J’appelle business modèle la façon dont se crée, migre et se dépose la valeur de votre activité. Dans le cinéma, le scénariste crée la valeur, le metteur en scène la fait migrer et elle se dépose chez le producteur, en simplifiant bien sûr car il y a les chaînes de télévision et la distribution. Et chez vous ?
Lors d’une discussion à New-York avec le PDG fondateur d’un fonds d’investissement majeur, j’abordais la question de la coexistence de différents business modèles au sein d’une même entité. Sa position était claire, la mienne, opposée, aussi. Pour lui, chaque entité ne doit avoir qu’un seul business modèle. Sinon il faut la séparer en vertu de ce paramètre économique.
On peut comprendre que cette position clarifie la gestion, son coût et les recrutements, formations et relations au sein du personnel de conception et d’exécution.
Il existe certainement beaucoup d’individus qui acceptent cette situation avec bonheur car elle permet de limiter certains coûts de transaction interne et rend la firme compréhensible par son environnement, en particulier financier qui n’aime pas trop les risques et la diversité de business modèles.
Mais malheureusement, à mon sens, le monde économique ne permet plus de tenir la position dans un nombre croissant de situations. Faut-il accepter la nécessaire coexistence de business modèles dans une entreprise ? Cette formulation donne une idée du point de vue proposé.
Evoquons-en quelques-unes sans les développer mais pour poser les choix.
1. Le business modèle automobile classique – usines, logistique, concessions, garage SAV, financement – résiste-t-il aux concurrences nouvelles sur le web et à la radicalité du changement vers le véhicule électrique en ville ou sur route ? Doit-on avoir un business modèle du type usine, location, SAV élargi avec accompagnement permanent du client, assurance, ou doit-on tout reconsidérer, et ce avec d’énormes risques internationaux venant en particulier des pays dits émergents ?
2. Les business modèles de référence de l’éducation scolaire, à savoir l’excellence et la gratuité publique d’une part, les écoles privées religieuses ou laïques, chères ou abordables d’autre part, sont-ils toujours dominants ? Les décisions qui ont fait chuter le niveau public - bonne intention sociale mais avec management idéologique - changent la donne des business modèles d’enseignement. Les enfants de la République, quand ils le peuvent, vont désormais vers le privé de qualité. Ce dernier pourra augmenter ses prix si la pression de la demande de très bons élèves à fort pouvoir de dépense parentale le permet. Les autres développeront des business modèles de challenger. Seuls des élèves quasiment exceptionnels pourront émerger du système public. Ainsi des écoles privées pourront faire coexister plusieurs business modèles, y compris avec des bourses d’excellence.
3. Les restaurants servent à table et livrent désormais souvent,
4. Les marques de vêtement qui créent une branche dite « seconde main »,
5. la Poste qui vous convoque souvent pour les recommandés mais qui désire développer les services très utiles en aéroports gares, domicile, sont autant de lieux de diversification de business modèles qui vont vivre sous le même toit institutionnel.
Il va bien falloir l’admettre, l’avenir est à la diversité de business modèles dans la même entreprise. Même les particuliers qui occupent leur logement l’ont compris avec AirB&B et ses avatars qui proposent une prestation quasi hôtelière avec recherche de locataires, et fourniture de savons et serviettes.
J’invite donc les dirigeants de tous niveaux à approcher trois questions assez simples :
1. Quel est réellement votre business modèle, pourquoi le gardez-vous ?
2. Vos activités nouvelles ou envisagées rentrent-elles dans cette approche ?
3. Si non, que décidez-vous ? Et si oui, on reste comme on est ?
Plus penser au business qu’aux modèles…
Publié le jeudi 17 novembre 2022 . 4 min. 22
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