« Le capitalisme international […] n’est pas une réussite. Il n’est ni intelligent, ni beau, ni juste, ni vertueux et il ne tient pas ses promesses. En bref, nous ne l’aimons pas et nous commençons à le mépriser. Mais quand nous nous demandons par quoi le remplacer, nous sommes extrêmement perplexes ». Plus de 80 ans plus tard, ce constat du grand économiste britannique John Maynard Keynes est toujours d’actualité.
Le capitalisme représente une source incomparable de création de richesse. Mais il n’est pas gratuit, le capitalisme a un coût. C’est pourquoi il a été contesté depuis qu’il existe. « Capitalisme est un mot de combat » écrivait l’économiste français François Perroux dans la première phrase de son Que sais-je ? consacré au sujet en 1960.
Aujourd’hui, le combat doit être mené car le capitalisme réel, tel qu’il se pratique, est la source de plusieurs gros problèmes.
Le premier, le plus grave, il détruit la planète. Pour l’économiste Robert Boyer, les Etats ne sauront pas gérer collectivement ce problème et nous allons vers des catastrophes écologiques. Qui signeront la fin du capitalisme ? Non : il se mettra à produire les moyens de survie nécessaire à l’espèce humaine pour rester présente face à la nature hostile qu’il a lui-même créée.
Le capitalisme actuel tourne à la rente : foncière, immobilière, financière et, de plus en plus, liée à la propriété intellectuelle. Le nombre de brevets destinés à devenir des machines à cash explosent et les biens communs sont privatisés : impossible de diffuser les images du célèbre discours de Martin Luther King I had a deam, Steven Spielberg les possède jusqu’en 2039 !
De manière plus générale, le capitalisme pousse à la concentration du capital : 88 % des 500 plus grosses entreprises américains ont pour 1er actionnaires les 3 plus gros fonds d’investissement américain. Une étude récente du Fonds monétaire international montre que la baisse du niveau de concurrence et la hausse des marges pour quelques-uns se généralise partout dans le monde.
Depuis Thomas Piketty, le constat est maintenant généralement admis : le capitalisme creuse les inégalités à l’intérieur des pays riches. Il détruit également notre santé avec la généralisation de molécules chimiques dans l’air que l’on respire et dans nos assiettes aux plats standardisés, trop sucrés et trop salés mais sources de gros profits.
Le salarié du capitalisme l’est de moins en moins avec un retour du travail à la tâche, flexible et mal payé.
Avec tout cela, le capitalisme a perdu la recette de la croissance avec déjà une quinzaine d’années de stagnation séculaire et 40 ans de crises financières à répétition.
Le capitalisme va –t-il mourir de toutes ces faiblesses ? Il a déjà survécu 3 siècles. Il y a de grandes chances qu’il dure. Comme le rappelle Robert Boyer, les Empires ont duré plus longtemps. Mais aucun n’a été éternel.
Publié le lundi 30 septembre 2019 . 3 min. 15
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