En économie de marché, les entreprises recourent au marché en externe pour leurs transactions avec d’autres acteurs. En interne, elles opèrent plutôt comme des organisations hiérarchisées qui rappellent à leur façon les économies planifiées.
A ceci près que les savoir-faire managériaux aident aussi les organisations hiérarchisées à être plus fluides, plus réactives, plus agiles, plus innovantes que ne le permettrait la seule logique de coordination planifiée d’une hiérarchie.
Pourtant, les logiques du marché pénètrent l’interne des entreprises par plusieurs bouts :
1-la démarche de la qualité totale a retenu le modèle de l’interface client-fournisseur, caractéristique d’une transaction sur le marché, pour le généraliser à toutes les interfaces, tout au long d’un processus interne à l’organisation. Ce faisant, les collaborateurs en amont traitent leurs collègues en aval de leur étape du processus comme s’il s’agissait de clients qu’ils doivent chérir. Ce surcroît d’attention prêté à ses interlocuteurs internes, comme s’il s’agissait de clients, assure une meilleure maîtrise des processus dont on sait qu’elle contribue fortement à la démarche qualité.
2-Des entités internes sont mises en concurrence entre elles : par exemple les usines de grandes multinationales peuvent être de facto en concurrence entre elles pour capter la fabrication des produits des différents chefs de produit globaux.
3-Des décisions stratégiques sont arbitrées en recourant à des marchés internes : ainsi, pour choisir quels produits vendre dans quelles boutiques, Hermès organise un marché interne : les métiers (maroquinerie, habillement, mobilier, joaillerie, parfums, arts de la table, etc.) créent les collections et les présentent aux directeurs des boutiques. Ces derniers, réputés connaître mieux que quiconque les spécificités de leur clientèle dans leur environnement propre, décident seuls de l’essentiel des produits qu’ils vendront ou non dans leur magasin.
On le sent bien, la grande organisation cherche à alléger le rôle managérial de coordination de certaines tâches en recourant à l’initiative décentralisée via une logique de marché interne. Faut-il y voir une sorte d’abdication du management, une forme de défiance des dirigeants envers leurs équipes de management ou la conviction que le mécanisme de marché est plus efficace que la coordination hiérarchisée ? Peut-être un peu tout ça à la fois.
Observons toutefois que les hiérarchies de certaines très grandes organisations reprennent la main et profitent d’un recours affiché et organisé aux marchés internes pour façonner les chaînes de valeur ajoutée et les prix de transfert afin de localiser les profits dans les Etats fiscalement les moins disant et optimiser ainsi la pression fiscale globale.
Plus de marché, même en interne, sans doute ; mais sans oublier la hiérarchie quand il s’agit d’optimiser…
Publié le lundi 04 février 2019 . 3 min. 13
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de Thomas Durand




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