Raconter une histoire bouleverse l'impact des statistiques
Publié le mardi 26 octobre 2021 . 2 min. 32
On dit souvent que les histoires marquent plus les esprits que les chiffres. Mais est-ce réellement le cas ? Une étude menée dans le domaine médical permet de répondre à cette question.
Supposez que votre médecin vous annonce que vous êtes atteint d’une maladie particulièrement grave. Il vous explique alors qu’il existe deux traitements pour la guérir. Le premier traitement est efficace à 90%. Le second traitement est efficace à 30%. Quel traitement choisissez-vous ? La réponse est évidente. Vous choisissez le premier traitement. Supposez maintenant que votre médecin vous dise que le premier traitement est efficace à 90% … mais qu’un de ses patients a vu son état de santé se dégrader après l’avoir pris. Optez-vous toujours pour ce traitement ?
Pour comprendre la mesure dans laquelle les chiffres et les histoires influencent les décisions, des chercheurs ont comparé quatre scénarios : (1) traitement efficace à 90% et histoire positive, (2) traitement efficace à 90% et histoire négative, (3) traitement efficace à 30% et histoire négative ; (4) traitement efficace à 30% et histoire positive.
Les résultats de l’étude sont plutôt intéressants :
· Lorsqu’un traitement est efficace à 90% et qu’un médecin raconte une histoire positive, 88% des patients optent pour ce traitement ;
· Lorsqu’un traitement est efficace à 90% mais qu’un médecin raconte une histoire négative, le pourcentage de patients qui optent pour ce traitement chute à 39% ;
· Lorsqu’un traitement est efficace à 30% et qu’un médecin raconte une histoire négative, seuls 7% des patients optent pour ce traitement ;
· Lorsqu’un traitement est efficace à 30% et qu’un médecin raconte une histoire positive, le pourcentage de patients qui optent pour ce traitement atteint 78%
Que peut-on retirer de cette étude ? Tout d’abord, elle apporte la preuve que les histoires marquent plus les esprits que les chiffres. Mais sa principale contribution est de montrer l’ampleur du phénomène. Une histoire positive multiplie par onze la probabilité qu’un patient opte pour un traitement peu efficace. Une histoire négative divise par deux la probabilité qu’un patient opte pour un traitement efficace. En cette période de Covid-19, les antivax ont donc encore de beaux jours devant eux. Il leur suffira d’évoquer quelques contre-exemples pour remettre en cause des vaccins efficaces à 95%.
Source : Freymuth, A. K., & Ronan, G. F. (2004). Modeling patient decision-making: the role of base-rate and anecdotal information. Journal of Clinical Psychology in Medical Settings, 11(3), 211-216.
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