« Je veux être un consommateur responsable mais je profite du Black Friday ! » ; « Je suis révolté par les dégâts perpétrés par l’organisation de la coupe du monde de foot au Quatar, mais je regarde tous les matchs » ; « Je veux une activité responsable mais il faut bien que je développe aussi mon chiffres d’affaire ».
Selon une enquête de l’Obsoco conduite en 2022, 35% des Français désireraient consommer responsable, seulement 1% le font réellement !
En matière de consommation responsable, nous nous heurtons sans cesse à notre ambivalence ! C’est-à-dire que notre comportement réel n’est pas en ligne avec notre comportement désiré. Nous naviguons donc entre culpabilité et justification.
Cette question du désalignement entre le projet annoncé et la réalité des actions se retrouvent en entreprise sous les noms de greenwashing pour l’environnement et de bluewashing pour l’aspect sociale de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).
Il y a des explications et des justifications : le prix du bio, l’importance de faire tourner l’économie, le bien être, la satisfaction de posséder, le statut social que donne la consommation …
Comment dépasser cette ambivalence, ces tensions pour entrer dans une ère de consommation plus sobre ?
Il va falloir changer de récit.
En effet, depuis les 30 Glorieuses, le grand récit porte sur une consommation source de reconnaissance sociale : « Dis-moi ce que tu achètes, je te dirai qui tu es. », et de gratification. Dans cette vision, plus on consomme, plus on existe et plus on nage dans le bonheur !
Or il va falloir apprendre à consommer MIEUX bien sûr, mais surtout MOINS, de façon certaine !
Pour cela, il faut passer des intentions à l’action. Il ne faut plus se contenter de comportements vertueux et one shot, il faut acquérir de nouvelles habitudes.
Il s’agit d’entrer dans la « sobriété volontaire » que Chang décrit ainsi : « Un style de vie qui vise à réduire la consommation matérielle et à minimiser le gaspillage, afin de libérer des ressources personnelles (temps et argent) et de rechercher la satisfaction à travers les aspects non matériels de la vie. »
Comment ?
Benoit Heilbrunn dans le livre dirigé par Dominique Desjeux « Consommer sous contrainte » paru en 2022 aux éditions EMS nous donne quelques pistes :
- Passer de la logique de l’acquisition à la logique du faire : cuisiner plutôt que se faire livrer par exemple,
- Respecter les objets, les garder, les réparer, les revendre en 2ème main,
- Accepter d’avoir envie : ce qui n’est pas pour autant un sacrifice car les psychologues nous disent qu’il y aurait plus de satisfaction dans l’attente que dans la consommation elle-même,
- Avoir d’autres objectifs dans la vie que consommer : se promener, échanger, lire …
Ces idées étaient déjà mises en avant par Elgin et Mitchell dès 1977 qui pointaient deux comportements fondamentaux pour une sobriété désirable :
- Reprendre le contrôle de sa vie et moins dépendre des entreprises.
- Et surtout ! Se libérer de l’encombrement extérieur et développer sa vie intérieure, tant sur le plan psychologique qu’intellectuel.
C’est un bon début pour un nouveau récit d’une consommation responsable, d’une sobriété heureuse ? On s’y met quand ?
Publié le lundi 27 mars 2023 . 3 min. 58
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d'Isabelle Barth
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