Irons-nous encore au restaurant d’ici quelques années? La question mérite d’être posée face à la multiplication des services de livraison de bons petits plats mitonnés par des chefs. Des services qui grignotent d’ailleurs des parts de marché face à une restauration à table en perte de vitesse et qui font grincer les dents des services de livraison de pizzas, couscous et autres sushis. Le volume d’affaires du secteur de la commande de restauration livrée à domicile est estimé à 1 milliard d’euros en France et dépasserait les 20 milliards en Europe . Et le potentiel serait énorme au pays de la gastronomie avec un rapport de 1 à 7 entre la France et le Royaume-Uni. Et la flemme de cuisiner ne peut expliquer à elle seule l’engouement des consommateurs et des restaurateurs pour ce marché en France.
L’évolution des modes de vie, en particulier dans les grandes villes avec un nombre croissant de célibataires et l’allongement des trajets domicile-travail, est un premier facteur d’explication. L’évolution des comportements alimente également le secteur de la livraison express de repas. Avec l’essor des smartphones et des services de géolocalisation, le consommateur nomade est en effet devenu hyperconnecté. Et il veut tout tout de suite. Dans le cas précis, le consommateur veut pouvoir commander son repas en ligne n’importe quand, partout, depuis n’importe quel terminal. Enfin, la recherche de produits plus qualitatifs, quitte à payer plus cher, a fait le reste. Dans le même temps, les consommateurs boudent les restaurants. Le chiffre d’affaires de la restauration traditionnelle a ainsi fondu de plus de 6% entre 2011 et 2014, selon une récente étude de Xerfi. La faute aux arbitrages des ménages mais aussi au relèvement à 10% du taux de TVA dans la restauration début 2014. Les attentats de novembre à Paris n’ont bien sûr rien arrangé. Dans ces conditions, les restaurateurs ont tout intérêt à se diversifier dans la livraison à domicile. Surtout que, selon la capacité et la notoriété du restaurant, un service de livraison peut générer 20% à 40% d’activité supplémentaire.
Autant dire que les conditions étaient réunies pour voir de nouveaux acteurs déferler sur le marché français de la livraison de repas. Des start-up qui ont d’ailleurs multiplié les levées de fonds ces derniers mois. Des jeunes pousses avec lesquels les pionniers du secteur comme Allo Resto, Chronoresto ou Resto-in doivent maintenant composer. Les jeunes pousses comme la Belge Take Eat Easy, la Britannique Deliveroo ou encore l’Allemande Foodora sont à la manœuvre. Sans oublier l’offensive de l’américain Uber avec Ubereats. Positionnement premium, promesse de livraison rapide et logistique efficace sont leurs maître-mots. C’est le cas de la start-up Pop Chef. Pop Chef qui livre gratuitement dans certains quartiers de Paris deux plats du jour, mitonnés avec des produits frais par une équipe de chefs, pour moins de 10 euros et en 15 minutes maximum. Une rapidité qui distingue Pop Chef de ses concurrents, surtout que la jeune pousse a lancé son offre sur le créneau du déjeuner. Les plats sont cuisinés chaque matin en dehors de Paris, puis acheminés dans des points relais où ils sont remis à température dans des fours professionnels, avant d’être livrés à vélo par des étudiants autoentrepreneurs. Au menu de Pop Chef ces prochains mois : les commandes groupées et le développement d’une offre BtoB. Bref, l’ubérisation du marché de la livraison de repas est en marche.
Publié le jeudi 17 mars 2016 . 3 min. 39
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de Pascale Mollo
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