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Croissance : l'Europe toujours plus distancée par les Etats-Unis

Publié le mercredi 8 mars 2023 . 5 min. 35

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D’où provient l’écart de croissance favorable aux États-Unis au cours des dernières années ? Cet écart n’est pas nouveau. Mais les facteurs explicatifs sont moins manifestes que par le passé.


Les États-Unis ont perdu quelques-uns de leurs avantages


En général, ce qui fut longtemps mis en avant, c’était :


• l’arrière-plan démographique plus favorable de l’autre côté de l’Atlantique, avec un plus fort dynamisme de la population en âge de travailler ;
• la job machine et une capacité notamment à mobiliser l’emploi peu qualifié ;
• l’écart de productivité favorable, imputable au plus fort contenu technologique de la croissance.
• et du point de vue des politiques économiques, c’était une capacité à mener des politiques économiques contra cyclique de grande ampleur pour écourter les récessions et éviter que le chômage de longue durée ne dégrade le capital humain.


Depuis 2010, l’avantage démographique américain tend à se résorber. Alors que l’écart de croissance de la population de 15-74 ans a culminé à près d’un point à l’avantage des États-Unis en 2010, il s’est considérablement réduit depuis, au point de quasiment disparaître en 2022. De surcroît, l’Europe a considérablement amélioré sa capacité à mobiliser en emploi sa population en âge de travailler. Et in fine, sur la période récente, ce n’est pas le volume de travail et sa dynamique plus favorable outre-Atlantique qui explique l’écart entre États-Unis et zone euro.


Si l’on cherche également du côté de la politique monétaire, le privilège exorbitant du dollar qui autorise les États-Unis à tous les déficits impunément et à sous-évaluer le dollar pour en tirer avantage en phase de dépression de la demande mondiale, n’a pas joué de façon aussi manifeste que par le passé. Il a joué jusqu’en 2014, où la FED a été bien plus prompte à instaurer un régime exceptionnel de facilité monétaire. Mais depuis la zone euro s’est convertie : taux zéro, quantitative easing, relâchement du pacte de stabilité pour stabiliser la demande. À regarder le bilan de la BCE, l’élève n’a plus rien à envier au maître. Avec pour résultat que le taux de change euro/dollar n’est plus depuis longtemps un facteur pénalisant pour l’Europe. Son évolution reste contenue dans une bande de fluctuation qui maintient l’euro à des niveaux très inférieurs aux pics des années 90 ou de la fin des années 2000.


La rente technologique redistribuée


Pourtant, depuis 2007, l’écart de croissance Zone euro/États-Unis, n’a cessé de se creuser. Et dans la période la plus récente, c’est-à-dire depuis la crise sanitaire, il continue encore à s’accroître, dans un rapport qui demeure de 1 à 2. La réponse peut dès lors paraître évidente. Si ce n’est pas la démographie, si ce n’est pas le volume de travail, alors l’écart entre les deux zones ne peut relever que de la productivité. C’est effectivement comptablement vrai. Le rythme de productivité est ce qui crée la divergence, avec à chaque crise, celle de 2008, puis celle de 2020, un nouveau palier franchi par les États-Unis, qui ont laissé l’emploi s’ajuster librement, contrairement à l’Europe qui a mobilisé l’arme du chômage partiel. Progrès technique et domination numérique n’y sont pourtant pas pour grand-chose.


En vérité, cette divergence par palier met plutôt en évidence une autre caractéristique nouvelle de la croissance américaine. Que la productivité connaisse un à-coup à la hausse lors des crises, lorsque l’emploi peu qualifié bascule dans le chômage et que l’appareil productif se resserre sur sa base d’emploi la plus qualifiée est mécanique. Cela ne témoigne en rien d’une accélération du progrès technique. L’anomalie, c’est de ne pas voir une normalisation se produire lorsque la population active peu qualifiée réintègre l’emploi.


Et en vérité derrière la performance de productivité américaine, il y a une mise en tension de l’offre par la demande qui a rarement été aussi puissante et dont l’origine relève pour partie de la politique publique et pour partie de la nouvelle donne démographique. Même si l’Europe a relâché sa discipline budgétaire, les impulsions publiques discrétionnaires, c’est-à-dire une fois éliminée l’influence de la conjoncture sur le déficit public, sont d’une échelle bien supérieure aux États-Unis. Avec un contenu permanent qui est souvent négligé, mais qui est décisif. La politique sociale américaine a opéré un véritable tournant après 2008, sous la mandature de Barack Obama. Lorsque l’on rapporte la masse des transferts sociaux perçus par les ménages américains, diminués des cotisations versées à la rémunération des salariés, cette part a augmenté de plus de 5 points, sans véritable remise en cause par Trump, et avec d’énormes embardées récentes liées au soutien face à la crise sanitaire.


Le second élément, c’est que le partage des revenus s’opère de façon bien moins défavorable aux salariés depuis 10 ans, en rupture avec les décennies qui ont précédé, en lien à la fois avec la décrue des charges financières induite par la politique d’argent facile, et avec les pénuries que génère la moindre dynamique démographique.


Les États-Unis commencent à redistribuer leur rente technologique. Et leur croissance en tire parti. Parler de changement de régime est prématuré. Mais pour une fois, ce sont les États-Unis qui battent l’Europe sur le terrain de la socialisation.


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