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L'Europe frappée par la maladie japonaise des "décennies perdues"

Publié le vendredi 4 octobre 2019 . 5 min. 25

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L’Europe, prise dans son ensemble, fait de plus en plus figure de grand malade en situation stationnaire. Croissance anémique, déflation rampante, taux d’intérêt en zone négative, système bancaire zombie, elle multiplie les symptômes du Japon des années 90’s. L’analogie ne s’arrête pas là. En arrière-plan on retrouve des similitudes démographiques : un ralentissement prononcé de la croissance de la population, notamment celle en âge de travailler, et une accélération simultanée du vieillissement démographique. Certainement le vrai détonateur de la crise nipponne, tant le changement de régime démographique a été brutal. Pour continuer l’analogie, il y a, en détonateur le plus visible de la décennie perdue japonaise, un krach financier de premier ordre. L’explosion d’une bulle immobilière gigantesque dans le Japon des années 80-90, qui a emporté la bourse dans son sillage. Côté Europe, il y a bien sûr la crise de 2008, qui s’est compliquée en crise des dettes souveraines… les deux crises produisant des effets de richesse négatifs et enclenchant un processus de réduction de l’exposition bancaire au risque et de désendettement des agents privés. Et pour prolonger le jeu des similitudes, il y’a la même propension à produire des excédents courants surdimensionnés, dans un contexte de débouchés internes anémique. C’est le destin des nations qui vieillissent : elles bâtissent leur rente vieillesse sur la prospérité des nations les plus dynamiques. Et enfin, même si le jeu des similitudes est loin d’être exhaustif, il y a cette déconnexion du chômage et de la croissance de plus en plus palpable en Europe. Avec en arrière-plan une dualisation de plus en plus marquée du marché du travail. Un noyau dur hyper-productif, et une myriade de petits jobs de service qui produisent un plein emploi de façade. L’Europe, n’y est pas bien sûr, mais elle en prend le chemin. Le chômage décroit tendanciellement, sans qu’un véritable souffle de reprise pérenne se soit installé sur la zone.

Quelques différences notables

Ne forçons pas trop l’analogie cependant.  Le choc qu’a subi le Japon a été d’une violence inouïe comparé à celui qui a ébranlé l’Europe. Tant sur le plan démographique que sur le plan financier. Je Japon n’a d’ailleurs toujours pas rattrapé les pics de valorisation tant boursière qu’immobilière. Par ailleurs, aussi grave qu’ait été la crise nipponne, elle a bénéficié d’un autre contexte financier. Crise localisée, les gestionnaires d’actifs, ont pu se réorienter vers l’international pour amortir le choc sur les rendements… L’Europe, elle, a été prise d’un mouvement beaucoup plus vaste d’affaissement des rendements. Et l’on pourrait encore multiplier les éléments singuliers. Notamment, la détention domestique de la dette, qui a été décisive dans la stabilisation de l’économie par la suite, limitant les effets potentiels d’une fuite des capitaux.

En dépit de ces réserves, Europe et Japon sont bien confrontés à des problématiques similaires. Le Japon a été le premier grand pays à affronter une problématique de trappe à liquidité. Où la liquidité ne parvient plus irriguer l’économie réelle en se matérialisant en investissement ou en dépenses. Il lui a fallu du temps pour reconfigurer sa politique monétaire compte tenu de la nouvelle donne : 1995, pour qu’elle se lance véritablement dans une politique de taux zéro et 2001  pour qu’elle initie une politique de Quantitative Easing. Et il est clair que le laboratoire japonais a été salvateur en 2008 pour les pays développés. Le pays, a aussi été acculé à laisser filer sa dette publique, défiant toutes les orthodoxies. En phase avec les nouveaux discours permissif sur la dette qui se rependent aujourd’hui dans le monde développé. L’État a mobilisé massivement l’épargne excédentaire, pour la réinjecter dans le circuit économique, notamment en investissements collectifs. Et cette dérive de la dette s’est produite sans sanction des marchés. La charge nette d’intérêts du gouvernement japonais est nulle aujourd’hui, alors même que son endettement est record.

30 ans après que peut-on dire ? 1/Que ce régime étrange qui défie toutes les lois raisonnables et  aurait dû sur le papier tuer le malade, s’est transformé en régime permanent. 2/ Que la Japon a fait mieux que de se maintenir en survie artificielle. Sa croissance, lorsqu’on la rapporte à la population en âge de travailler a retrouvé de la vigueur, et superforme même celle des autres régions développées. 3/ Que le régime de taux zéro, depuis 25 ans, n’a pas désorienté l’investissement, en témoigne la performance du noyau dur exportateur. 4/ Que le Japon, même à taux zéro, n’a pas plus mal absorbé la crise de 2008 que les autres. Face aux similitudes, reste à l’Europe à démontrer qu’elle peut s’en tirer sans laisser filer la dette publique et sans que l’Etat prenne la main en matière d’investissement. Et que sans cette dérogation, elle n’ouvre pas la porte à une nouvelle décennie perdue.


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