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La guerre en Ukraine sonne-t-elle le glas des agendas climatiques ? Une urgence balaye l’autre. Et il est clair que la brusque montée d’adrénaline sur les questions de sécurité a tout évincé, détournant nos regards des horizons longs. C’est la fameuse tragédie des horizons où les coûts immédiats sont toujours surpondérés dans nos esprits par rapport aux coûts lointains.


Faire feu de toutes sources


Ce que l’Europe doit affronter aujourd’hui en urgence absolue, c’est un risque d’embolie de son industrie et du chauffage domestique. Un risque qui très concrètement l’oblige à reconstituer d’ici novembre prochain ses réserves de gaz descendues à 26% de leurs pleines capacités en sortie d’hiver et à diversifier ses sources de production notamment électrique. Avec pour impératif de s’autonomiser au maximum des 155 à 170 milliards de mètres cubes d’approvisionnement annuel en gaz russe.
Comme toujours dans l’urgence il faut faire feu de tout bois… ce qui dans le cas présent signifie de faire feu de toutes sources, y compris les plus émettrices en gaz à effet de serre. Le plan européen esquissé en mars nous fournit une première idée de ce que pourrait être le mix pour y parvenir :


- C’est d’abord 15 milliards de gaz liquéfié américain par achat groupé, avec à la clef une réallocation de contrats existants et une relance potentielle du gaz de schiste.
- Ce sont ensuite 50 milliards de mètres cubes adossés à l’accroissement de la production en Norvège, en Algérie, au Qatar ou au Kazakhstan.
- C’est encore une relance du charbon pour 36 milliards de mètres cubes.


C’est donc une réassurance des énergies fossiles pour les deux tiers des besoins. Et seulement à la marge, une mobilisation des énergies bas-carbone : l’équivalent de 12 milliards de m3 d’électricité nucléaire, 10 milliards d’éolien et solaire, 3 milliards de biogaz, et 10 milliards de sobriété. Rien d’étonnant bien sûr, on ne module pas avec autant de facilité la production des énergies renouvelables que celle des énergies fossiles en partie contingentée.


À moins d’une issue à brève échéance inattendue, la guerre achemine aussi l’Occident vers un endiguement de l’économie russe. Avec pour corolaire, un redéploiement durable des approvisionnements européens, une réorientation des débouchés russes notamment vers l’Asie, et le dénouement probable des embargos iraniens et vénézuéliens. Et in fine l’offre de pétrole et de gaz pourrait augmenter à échelle mondiale. Et le scénario craint d’un pic d’offre enflammant durablement le prix des ressources fossiles, dégénérant en inflation mondiale, tel qu’il se dessinait depuis plusieurs mois, pourrait être tempéré. Cette crise, paradoxalement, accroît la soutenabilité sociale de nos compromis fossiles et fait baisser d’un cran l’urgence d’accélérer la décarbonation de la demande.


Le gaz disqualifié en partie comme étape intermédiaire


Autre conséquence aussi, la crise tend à disqualifier le gaz comme étape intermédiaire sûre d’une transition douce vers un mix bas carbone à horizon 2040-2050. Le passage par cette ressource modulable importée, qui de surcroît permet de palier les intermittences des énergies renouvelables, apparaissait pour nombre d’économies comme le compromis le moins coûteux pour sortir du charbon et du pétrole, le temps de faire monter en puissance les capacités renouvelables, les biogaz ou le nucléaire. Le temps aussi de réformer les comportements et les structures de consommation.


L’insécurité des approvisionnements gaziers russes a plusieurs conséquences :


1. L’Europe doit diversifier les pays d’importation, ce qui suppose d’acheminer le gaz sur longue distance par méthanier, après liquéfaction, construire des terminaux et des lieux de stockage, avec un bilan carbone rehaussé.
2. Il faut ralentir le reflux et la sortie du pétrole et surtout du charbon. C’est déjà ce qui s’esquisse en Allemagne où le gouvernement étudie de nouvelles options, reconsidérant son timing de sortie non seulement du nucléaire en 2022, mais surtout du charbon en 2030. Avec l’idée de maintenir les centrales à minima en veille, si ce n’est en activité. Bref, la crise offre une seconde chance aux ressources fossiles à court et moyen terme, retardant la décrue programmée des émissions.
3. Dernière conséquence enfin, la guerre lance la course à l’armement, avec pour risque que cet arbitrage budgétaire tarisse les projets climatiques. Alors certes, la guerre crée aussi une nouvelle pression en matière de sécurité et d’autonomie énergétique et incite donc à mettre les bouchées doubles en matière de renouvelable, de nucléaire et de biogaz pour s’extraire d’énergies fossiles aux volumes et aux prix aléatoires.


Si l’on veut rester optimiste, l’Europe ne fait que reculer pour mieux sauter dans les énergies bas carbone, aux coûts et à la production maîtrisée. S’extraire au plus vite de notre prise en otage fossile, c’est ce que nous dictent la raison et l’intérêt. Avec le risque néanmoins que la succession des urgences nous fasse perdre le cap.


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