Si elles sont laissées à elles-mêmes, les notes de musiques sont par nature sauvages et indisciplinées. Mais lorsqu’elles sont domptées et jouées avec talent à travers un ou plusieurs instruments, elles sont alors capables de créer l’émerveillement en libérant leur formidable potentiel émotionnel et inspirationnel.
La vie organisationnelle, c’est un peu la même chose. Sans outil, sans règle du jeu et sans acteur doué professionnellement, il y a peu de chance qu’une production harmonieuse voit le jour. On peut même prolonger la métaphore en comparant deux façons très différentes de jouer de la musique et d’organiser le travail.
La première est celle de l’orchestre symphonique où chaque musicien doit parfaitement maîtriser son instrument et sa partition. Mais ce n’est pas tout. En sous-groupes ou tous ensemble, les musiciens doivent réussir à rester synchroniser les uns avec les autres et ce, à partir d’une œuvre écrite à l’avance dans le but de sublimer l’interprétation voulue par le chef d’orchestre.
A l’évidence, certaines organisations sont conçues comme des orchestres symphoniques. Elles favorisent la coordination du travail autour d’un plan stratégique validé par les instances dirigeantes. L’efficacité de l’ensemble dépend alors de l’intelligence opérationnelle du système autant que de la bonne volonté des acteurs à respecter le plan tout faisant preuve d’excellence dans leur domaine d’expertise.
On retrouve l’esprit de l’orchestre symphonique majoritairement dans des organisations où le fonctionnement s’appuie en priorité sur des process et où le coût d’une erreur ou d’une errance pourrait rapidement compromettre la rentabilité à court terme.
Dans un tout autre registre, on trouve le jazz avec beaucoup moins d’instruments que l’orchestre symphonique et une partition souvent réduite, voire minimaliste. De nombreux styles de jazz ont en commun de laisser une place significative à l’improvisation. Ce qui sublime la musique est alors la capacité des musiciens à jouer solo tout en respectant l’harmonie du morceau autant que les aptitudes et désirs de ses collègues. Autrement dit, le joueur de jazz peut-être autonome sans jamais revendiquer l’indépendance.
Certaines organisations fonctionnent comme un groupe de jazz, notamment celles qui favorisent la coopération sans chercher à prescrire l’essentiel des tâches à effectuer. Dans ces organisations, les acteurs ont l’opportunité de bénéficier d’importantes marges de manœuvre dans leur travail. Et si la prise d’initiative de l’un d’entre eux s’avère hasardeuse, cette personne pourra toujours compter sur la tolérance et l’entraide spontanée des autres membres du groupe.
L’esprit jazz band est palpable dans les phases de lancement de nombreuses start up. On le retrouve également dans les métiers à haute créativité ajoutée comme par exemple certains cabinets d’architectes, certaines entreprises de décoration et même certains laboratoires de recherche.
Cet esprit du jazz band au travail emprunterait volontiers à Miles Davis l’idée selon laquelle le style c’est 80% de la substance. Ici, le style désigne un univers cohérent, indifférent des modes et des tendances managériales. A l’intérieur de cet univers, il n’y a pas d’erreur possible tant que les acteurs coopèrent au service d’un idéal de production.
Publié le mardi 28 mars 2023 . 3 min. 43
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