Dans la foulée de la mission qui se consacre à la réforme de l’ENA, le ministère de l'Enseignement supérieur vient de lancer un groupe de réflexion sur l’ouverture sociale au sein des Grandes écoles. Et tout particulièrement des écoles de management. Autour des directeurs des « top Grandes écoles d’ingénieurs » que sont les écoles normales supérieures et l’Ecole polytechnique ce sont en effet les trois grandes écoles de management parisiennes - HEC, l’Essec et ESCP Europe -qui doivent faire des propositions d’ici six mois.
Aujourd'hui si plus de la moitié des Grandes écoles accueillent au moins 30% de boursiers ce chiffre tombe à 14% dans les écoles de management alors qu’on compte en moyenne 38% de boursiers dans l’enseignement supérieur. Sciences Po vient de s’engager à recevoir 30% de boursiers d’ici deux ans.
D’où une question qui va occuper les esprits ces prochains mois : comment recruter de très bons profils sans dénaturer la sélection ? Frédérique Vidal, la ministre de l'Enseignement supérieur, a une réponse à cela. Je cite : « La volonté, la capacité à convaincre qu’on a aussi sa place là où ne nous attendait pas ne suffisent peut-être pas à réussir un concours. Mais ne sont-elles pas, au fond, parmi les qualités les plus importantes que l’on attend de nos futurs décideurs ? Pourquoi, alors, ne sont-elles pas prises en compte lors de nos modes de sélection »
L’objectif de la mission est maintenant d’augmenter « significativement » la part d’étudiants issus de milieux populaires dans les Grandes écoles. Là encore je cite la ministre « sans tabous vis-à-vis du concours, trop souvent vu comme l’alpha et l’oméga de l’entrée dans vos écoles ». Tout à fait ce que préconise Sciences Po qui supprimera ces épreuves écrites dès 2021 pour privilégier un examen du dossier des bacheliers et un oral de sélection. Mais cela permet-il vraiment de recruter justement ? Les oraux ne sont-ils pas trop subjectifs ? Les appréciations des professeurs trop aléatoires ? On sait déjà que le nombre de recours devant les tribunaux administratifs des candidats recalés augmente chaque année. Cela ne va-t-il pas accroitre le mouvement ? Sans parler des scandales qui sont intervenus cette année aux Etats-Unis. On a constaté que des parents étaient prêts à payer des centaines de milliers de dollars pour enjoliver le dossier de leurs enfants. Et leur permettre ainsi d’intégrer les meilleures universités.
D’autres voies sont imaginables. Déjà les Grandes aident des élèves méritants, issus de quartiers difficiles, dans le cadre des Cordées de la réussite. Nombreuses sont aussi les écoles à proposer des cours différenciés dès lors que les profils sont un peu moins en adéquation avec le profil type qu’elles recherchent. De même elles ont développé l’apprentissage qui permet souvent de recruter des jeunes qui n’auraient pas les moyens de payer leur scolarité. La ministre Frédérique Vidal insiste en tout cas sur les « obligations de résultat qu’ont les écoles sur ce sujet plus que sur aucun autre ».
Publié le mardi 26 novembre 2019 . 2 min. 57
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d'Olivier Rollot
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