Disons-le tout de suite, la rentrée est sombre. Partout dans le monde, la croissance a ralenti quand elle n'est pas déjà négative. De l'Europe à l'Asie en passant par l'Amérique les mauvaises nouvelles se sont accumulées. Déjà nerveux, les marchés attendent fébrilement leur prochaine proie après s'être attaqués aux pays du Sud de la zone euro et même aux Etats-Unis. En Europe d'abord, à peine proclamé le miracle allemand s'apparente presque à un mirage. La croissance supersonique du début de l'année a cédé la place à une hausse de 0,1% du PIB au deuxième trimestre. Une misère. Et les perspectives pour les prochaines semaines sont à peine meilleures si l'on se fie aux replis récents des indicateurs Zew et Ifo qui sont les grands baromètres de l'économie d'outre-Rhin. Bien entendu, le tableau n'est pas meilleur chez ses grands voisins de la zone euro. La France, l'Espagne et l'Italie se lancent chacune à leur manière dans des cures d'austérité dont l'issue est incertaine en matière de réduction des déficits. Mais pour la croissance, le doute n'est pas permis : la fin 2011 sera pénible. De l'autre côté des Pyrénées, la hausse de l'activité se limitait à 0,2% au deuxième trimestre. La faute à une demande intérieure anémique plombée par un taux de chômage exorbitant et l'atterrissage douloureux du marché immobilier. A côté, la croissance de 0,3% du PIB italien ferait presque office de bonne performance? mais ce serait oublier la quasi stagnation enregistrée au cours des trois premiers mois de l'année. Là encore, il n'y a plus de marge de manoeuvre pour doper cette croissance avec la dépense publique. Bien au contraire, la BCE a mis la pression sur Rome pour intensifier l'austérité. Malgré ce tableau quasi désespérant, l'institution de Francfort n'a aucune intention de baisser ses taux après les avoir augmentés deux fois depuis le début de l'année. Outre-Manche, on s'embarrasse bien moins de ce genre de précautions. Les taux restent scotchés à 0,5% malgré le dérapage des prix à la consommation et on commence même sérieusement à envisager une nouvelle vague d'assouplissement quantitatif. Autrement dit on ferait tourner la planche à billets pour ranimer une économie moribonde. La croissance n'a pas dépassé les 0,2% au deuxième trimestre et il n'y a toujours pas d'éclaircie sur le front du chômage. Aux Etats-Unis aussi, le débat autour d'un nouvel épisode de Quantitative Easing regagne en intensité pour ressusciter une économie en perdition. En ce sens, les cris d'orfraie poussés après la dégradation de la note américaine par Standards & Poor n'avaient aucun sens. Ce n'était vraiment pas la peine d'attendre le verdict d'une agence de notation pour savoir que la croissance américaine était faible, que la dette publique était trop élevée et que la classe politique avait plus la tête aux prochaines échéances électorales qu'à l'urgence de trouver une solution satisfaisante pour relever le plafond de la dette. Le constat n'en demeure pas moins brutal : la croissance est aujourd'hui au point mort puisqu'elle a péniblement atteint 0,3% au deuxième trimestre après 0,1% en début d'année. Le chômage reste pour sa part scotché au-dessus de la barre des 9% et le patrimoine immobilier des Américains n'a de cesse de se dévaloriser. Il faudra bien que Ben Bernanke et la Réserve Fédérale agissent, une fois de plus, puisque les Etats-Unis n'ont plus les moyens d'un plan de relance financé par les deniers publics. Et comme la Fed ne peut plus baisser les taux, il n'y a guère plus que la planche à billets comme solution. Pour calmer les nerfs de Wall Street. Et aussi, pour sauver ce qui peut l'être encore pour Main Street. Au fond, parmi les grandes économies, là où la croissance demeure la plus solide c'est encore et toujours en Asie. Bien entendu, ce n'est pas le cas du Japon post tremblement de terre et post-Fukushima. Mais le PIB ne s'est rétracté que de 0,3% au deuxième trimestre et la nécessaire reconstruction pourrait bien redonner un peu de tonus à une économie qui en a bien besoin. Quant à la Chine, le ralentissement de sa croissance est passé presque inaperçu. De 9,7%, la hausse du PIB sur un an est passée à 9,5% au deuxième trimestre. Cela ne veut pas dire que tout est rose dans l'Empire du Milieu. A 4,4% officiellement, la hausse des prix à la consommation contraint Pékin à lâcher du lest sur les salaires pour prévenir toute tension sociale. Le danger c'est de porter préjudice à la compétitivité de l'économie au moment même où la demande mondiale commence à lâcher. Et c'est là qu'on s'aperçoit que l'édifice est moins stable qu'on ne veut bien le croire. La Chine ne peut pas se passer de la demande occidentale. Si celle-ci venait à lâcher durablement, peut-on vraiment croire que l'investissement puisse continuer de croître à un rythme aussi effréné ? Mais ce qui vaut pour la Chine, vaut aussi pour l'Allemagne. Berlin souhaite que ses voisins fassent des efforts pour assainir leurs comptes et qu'ils se calquent sur sa stratégie qui les a rendus si compétitifs. C'est tout à fait compréhensible. C'est, aussi, un très grand risque. Car si l'Allemagne dispute à la Chine le titre de championne du monde des exportations, c'est, aussi et surtout parce que le reste du monde s'endettait pour acheter leurs produits. Bref, à trop demander à ses voisins de se serrer la ceinture, l'Allemagne va inéluctablement provoquer une érosion de ses propres excédents.
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