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Le travail, la joie, la souffrance

Publié le mardi 22 mars 2016 . 3 min. 44

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« Il est des natures […] rares, qui aiment mieux périr que travailler sans joie [… »]. Cette phrase de Nietzsche, qui apparaît précisément dans le Gai Savoir, semble comme hantée par les désastreuses conséquences du travail qui n’atteint pas son but.

 

Or qu’apprend-t-on si l’on observe les nombreuses statistiques qui concernent le travail des cadres ? Et bien que la joie n’y est pas forcément le sentiment le plus prégnant et qu’au final les managers sont la catégorie socio-professionnelle la plus touchée par le stress au travail. Stress au travail que d’aucuns ont pu appeler burn-out, qui revêt en tout premier lieu le caractère d’une perte d’agentivité, c’est-à-dire au fond le sentiment de perte d’influence sur le cours de choses. Tout se passant comme si, prisonniers de modèles de gestion du passé, du taylorisme au toyotisme, de nombreux managers aujourd’hui avaient l’impression, pour reprendre une expression de Jean Giono, de faire du travail triste.

 

Mais pourquoi faire semblant de s’étonner de la souffrance au travail, lequel, dans son sens originel, nous ramène au latin labor, la peine, ou à trepalium, qui n’est autre qu’un instrument de torture ? Sans doute est-ce parce que le sens que nous lui attribuons a profondément changé, historiquement depuis au moins les trente glorieuses, au point d’être considéré aujourd’hui comme ayant un rôle central dans l’accomplissement de la vie de chacun. Le travail étant en quelque sorte devenu le principal facteur de réalisation et d’émancipation de l’individu.

 

Dans ces conditions incertaines, peut-être faudrait-il tenter de définir enfin cette joie au travail. Car de quoi s’agit-il au juste ? La plus convaincante des réponses nous vient d’Henri Bergson. Dans L’Energie spirituelle, il nous indique que la joie est un signe que nous éprouvons lorsque notre visée propre est atteinte. Non pas le plaisir momentané, la satisfaction plus ou moins fugace, mais la joie en ce qu’elle est le lieu où se révèle une création. Plus la création serait authentique, plus à son tour la joie se manifesterait. Dans ce texte fameux il prend notamment l’exemple « du commerçant qui développe ses affaires, du chef d’usine qui voit prospérer son industrie » pour s’interroger : « est-il joyeux en —raison de l’argent qu’il gagne et de la notoriété qu’il acquiert ? Richesse et considération entrent évidemment pour beaucoup dans la satisfaction qu’il ressent, mais elles lui apportent des plaisirs plutôt que de la joie, et ce qu’il goûte de joie vraie est le sentiment d’avoir monté une entreprise qui marche, d’avoir appelé quelque chose à la vie. Prenez des joies exceptionnelles, celle de l’artiste qui a réalisé sa pensée, celle du savant qui a découvert ou inventé. Vous entendrez dire que ces hommes travaillent pour la gloire et qu’ils tirent leurs joies les plus vives de l’admiration qu’ils inspirent. Erreur profonde !, indique Bergson, On tient à l’éloge et aux honneurs dans l’exacte mesure où l’on n’est pas sûr d’avoir réussi. »

 

Voici donc notre problème partiellement résolu. Nous comprenons que la joie au travail est immanente et qu’elle se tient solennellement face à ce quelque chose qui a été amené à la vie. On conçoit donc que le travail gai n’est pas un but en soi, une destination précise, un soulagement ou un acquis irrévocable mais plutôt une orientation, une direction, un mouvement vers un dépassement, de la matière aussi bien que de soi-même.

 

L’élan ne saurait jamais retomber, car c’est dans le faire lui-même que réside la joie au travail.


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