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Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi

 

Que faut-il attendre pour l’économie française des récentes décisions de la BCE. Tout l’effort de la BCE consiste à inciter les banques à mobiliser leurs liquidités oisives vers le financement des entreprises et notamment des PME.


Pour que cette stratégie fonctionne encore faut-il que le rationnement du crédit soit un problème aigu en France. L’interrogation est lancinante depuis  le début de la crise. Mais il faut bien l’avouer, tout incite à penser que le cœur du problème en France n’est pas là, et que l’économie réelle a plutôt bénéficié d’un amortisseur financier.


• Les enquêtes auprès de PME menées par l’INSEE ou par la BPI, montrent d’abord que ces dernières s’inquiètent davantage de l’état général de l’économie que des problématiques d’accès au financement. Même si c’est vrai, les problèmes que rencontrent les PME sur le financement de leur trésorerie, de leur besoin en fonds de roulement et de non reconduction des autorisations de découvert est très fragilisant en période de crise.


• Une nouvelle enquête  mise en place par la banque de France depuis 2012 montre que les taux d’obtention des crédits sont relativement élevés : 70% des PME ont obtenu une réponse favorable à leur demande de crédit de trésorerie et 92 % à leur demande de crédit d’investissement.


• Le crédit aux sociétés financières, contrairement aux idées reçues, a été beaucoup moins pénalisé par la crise que dans la plupart des pays européens. Il s’est maintenu en niveau alors qu’il a reculé en Italie et en Allemagne et s’est effondré au Royaume-Uni et plus encore en Espagne.


Une restriction d’autant moins intense que les PME échappent au critère de pondération de leurs risques imposés par Bâle III.  Et tout tend à démontrer au contraire que c’est du côté de la demande de crédit que le bât blesse. Le taux des nouvelles demandes de crédit est faible et stable.
Inciter les banques à activer leurs provisions de liquidité auprès de la BCE va-t-il dans ce contexte profondément modifier la donne française. C’est peu probable. Le manque de projets d’investissement rentables est la principale source de la stagnation du crédit aux entreprises en France. La dynamique du crédit en direction des grandes entreprises et des ETI est d’ailleurs encore moins favorable que celle des PME, alors que ces dernières sont traditionnellement  beaucoup moins sujettes à la sélectivité des banques.


En définitive, les banques ne rechignent pas aujourd’hui à financer les entreprises, et sont même en compétition âpre lorsqu’un projet rentable se présente. Jamais les entreprises bien portantes n’ont bénéficié de conditions si faciles.


En absence de débouchés dynamique et de projets de croissance l’assouplissement du crédit devrait dès lors avoir comme effet principal de faciliter les projets de croissance externe des entreprises les mieux portantes, qui souhaitent renforcer leur pouvoir de marché et consolider leur secteur à leur avantage. Elle va aussi booster les opportunités de levier sur des montages financiers plus ou moins spéculatifs. Tout cela joue en faveur d’une appréciation du prix des actifs. Mais pour ce qui est de la croissance réelle, la clé n’est pas entre les mains de la BCE.

 

Olivier Passet, Décisions de la BCE : quel impact réel pour la France ?, une vidéo Xerfi Canal

 


Publié le jeudi 26 juin 2014 . 3 min. 23

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