représentant en gros un tiers du marché (31%), devant la Chine et les îles Caïmans. La régulation de ces activités leur incombe donc principalement.
Mais si l’on préfère regarder la part de la finance de l’ombre dans les systèmes financiers nationaux, le trio de tête est composé des îles Caïmans, de l’Irlande et du Luxembourg. Soit trois paradis fiscaux et réglementaires, des zones opaques et risquées, preuve supplémentaire de leur rôle financier néfaste, au-delà des questions fiscales.
Si l’on s’intéresse maintenant aux types d’activités concernées, la très grande majorité de la finance de l’ombre (72%) se situe du côté des fonds d’investissements – à court terme, à moyen terme, fonds spéculatifs, etc.
Ce sont des entités qui collectent de l’épargne et la placent en prenant essentiellement des risques de liquidité (leurs ressources de court terme sont supérieures aux actifs qu’ils pourraient vite mobiliser si les épargnants réclamaient leur argent). En effet, selon le FSB, ces intermédiaires financiers font très peu de prêts et ne s’appuient pas sur des montants d’emprunts exorbitants pour spéculer, leur levier est faible, comme disent les spécialistes. Un point important car le risque est grand que des banques prêtent de l’argent à ces fonds et prennent leurs difficultés en retour en cas de problème. Si l’on en croit le FSB, ce risque est aujourd’hui mineur.
Bref, pour l’institution, la finance de l’ombre ne semble pas faire peser aujourd’hui de risques important à la stabilité financière mondiale. Espérons qu’il ait raison !
Publié le lundi 30 avril 2018 . 3 min. 09
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de Christian Chavagneux
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