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La question des inégalités de revenus et de patrimoine est clé en économie et en sciences politiques car, on le sait, des inégalités croissantes alimentent le populisme. En management, la question de la structure des rémunérations est clé en gestion des ressources humaines. Dans un travail de recherche publié par la Revue Française de gestion en 2018, Antoine Feuillet, Nicolas Scelles et Christophe Durand apportent une contribution originale pour donner à voir les inégalités de gains dans deux sports professionnels individuels que sont le tennis et le golf. Ce travail est centré sur les gains des tournois professionnels masculins (sans tenir compte du sponsoring, des exhibitions et des appearance fees, c’est-à-dire les primes de participation).


Les résultats montrent que (1) ex post, c’est-à-dire au vu de la répartition des gains constatés entre les joueurs professionnels, le tennis s’avère être plus inégalitaire que le golf, alors que (2) la structure des gains des tournois ex ante est plus égalitaire au tennis qu’au golf. Il y a donc là un paradoxe : le tennis se veut plus égalitaire que le golf dans la répartition des prix dans les tournois, mais il est au final beaucoup plus inégalitaire que le golf. Pourquoi ?


Ce paradoxe tient à deux facteurs liés. D’une part le golf est techniquement autrement plus aléatoire que le tennis et la méthode de décompte du score pardonne plus l’erreur au tennis qu’au golf. Un coup boisé au tennis peut finir dans les tribunes mais ne donner qu’un point temporaire à l’adversaire, avantage effaçable dès le point suivant avant le gain du jeu. Au golf, un coup égaré dans un rough profond ou dans la rivière impacte la carte de score immédiatement et définitivement jusqu’au club house. D’autre part, et c’est le troisième résultat de cette étude, la rotation (le turn over) dans le top 10, le top 100 et le top 300 est nettement inférieure en tennis qu’en golf. En d’autres termes, ce sont le plus souvent les mêmes joueurs qui parviennent à gagner en tennis et donc se partagent l’essentiel des gains : et cette forte inertie sportive du tennis est vraie non seulement sur une saison mais aussi sur plusieurs années. En revanche, le caractère plus aléatoire du golf ne permet pas la victoire systématique des mêmes professionnels sur tous les grands tournois. La dispersion y est plus grande.


Ces résultats font réfléchir car le sport professionnel, même s’il est très décalé, peut constituer un objet d’observation intéressant de la question de la distribution des revenus dans nos économies. Sur la base des données rapportées par l’article de la RFG, distinguons trois périodes, avant l’épreuve sportive, pendant et après. (1)Avant : la structure des gains dans un tournoi est connue par avance. Elle résulte des choix faits par les organisateurs. On peut décider de répartir les gains de façon quasi-équitable entre tous les participants, tout en motivant les joueurs par une prime aux plus performants. A l’inverse, on peut concentrer les gains sur une partie seulement des concurrents (le principe du cut au golf), sur le seul tiercé de tête (comme pour les médailles aux JO), voire même sur le seul vainqueur, comme dans un tournoi de gladiateurs dans la Rome antique où seul le vainqueur survivait. (2)Pendant : Le déroulement des épreuves peut être favorable aux leaders installés : ainsi les superstars peuvent se payer des équipes de soutien (préparateurs physiques et mentaux, soigneurs, coach), ce qui les aide à asseoir et à amplifier leur domination, la performance passée favorisant la performance future, sauf si le jeu est particulièrement aléatoire, comme en golf (ou en football par élimination sur un match). De même les têtes de séries sont favorisées dans la construction du tableau au tennis, un peu comme au ski les mieux classés partent sur une piste avantageuse car non encore trop creusée. (3)Après : les gains du sponsoring, des matchs exhibitions ou les appearance fees vont aux superstars, amplifiant encore l’effet des gains purement sportifs et donc œuvrant à contre-sens d’une péréquation ex post, pratique inconnue en sport, mais bien connue en économie avec les dispositifs sociaux de redistribution.


En se concentrant sur deux sports individuels, l’analyse des auteurs de l’article ne donnent rien à voir des effets d’interdépendance (c’est à dire des sports par équipe quand la performance de ses co-équipiers rejaillit sur ses propres gains et inversement). Ce point est particulièrement important en management dans les choix des modes de rémunérations des ressources humaines où l’on sait qu’il faut veiller à récompenser mérite individuel et performance collective. Ce point est tout aussi important en économie pour la répartition de la valeur ajoutée entre capital et travail car le travail a besoin du capital comme le capital a besoin du travail.


Il est intéressant de voir les sciences de gestion se pencher sur la question des inégalités de revenus dans des sports professionnels, comme un éclairage original, latéral et décalé, sur la question des inégalités.


Publié le vendredi 18 octobre 2019 . 5 min. 46

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