« Rien n’est permanent, sauf le changement » nous enseignait Héraclite.
Affirmation vertigineuse dans un monde où nous entretenons au quotidien la recherche de stabilité – illusoire... nous en avons fait l’expérience plus ou moins douloureusement.
Selon le second principe de la thermodynamique, notre univers est en évolution perpétuelle vers plus d ‘agitation et de chaos. Tout - autour de nous et en nous - change et se modifie constamment.
Or nous fonctionnons dans des systèmes que nous cherchons au contraire à pérenniser pour que rien ne bouge.
Car les mécanismes heuristiques de notre cerveau nous poussent à rechercher des situations connues dans lesquelles nous pouvons développer des automatismes.
Pour confortables et rassurantes qu’elles soient, ces habitudes ne sont pas pour autant toujours pertinentes et efficaces – elles s’avèrent même parfois délétères.
Prenons l’exemple des vaches.
Un troupeau de vaches doit parcourir chaque jour un même chemin pour se rendre de l’étable au pré. Or le chemin est encombré d’un gros tas de pierres à la sortie de l’étable.
Plus loin il est inondé par une vaste mare.
Les vaches n’ont pas d’autres choix que de contourner le tas de pierres par le sud, puis de faire le tour de la mare par le nord avant d’arriver au pré. Ces détours allongent leurs parcours mais ils sont utiles et efficaces dans ce contexte.
En quelques mois les pierres ont été retirées et la mare s’est asséchée.
Pourtant les vaches continuent d’emprunter la même trajectoire, plus longue et plus couteuse en énergie – par habitude.
On a tous en tête un ou plusieurs scénarii qui nous mènent dans le mur et que nous répétons pourtant inlassablement.
Comme pour les vaches, nous adoptons surement un comportement qui a été utile et efficace dans notre expérience passée, et qui aujourd’hui ne l’est plus.
« La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent ». Einstein nous avait prévenus.
Et voilà qu’en situation de crise, quand le changement est profond, incontournable et radical, nous nous trouvons démunis. Car nous nous sommes coupés de notre capacité naturelle à affronter ce changement et à nous y adapter.
Alors comment vivre le changement dans la sérénité ?
Il est utile de faire un pas de côté et observer objectivement la situation : qu’est ce qui dans cette situation relève de mon périmètre d’influence ? Quels sont les paramètres sur lesquels je n’ai pas la main ?
On pourra concentrer son énergie pour agir là où c’est pertinent et lâcher prise sur le reste.
Il s’agit également de reconnaître et d’accepter les émotions que le changement provoque en nous. Nous nous sommes attachés à un mode de fonctionnement, à des habitudes qui n’ont plus lieu d’être : cela peut générer de la tristesse, de l’anxiété, de la colère.
Les émotions sont des informations qui nous renseignent sur nos besoins. Dans une situation nouvelle, ces émotions sont indispensables pour identifier les nouveaux besoins qui se manifestent. Écoutons-les plutôt que de les juger ou de les nier.
Un périmètre d’action clair, des besoins identifiés : on peut maintenant agir de façon pertinente pour répondre à nos besoins.
Enfin - cerise sur le gâteau – peut-on aller jusqu’à nourrir de la gratitude pour ce changement qui nous bouleverse ? Que nous apporte-t-il de positif, de nouveau, d’inspirant ?
Le changement est permanent et nous sommes dotés d’une capacité naturelle à nous y adapter. Il nous nourrit, nous rend plus performants, plus créatifs.
“Face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement.” Francis Blanche.
Publié le mercredi 3 juin 2020 . 4 min. 15
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