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93 milliards de bénéfices pour le CAC 40 : qui en profite vraiment ?

Publié le mercredi 28 mars 2018 . 4 min. 48

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Réjouissons-nous : les entreprises du CAC40 ont réalisé 93,4 milliards de profits en 2017, une hausse colossale de 24% par rapport à 2016, déjà une bonne année. Avec un chiffre d’affaires en hausse de plus de 6%, ces multinationales montrent qu’elles sont à même de bénéficier du mouvement en cours de reprise mondiale. A qui cette situation va-t-elle profiter ? Elle doit normalement bénéficier aux actionnaires, aux salariés, à l’investissement et au fisc.


 Les actionnaires seront effectivement parmi les gagnants. Selon les analyses de Factset Estimates citées par Le Revenu, plus d’une trentaine d’entreprises vont accroître leur dividende. La moitié des profits sera ainsi redistribuée pour un montant de 46,8 milliards d’euros. Il est tout à fait normal que les actionnaires d’entreprises en forte croissance voient la rémunération de leur investissement augmenter. Mais qui va toucher ces dividendes ?

 

Selon les données de la Banque de France, qui portent sur la fin 2016, les entreprises du CAC sont détenues à 44,5% par des investisseurs étrangers, un poids en baisse de 3,3 points de pourcentage depuis le pic de 2013.


Si l’on prend l’ensemble des sociétés côtées, le taux de détention par des étrangers se situe plus bas, à 39, 1% : quand les entreprises françaises qui font appel à l’épargne publique distribuent des dividendes, 40% environ partent donc à l’étranger.

 

Mais les investisseurs français reçoivent également des dividendes versés par les entreprises étrangères dont ils sont actionnaires. Et, à ce jeu-là, la France est largement gagnante : selon les estimations de la Banque de France pour 2016, la France a reçu cette année-là 58 milliards d’euros de dividendes et en a versé 16 milliards. Les actionnaires français sont donc bien les grands gagnants de la montée des profits des entreprises. Ils sont très majoritairement situés dans la partie la plus riche de la population.

 

L’emploi est assurément l’un des bénéficiaires des profits croissants des sociétés françaises. L’année 2017 a vu une progression des créations d’emplois avec près de 270.000 nouveaux postes (près de 280.000 dans le secteur privé, avec une baisse dans le secteur public du fait de la suppression partielle des contrats aidés). Et l’Insee prévoit une poursuite de la création d’emplois pour 2018.

 

Du côté de l’investissement, on sait depuis longtemps que les profits d’aujourd’hui ne font pas forcément les investissements de demain. Les entreprises françaises dépensent aujourd’hui en gros une fois et demi plus en dividendes nets (versés moins reçus) qu’en investissements (nets de la consommation de capital fixe). La bonne nouvelle, c’est que cette disproportion a tendance à diminuer progressivement car en 2010 elles dépensaient deux fois plus en dividendes qu’en investissements. Pour autant, rien ne garantit que ces investissements sont adéquats. La France est par exemple très en retard sur l’automatisation de son système productif.

 

Ajoutons enfin que le bon résultat des grandes entreprises françaises s’appuie sur un niveau d’endettement élevé qui inquiètent les autorités de régulation.

 

Et le fisc ? Hasard de l’actualité : on apprend en même temps que l’entreprise de luxe Kering est celle qui va faire le plus progresser son dividende sur ses résultats 2017 (+30%) et celle qui aurait fraudé pour 2,5 milliards d’euros d’impôts depuis 2002, selon une enquête publiée par Mediapart, en passant par la Suisse, les Pays-Bas et le Luxembourg.

 

Ce n’est plus un scoop : les grandes entreprises françaises, comme les autres, pratiquent l’optimisation fiscale agressive. Echapper à l’impôt est l’un des piliers du capitalisme contemporain, dans sa version française comme dans ses autres déclinaisons nationales.

 

Les grandes entreprises françaises reçoivent des capitaux privés qu’elles acceptent de rémunérer en payant des dividendes. Et 2018 sera, de ce point de vue, une bonne année. Mais elles ne pourraient pas exister ni se développer sans capitaux publics (marché du travail, règles de droit, couverture sociale, etc.), un capital pour qui elles sont, cette fois, réticentes à payer des "dividendes" que l’on appelle impôts.

 

On ne peut que se réjouir des profits croissants de nos entreprises. Mais tant qu’elles ne feront pas attention à ce qu’actionnaires, Etat, salariés et investissements en bénéficient, elles continueront à en faire un sujet de débat politique et même d’affrontements, dommageables non seulement à leur image mais à leur avenir.


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