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C’est un constat récurrent largement repris par la presse économique. Les Français seraient nuls en économie. Et leur inculture chronique expliquerait qu’ils soient hermétiques aux réformes, hostiles à la mondialisation, et défiants à l’égard de la finance et de l’entreprise.


Le beurre et l’argent du beurre


Pour le prix Nobel Edmund Phelps, cela lui coûterait même un point de croissance. Car la créativité, l’inventivité d’un peuple ne suffisent pas à le faire entrer dans la modernité. Pour transformer les idées en affaires, il faut une appétence pour le calcul économique et une adhésion aux règles du jeu. Et puis, au-delà de ce procès un peu flou et difficilement objectivable, il y a cette suspicion que le cerveau des Français est contaminé par une pensée crypto-marxiste, disséminée par des élites intellectuelles longtemps trop complaisantes et un système éducatif étanche aux problématiques de l’entreprise et de la finance.


La crise des gilets jaunes a été un nouveau prétexte de stigmatiser cette France qui veut le beurre et l’argent du beurre, qui veut plus de social, plus de services publics et moins d’impôts, qui n’aurait donc rien compris au b.a-ba de la gestion des finances publiques. Une France qui veut plus de pouvoir d’achat, sans jamais incorporer les enjeux de compétitivité.


Derrière ce procès, il y a çà et là quelques données qui se veulent objectives. Qui exhibent la nullité crasse des Français lorsqu’il s’agit de faire une règle de trois. Leur incapacité notamment à calculer le rendement de leur épargne. Qui illustrent aussi leur méconnaissance de quelques chiffres clés, du niveau du PIB en passant par celui de la dette publique ou du déficit extérieur. Leur mauvaise perception de l’inflation. Leur surestimation de l’emploi précaire, leur conviction que les fruits de la croissance sont convertis tout entier en dividendes versés aux actionnaires. Et puis il y a ces enquêtes internationales, les eurobaromètres qui placent toujours l’opinion française en défiance de la mondialisation, des institutions qui l’incarnent.


L’intuition a du bon


Drôle de procès pourtant. Comme si les médecins incriminaient la faible culture médicale de leur patient dans leurs piètres résultats. Aux confins du délit d’opinion et de la condescendance aussi, lorsque l’on soupçonne le peuple de ne pas comprendre qu’en face de nouvelles dépenses, il faut mettre des recettes.


Les Français se bâtissent une subjectivité économique à travers leur expérience propre, le ressenti de leur environnement et un corpus de valeurs collectives. Et les experts pourraient tout autant s’interroger sur leur temps de retard et leurs dénis multiples par rapport à des perceptions qui ne paraissent pas a posteriori si infondées.


Certes, pour des raisons historiques et culturelles l’opinion française s’est toujours montrée critique et sceptique face aux promesses de l’ouverture des marchés… On peut certes leur reprocher leurs lacunes Ricardiennes. Mais force est de constater aussi, que leur aversion commence à être de mieux en mieux étayée, même par ceux, qui comme Krugman, relativisaient l’impact de la mondialisation sur la montée des inégalités et de la précarité.


Certes, les Français sont hermétiques au calcul des rendements, et s’accrochent à leur épargne réglementée sans risque, à la pierre, tout autant qu’à leur retraite par répartition… Il est vrai qu’ils n’ont pas succombé aux sirènes des experts qui leur promettaient des rendements d’action de 7% ad vitam, à l’aube des années 2000… Il faut croire que l’intuition a du bon.


Certes, les Français perçoivent un problème de pouvoir d’achat et de d’inflation que les statisticiens eux ne voient pas…. Et c’est pourtant l’attention portée à ce hiatus qui a permis d’objectiver le poids croissant des dépenses contraintes et l’étroitesse de la part de leur budget sur laquelle ils avaient réellement la main. Idem pour tant d’autres sujets, de la précarité de l’emploi en passant par les inégalités. L’humeur des gaulois réfractaire est devenue un véritable sujet de controverse scientifique, y compris dans les pays acculturés à l’économie de marché.


Et que dire de l’inculture fiscale des Français ? Oui, c’est un fait, l’opinion française est étanche à la thématique de la compétitivité et suspecte le CAC 40 de s’en mettre plein les poches. Autant dire que le CICE n’a pas convaincu. Mais assimiler la baisse des charges à une baisse de l’assurance sociale, ou faire le distinguo entre hausse du SMIC et hausse de la prime d’activité ne manque pas de pertinence pour autant. Percevoir que la hausse de la prime d’activité revient à faire financer la hausse des revenus par les citoyens eux-mêmes montre pour le moins que les français parviennent à penser le circuit économique, lorsqu’ils sont concernés.


Il ne s’agit pas ici de renverser le propos est de prêter aux Français une culture qu’ils n’ont pas. Mais plutôt de rappeler qu’il est toujours dangereux d’accuser l’auditoire lorsqu’un discours ne convainc pas et que c’est d’abord aux économistes et au politique de s’interroger sur l’imperméabilité de leur propos.


Publié le mardi 12 février 2019 . 5 min. 31

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