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Faire un bilan de l’Europe à la veille de l’échéance électorale de mai, n’est pas chose aisée. Constater que le rêve européen est en crise économique, politique et morale est indéniable. Là où les choses se corsent c’est lorsqu’il faut poser un diagnostic sur ce qui fait dérailler l’idée européenne.


Il y a ceux qui pensent que l’idée épuise le non-respect des règles du jeu qui conditionnent le bon fonctionnement européen. Ceux au contraire qui pensent que ces règles invasives jouent au détriment de l’agilité et des cultures des pays-membres.


Et face à cette polarisation stérile, il y a tous ceux qui rêvent d’une sortie par le haut. C’est parce que l’Europe, et surtout la zone euro, est incomplète, inachevée qu’elle dysfonctionne. Il manque à l’Europe monétaire, un vrai budget, apte à stabiliser la zone, à créer un socle de fiscalité commune,  à opérer des transferts entre régions. Un budget qui aurait pour corolaire un fonctionnement démocratique revivifié, rompant avec l’Europe des experts, des lobbies et des compromis opaques. C’est tout le sens par exemple du « manifeste pour la démocratisation de l’Europe » récemment impulsé par Thomas Piketty et signé par 120 intellectuels et politiques européens. S’ajoute à cela toutes les propositions qui visent à relancer le projet européen sur des missions d’intérêt commun, que ce soit la formation, l’ordre et la sécurité, l’énergie, l’écologie, qui sont autant de tentatives en faveur d’un budget renforcé. Et c’est au fond le sens de l’action des différents présidents français depuis l’instauration de l’euro. Une volonté de refondation, dont on connaît l’issue. La voix française est inaudible. Elle bute sur la divergence des intérêts, notamment des gagnants du compromis bancal actuel. Mais cette bonne volonté bute peut-être aussi sur quelque chose de plus profond : sa trop grande distance avec ce qui alimente le doute européen au cœur des populations.


L’Europe n’est plus vécue comme un espace protecteur


Car l’Europe c’était quoi à la base : le rêve d’un espace pacifié, au plan militaire et économique, favorisant les coopérations, la promesse d’un grand marché unifié de débouché qui devait rééquilibrer la balance avec les États-Unis et faire bénéficier l’appareil productif des mêmes effets d’échelle que ceux dont bénéficient les entreprises US, et favoriser le lancement à grande échelle des produits innovants. Tout un cercle vertueux qui devait permettre une insertion gagnante dans la mondialisation.


Or que voit-on ? Le grand marché de débouché est devenu un  grand marché de mise en concurrence des facteurs de production. Il s’est ouvert à tous les vents de la concurrence internationale. La concurrence sociale et fiscale y fait rage en période de difficulté. Certains pays, des PECO ou la Grèce deviennent de vrais chevaux de Troie de la conquête chinoise du marché intérieur. Les migrations sont vécues comme une menace qui ne peut que paupériser les citoyens. Bref l’Europe n’est plus vécu comme un espace protecteur. Il n’est en rien la bulle qui devait amortir la violence de la mondialisation. Et il faut alors se demander en quoi la focalisation française sur un budget européen répond à ce sentiment de défaut de protection européenne.


Des singularités


Car même si l’Europe est perçue de façon subjective comme un espace de concurrence âpre qui sape la protection sociale, elle n’en demeure pas moins accrochée à son modèle fondateur d’économie sociale de marché. Et en même temps que la pression concurrentielle s’intensifie, poussant à un moins disant social et fiscal, le poids des budgets sociaux, des dépenses publiques et de la fiscalité se maintient paradoxalement à haut niveau. L’Europe, de fait continue à se singulariser. Et c’est bien un triangle de concurrence, de protection des individus et d’innovation, celui de la flexisécurité qu’elle propose à ses membres. L’Europe aujourd’hui, s’expose donc à la casse de la mondialisation, mais s’engage à réparer la casse de la mondialisation via la dépense publique. Or c’est précisément ce credo qui fait l’objet de tous les scepticismes de la part des populations. L’État est perçu comme de moins en moins crédible dans sa capacité à mutualiser les pertes de la mondialisation, d’indemniser les perdants de réduire les inégalités. Or précisément, l’idée d’un budget européen, c’est encore cela. C’est poser l’État en grand réparateur du marché, au moment où les populations considèrent que cela est hors de sa portée. Et c’est là peut-être que la France devrait songer à renouveler son offre de refondation. Que proposer pour faire en sorte que l’Europe soit réellement un espace protecteur, réduisant la casse humaine et sociale et mobilisant moins, a posteriori, des État de moins en moins crédibles dans leur fonction réparatrice ?


Publié le vendredi 11 janvier 2019 . 5 min. 16

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