Un leader doit-il obligatoirement être charismatique ?

Le charisme est-il indispensable au leadership ? Voilà une question souvent posée et rarement résolue, car elle réunit autant qu’elle divise. Pour certains le charisme est une force d’attraction et d’entrainement indispensable pour vaincre le statu quo et les inévitables résistances aux changements. Pour d’autres, le charisme créé une relation de dépendance préjudiciable qui inhibe l’esprit critique et encourage la manipulation et le suivisme.

Qu'est-ce que le charisme ?

Mais qu’est-ce que le charisme ? Les lexicographes le définissent comme une autorité, une fascination irrésistible ressentie par un groupe de personnes pour un individu doté d'un prestige et d'un pouvoir de séduction exceptionnels. Pour le sociologue Max Weber, le charisme est une croyance en la qualité extraordinaire d’un personnage, qui est, pour ainsi dire, doué de forces, de qualités personnelles étonnantes, et en conséquence considéré comme un "chef" naturel.

On notera au passage que le charisme n’a pas de fonction attitrée. D’ailleurs, tous les PDG ne sont pas charismatiques. En revanche, on peut être représentant syndical, artisan ou sportif amateur et être reconnu pour son charisme.

Il ne faut pas confondre charisme et leadership

En réalité, le charisme est un phénomène éminemment contextuel. On peut par exemple faire preuve de charisme au travail sans que ce soit le cas dans sa vie privée. On peut aussi avoir été charismatique dans son jeune âge sans que cela ne perdure.

Mais à chaque fois qu’il opère, le charisme séduit, fascine, rassure. Les personnes qui sont sous le charme sont disposées à suivre, à servir et même à défendre celui ou celle qu’elles admirent. En cela, le charisme est une forme de pouvoir non coercitif, capable d’intensifier ce que La Boétie appelle la servitude volontaire.

Voilà donc pourquoi leadership et charisme sont souvent associés et parfois même confondus. Il est pourtant indispensable de les distinguer, notamment parce que la prestance n’est pas un substitut efficace à la substance. Mais aussi parce que la popularité, ça n’est pas du leadership. D’ailleurs, il n’existe pas de corrélation sérieuse entre le charisme du dirigeant et la performance durable d’une organisation.

Un leader charismatique, oui, mais pas sans humilité !

Alors, le charisme est-il indispensable au leadership ? La réponse est non ! Mais sans charisme la communication est toujours plus difficile. Et la communication est essentielle au leadership. Non pas pour convaincre les autres d’avoir envie de faire ce que vous voulez voir se réaliser. Mais pour défendre les choix stratégiques et les intérêts des parties prenantes de l’entreprise. Le charisme permet aussi de gagner du temps en inspirant l’innovation, en encourageant la coopération et en révélant l’intelligence du collectif.

Voilà pourquoi leadership et charisme s’attirent mutuellement. Mais cette attirance peut s’avérer fatale car le charisme est un medium puissant, particulièrement fertile pour l’égo et dommageable pour l’esprit de discernement. On peut assez vite penser que tout ce qui est cru est vrai et justifier une ambition démesurée avec des prises de risque inutiles.  

En conclusion, on peut dire que le charisme et le leadership vont bien ensemble, à condition d'avoir l’intelligence de ne pas devenir l'esclave de sa popularité.