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Precepta Stratégiques présente l'analyse de Pascale Mollo, Chargée de mission Xerfi

 

Le meuble français marche de guingois. Et ce n’est pas la famille Rapp, pionnière du meuble et propriétaire du groupe Mobilier Européen avec ses enseignes Fly, Atlas et Crozatier, qui dira le contraire. Mis en liquidation judiciaire et démantelé en 2014, Mobilier Européen illustre à l’envi les difficultés du secteur. Le chiffre d’affaires du marché de l’ameublement a ainsi perdu 1,5% à 9 milliards d’euros l’an dernier, selon l’IPEA. Mais à surface constante, le marché a fondu d’au moins 3% en 2014. La faute à un positionnement moyen et haut de gamme, mal venu. Mal venu car avec la crise, les ménages reportent leurs achats ou privilégient les meubles d’occasion. La faute aussi à la concurrence étrangère. Les grandes enseignes d’ameublement, qui trustent 50% du marché, se fournissent en effet surtout à l’étranger. La Chine occupe le rang de premier exportateur de meubles au monde. Enfin, la baisse des mises en chantier et des transactions immobilières a fait le reste alors qu’un tiers des Français renouvelle son mobilier après un déménagement.

 

Alors la situation est-elle aussi bancale sur le marché du mobilier professionnel (c’est-à-dire les meubles pour bureaux, magasins et collectivités) ? Hé bien les ventes ont reculé de 3% en 2014, d’après les estimations de Xerfi. Et dans un contexte de prudence des entreprises et de contraintes budgétaires des administrations, la production a de nouveau décroché. Une production française également pénalisée par les restructurations avec à la clé son lot de défaillances, fermetures d’usines et plans sociaux. Toutefois, avec le redémarrage de l’économie française, le marché intérieur du mobilier professionnel devrait se stabiliser en 2015 et le recul de la production être moins marqué qu’en 2014, selon les experts de Xerfi. Mais les fabricants devront toujours composer avec la concurrence des importations de meubles professionnels en provenance de pays à bas coûts, comme la Pologne ou la Chine.

 

Dans ce contexte morose pour l’ameublement tricolore, la PME Tolix, créée dans les années 30 à Autun par un artisan chaudronnier, a bien failli rendre l’âme en 2004. Mais sa directrice financière d’alors reprend les rênes de l’entreprise familiale, spécialisée dans la fabrication de meubles métalliques. Son idée, c’est de réveiller une belle endormie. Ce qui revient à faire du neuf avec du vieux avec pour maître-mots qualité et innovation. La qualité, ce sera de maintenir une fabrication made in France et de s’équiper de machines ultra-modernes. L’innovation passera elle par la couleur et le design. De nouveaux marchés vont alors s’ouvrir à l’international.

 

Pari réussi pour l’entreprise bourguignonne. Tolix revendique désormais plus de 8 millions d’euros de chiffre d’affaires dont la moitié à l’export, quelque 90 salariés et compte désormais  trois usines dans le Morvan. Avant, ses chaises empilables et presque inusables trouvaient leur place à l’intérieur des ateliers, des bureaux et des hôpitaux comme  en plein air à la terrasse des cafés et dans les jardins publics, après avoir embarqué à bord du paquebot Normandie. Aujourd’hui, sa chaise en tôle galvanisée modèle A, inventée en 1934, est devenue une icône de l’esthétique industrielle. Déclinée en 70 couleurs, elle s’arrache chez les bobos et s’étale dans les pages des magazines de décoration. Objet d’art, la chaise modèle A s’expose désormais dans les musées prestigieux : le MoMa, le centre Pompidou ou encore  le Vitra Design Museum. Tolix a même reçu en 2006 le label « entreprise du patrimoine vivant », décerné par le ministère de l’Economie, des finances et de l’industrie. Pourtant, une menace plane sur Tolix : la déferlante de contrefaçons venues d’Asie.

 

Pascale Mollo, Le design pour sauver le meuble français de l'agonie, une vidéo Precepta Stratégiques


Publié le mercredi 27 mai 2015 . 3 min. 45

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