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Tout le monde a déjà entendu parler du biais d’excès de confiance. Par exemple, vous avez sans doute déjà entendu dire – ou dit vous-même – à propos d’un entrepreneur dont les projets ont échoué, qu’il avait fait preuve d’excès de confiance. Et si vous avez votre permis de conduire, lorsque l’on vous demande si vous appartenez à la moitié de la population qui conduit mieux que l’autre moitié, vous répondrez sans doute que oui – c’est le cas d’environ 90% des personnes à qui l’on pose cette question, et il est évidemment impossible que tous aient raison...

Le problème est que ces exemples recouvrent des excès de confiance de nature très différentes. Don Moore, le grand spécialiste du sujet, en distingue trois, dont il détaille les tenants et les aboutissants dans un livre récent, Perfectly Confident.

Le premier type d’excès de confiance, c’est l’excès d’optimisme dans les prévisions, comme dans l’exemple de l’entrepreneur. Il est très fréquent : c’est à lui que l’on doit le biais du planificateur, c’est à dire la tendance à presque toujours sous-estimer le temps et le budget nécessaires à la réalisation d’un projet.

Mais il faut aussi reconnaître que l’optimisme, ça a du bon ! Si on n’était pas confiant dans notre capacité à réaliser nos projets, on ne les entreprendrait pas. Si Steve Jobs ou Elon Musk n’avaient pas été optimistes, on n’aurait jamais entendu parler d’eux.  Surtout, il faut se méfier de l’erreur opposée : le pessimisme, l’aversion à la prise de risques, bref, la frilosité irrationnelle, ça existe aussi. Ces travers sont sans doute, chez certains, et en tous cas dans certaines organisations, plus dangereuses que l’excès d’optimisme.

Le deuxième type d’excès de confiance, c’est la surestimation de soi dans les comparaisons avec autrui. C’est celle qu’on retrouve dans l’exemple de la conduite, mais aussi si l’on vous demande de vous auto-évaluer sur un grand nombre de choses, allant de votre sens de l’humour à votre intégrité personnelle.  

La surestimation de soi est un biais bien réel, mais elle aussi doit être nuancée. Il y a des situations dans lesquelles nous nous sous-estimons presque tous : si l’on vous demande, par exemple, si vous jonglez mieux ou moins bien que la moyenne, vous répondrez certainement « moins bien ». En réalité, comme à peu près personne ne jongle, vous n’êtes sans doute pas pire que la moyenne des gens…

Surtout, là aussi, le biais a du bon, parce que l’erreur inverse est bien présente aussi. Songez par exemple aux adolescents – et aux nombreux adultes – qui comparent leur apparence physique avec les images parfaites que leur proposent la publicité et des médias : il est bien facile de se persuader que nous sommes très inférieurs à la moyenne, quand on nous en offre une vision aussi déformée. Se sous-estimer par rapport aux autres, manquer de confiance en soi, ça n’a rien de bon ! Autre exemple : le fameux syndrome de l’imposteur, qui afflige des gens sincèrement convaincus – sans fausse modestie -- que leur réussite est un accident et qu’ils ne tarderont pas à être démasqués.

En somme, ces deux types d’excès de confiance, l’excès d’optimisme et la surestimation de soi, sont tous les deux bien réels – mais pas toujours désavantageux. Il faut apprendre à calibrer notre optimisme et notre niveau de confiance en nous-mêmes, sans illusions, mais sans non plus tomber dans l’excès inverse.

Il existe un troisième type d’excès de confiance, moins évident mais sans doute plus important : c’est la surprécision. Nous avons trop confiance dans notre capacité à faire des estimations ou des prévisions, et plus exactement, dans la précision avec laquelle nous pouvons les faire. Ben-David, Graham et Harvey, de l’université Duke, interrogent régulièrement plus de 10.000 dirigeants en leur demandant leurs prévisions sur le marché financier. Chacun doit fournir non pas un simple chiffre, mais une fourchette assez large pour être sûr à 80% que la réalité sera dans la fourchette. Si leurs fourchettes étaient assez larges, la bonne réponse devrait donc s’y trouver 80% du temps. Mais ce n’est le cas que pour à peine un tiers des prévisions. Celles-ci souffrent donc d’un excès de précision. Il faut bien comprendre que cela n’a rien à voir avec l’optimisme des prévisions : que les prévisions soient optimistes ou pessimistes, nous avons trop confiance dans la prévision elle-même. Bref, nous sommes trop sûrs de notre capacité à prévoir l’avenir.

Pourquoi la surprécision est-elle si importante ? parce que contrairement aux deux premiers types d’excès de confiance, elle n’a pas vraiment de contre-exemples. En l’absence d’un entraînement spécifique, la surprécision semble affliger tout le monde.  Et tandis qu’on voit bien les avantages que nous apportent l’optimisme et la confiance en soi, se faire des illusions sur notre capacité à prévoir l’avenir ne nous apporte rien de bon.

Le remède existe. Nous pouvons nous forcer à considérer ce qui pourrait démentir nos prévisions, ou, mieux, nous entourer de gens qui nous remettent en question. Cela nous amène à élargir nos intervalles de confiance. Nous pouvons apprendre à utiliser des distributions de probabilités pour calibrer notre niveau de confiance dans nos estimations et nos précisions. Bref, nous pouvons apprendre à accepter l’incertitude et à vivre avec elle, plutôt qu’à nous bercer de l’illusion que nous sommes capables de la dissiper. Par les temps qui courent, c’est un atout important…



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