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Ces guerres qui stimulent la croissance ... ailleurs

Publié le lundi 2 mai 2022 . 5 min. 58

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La guerre est aux portes de l’Europe, et elle ranime en chacun la grande peur enfouie d’un chaos destructeur, que l’on perçoit dans le brutal décrochage du moral des ménages. Le FMI, a publié ses prévisions actualisées à l'occasion de ses réunions de printemps. Il table désormais sur une croissance mondiale de 3,6% cette année contre 4,4% en janvier. Accréditant l’idée que l’onde de choc de ce conflit encore local, est mondiale. Pour les pays de la zone euro, la dégradation est encore plus forte : +2,8% contre +3,9%. Ruptures d’approvisionnements, hausses des prix des matières premières et de certains biens intermédiaires, diffusion de l’inflation, sanctions réciproques, sont autant de chocs collatéraux négatifs qui pèsent sur le rebond de l’économie mondiale. Avec une crainte supplémentaire qui surplombe toutes les crises, celle d’un effondrement financier amplificateur.


Au risque de paraître cynique, cette grande peur dépressive est loin d’être en concordance avec les enseignements de l’histoire récente ou lointaine. Des pays, ou empires se sont épuisés dans la durée à mener des conflits et à contrôler des territoires  trop vastes. Des économies ont été minées par des guerres hostiles ou des guerres civiles. En revanche, guerre et prospérité ont plutôt fait bon ménages pour les régions périphériques. Nous avons tous en tête bien sûr le formidable effet accélérateur qu’ont produit les deux premiers conflits mondiaux sur l’ascendant hégémonique des États-Unis. Quand la Première Guerre mondiale commence, l’économie américaine est en récession et son taux de chômage culmine à plus de 8 % début 1914. Les besoins en acier, en armement des Alliés vont doper la croissance dès le début du conflit. Le boom ne s’achèvera que quarante-quatre mois plus tard, en août 1918. Le premier bénéficiaire en sera l’emploi avec un taux de chômage qui revient sous le seuil de 3%. De débiteurs nets en début de conflit, les États-Unis deviennent des créditeurs nets. Idem lors du second conflit mondial, où l’effort d’armement dans l’entre-deux guerres et durant le conflit aura un effet positif sur l’économie américaine plus prononcé que le New Deal. Le complexe militaro-industriel américain équipe les pays alliés dans le conflit. Mais surtout, l’économie américaine, étant la seule des grandes économies à disposer de capacités intactes, se placera au premier rang de la reconstruction européenne, qu’elle finance en grande partie ensuite. En 1944, les accords de Bretton Woods consacrent le dollar américain comme monnaie de référence internationale.


Au fond, les deux premiers conflits sont les laboratoires des premiers grands plans de relance : hausse du déficit et hausse conjointe de la masse monétaire vont armer l’effort de guerre et la croissance. Avec l’inflation pour effet collatéral. Les conflits successifs qui ponctuent l’après-guerre confirment à chaque fois l’impulsion keynésienne des conflits et les opportunités bâties sur la destruction puis la reconstruction des autres. Ainsi la guerre de Corée entre 1950 et 1953, entraine une forte dégradation des finances publiques et les années 1950-53, seront marquées par un rebond de la croissance, par une profitabilité record des grands producteurs d’acier, et par un reflux prononcé du taux de chômage. Et si l’enlisement de la guerre du Vietnam a produit des effets délétères sur l’économie américaine, les premières années de montée en puissance de l’engagement terrestre après 1964, produisent bien un effet de relance.


Le bref épisode de la première guerre du Golfe entre aout 1990 et février 1991, compte tenu de l’embardée qu’elle provoque sur les prix du pétrole, aura en revanche un effet amplificateur de la récession déjà engagée suite à la crise des Saving loans. Mais la première phase éclaire du second conflit entre mars et mai 2003, aura bien un effet stimulant sur la croissance US.


En Europe, c’est moins l’effet keynésien des conflits qui retient l’attention, que l’impact des migrations massives induites par les conflits périphériques. La fin du conflit algérien et l’arrivée d’un million de rapatriés entre 1962 et 1968 aura un impact accélérateur la croissance hexagonale, et pour certains économistes un effet modérateur sur les salaires. La crise de migrants de 2015 a concentré des effets assez similaires sur l’économie allemande, qui échappe à sa trajectoire programmée de déclin démographique et conforte sa reprise.


Il ne s’agit pas ici de transformer la guerre en évènement heureux. Mais juste de souligner que les conséquences multidimensionnelles d’un conflit sont difficilement modélisables. Nécessité fait alors loi, désinhibant la permissivité budgétaire et monétaire, induisant aussi de puissants mouvements de réallocation de l’offre épaulés par l’État, pour pallier les pertes de production et pour armer les intérêts stratégiques. Et même les pénuries, si pénalisantes à court terme sont une aubaine en amont pour certaines entreprises locales. La pénurie, honnie dans notre monde de fluidité et d’immédiateté, est aussi un signal rare, où un producteur peut tout à la fois augmenter ses volumes et ses prix. Où les entreprises en aval doivent réapprendre à stocker et à diversifier leurs approvisionnements. Pour dire les choses de façon lapidaire un conflit périphérique est un cumul de problèmes dont la solution peut générer de la croissance locale.


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