En première lecture, « enthousiasme » et « leadership » semblent fait l’un pour l’autre. Mais est-ce toujours souhaitable ?
Winston Churchill disait que “Le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme.” Henry Ford, le célèbre patron fondateur de la marque automobile du même nom, lui, avait coutume de dire que l'enthousiasme est à la base de tout progrès.
Ces arguments sont si fort, que le sujet de l’enthousiasme mérite bien une chronique et ce d’autant plus que la plupart des disciplines en sciences sociales, à commencer par la sociologie, ont très peu investi cette question.
En pratique, l’enthousiasme est généralement identifié et reconnu dans les organisations comme une valeur comportementale positive, un état d’exaltation et une énergie passionnelle capable d’entrainer un groupe d’individus à œuvrer dans l’effort et la bonne humeur.
Dans les entreprises, les personnes enthousiastes ont typiquement une attitude radieuse, enjouée et optimiste. Cette attitude est potentiellement contagieuse et a cette vertu d’améliorer sensiblement les ambiances de travail et de rendre plus supportable les contraintes la vie sociale organisée.
D’ailleurs, les personnes identifiées comme étant naturellement enthousiastes ont souvent la préférence dans les processus de recrutement et un avantage manifeste au regard de leur ascension professionnelle notamment pour les rôles où la capacité d’entrainement est déterminante comme ceux de dirigeants ou managers sans oublier les chefs de projets.
A contrario, le manque d’enthousiasme est typiquement regardé comme un déficit d’engagement personnel, une façon de se mettre en retrait de la vie collective, une sorte d’antijeu.
Mais d’où vient l’enthousiasme ? Peut-on, comme l’affirment certains dirigeants, décider certains jours d’être enthousiaste ? Est-ce un état volontaire ou bien une façon d’être innée, profondément inscrite dans notre personnalité ? A moins que ce soit un trait de caractère socialement construit, susceptible de se révéler, ou non, dans certains contextes.
Force est d’admettre que certaines personnes semblent intrinsèquement touchées par cette grâce de l’enthousiasme quand d’autres l’expriment de façon plus ou moins parcimonieuse, en fonction des enjeux et des situations.
Cela dit, rien ne dit que l’effervescence de l’enthousiasme soit toujours au service de l’éthique car cette belle énergie peut parfaitement être mise au service d’une cause discutable, contestable et même condamnable.
En effet, si l’enthousiasme de nombreuses équipes dirigeantes sont à l’origine de formidables aventures technologiques, commerciales et humaines, l’histoire a montré que d’autres, non moins enthousiastes, se sont révélées franchement cyniques puisqu’elles ont été capables d’œuvrer sciemment contre les intérêts de la société et de ceux qui leur faisait confiance.
Parmi les nombreuses affaires ayant défrayé la chronique on trouve des histoires de pollution, de corruption, de falsification de données et de dumping en tous genres.
Voilà pourquoi l’enthousiasme ne dit rien de sa probité ni de la noblesse des objectifs qu’il sert en priorité. Capable de sublimer le meilleur comme le pire, l’enthousiasme du leadership ne doit en aucune manière échapper à l’examen de ses intentions profondes et des intérêts qu’il privilégie.
Publié le mercredi 8 septembre 2021 . 3 min. 42
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