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A quel moment prenez-vous de meilleures décisions ?

Publié le jeudi 24 février 2022 . 4 min. 40

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Quand nous formons un jugement, quand nous prenons une décision, nous sommes capables de les expliquer, de les justifier. Nous n’imaginons pas que quelqu’un de compétent et de bien intentionné pourrait, avec les mêmes informations, formuler un jugement complètement différent.

Surtout, si ce quelqu’un, c’est… nous-même. Et pourtant, c’est bien le cas : nous ne sommes pas toujours d’accord avec nous-mêmes. Quand nous prenons une décision, nous ne nous rendons pas compte que nous sommes influencés par une foule de facteurs qui ne devraient jouer aucun rôle. La même personne peut formuler un jugement différent en deux occasions différentes. C’est ce qu’on appelle le bruit occasionnel.

Deux types d’études permettent de mesurer ce bruit occasionnel. D’abord, on peut soumettre à des experts des problèmes qu’ils ont déjà traités, mais dont ils ne se souviennent pas, et voir si leurs jugements varient. Les experts en empreintes digitales, par exemple, quand on leur représente des empreintes qu’ils ont déjà vues, ne donnent pas toujours la même réponse. Un expert qui a identifié une empreinte comme appartenant à un suspect va parfois, en regardant exactement la même empreinte quelques mois plus tard, conclure dans un sens différent. C’est en particulier le cas si l’on a donné entretemps à l’expert des informations perturbatrices sur l’affaire – par exemple, si on lui a dit que le suspect a un alibi. Dans ces cas, les informations perturbatrices créent un biais. Mais même en l’absence d’informations de ce type, les jugements varient. Il y a donc du bruit.

La plupart du temps, cependant, la personne qui a pris une décision s’en souvient. Contrairement aux empreintes digitales, beaucoup de jugements sont mémorables. Le juge qui a prononcé une peine donnée dans une affaire prononcera probablement la même peine si on lui présente une affaire strictement identique, car il a à cœur de rester cohérent avec lui-même. On peut néanmoins mesurer le bruit occasionnel par une seconde technique : en étudiant un très grand nombre de décisions et en mesurant statistiquement l’effet de paramètres exogènes, comme l’heure de la journée ou la météo. Et là aussi, on a des surprises.

On constate ainsi que les juges sont plus sévères avant le déjeuner qu’après (ils ont faim). Une étude sur des juges de Louisiane a montré qu’ils sont plus sévères lorsque leur équipe de football favorite a perdu le match de la veille (surtout si la défaite était une surprise). Une autre étude, aux Etats-Unis, a démontré que les juges sont plus sévères quand il fait très chaud même si le tribunal est climatisé. 

Et il n’y a pas que les juges ! Les décisions des médecins sont aussi influencées par des facteurs exogènes. Le plus frappant, c’est l’heure de la journée : le matin, les médecins prescrivent plus de tests de dépistage et plus de vaccins. L’après-midi, au contraire, ils prescrivent plus d’opioïdes. Tout se passe comme si la fatigue les conduisait à choisir des solutions un peu plus rapides, un peu plus faciles.

Vous en conclurez sans doute qu’il faut essayer de mettre son juge de bonne humeur et de prendre rendez-vous chez le médecin le matin… et vous aurez raison, bien sûr ! Mais la vraie leçon que nous devrions retirer du bruit occasionnel ne concerne pas que les juges et les médecins : elle nous concerne tous. Nous aussi, quand nous croyons prendre une décision rationnelle, logique, fondée sur des faits, nous sommes influencés, à notre insu, par notre humeur, par la température, ou par la fatigue. Le candidat qui vous paraît médiocre par ce matin pluvieux aurait pu vous sembler bien meilleur par une après-midi ensoleillée. L’investissement qui vous semble aujourd’hui risqué mais prometteur aurait pu, à un autre moment, vous sembler intéressant mais trop risqué.

Bref, nous ne sommes pas identiques à nous-mêmes. Montaigne l’écrivait déjà :

Ce que nous avons à cett’heure proposé, nous le changeons tantost, et tantost encore retournons sur nos pas…

Et se trouve autant de difference de nous à nous mesmes, que de nous à autruy. 


Nous gagnerions à prendre conscience du bruit dans nos jugements. D’abord pour les considérer avec un peu plus d’humilité. Mais aussi parce que si nous sommes conscients du bruit, nous pouvons essayer de nous en protéger.


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