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L'Europe trop naïve (et divisée) sur le protectionnisme

Publié le lundi 5 décembre 2022 . 5 min. 44

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L’Europe peut-elle se dispenser de prendre des mesures protectionnistes ? La réponse ne réside pas seulement de considérations théoriques, mais est dictée aussi par ce que font les autres. Et dans sa rivalité commerciale, l’Europe est confrontée à de grosses distorsions, on le sait. D’ordre structurel d’abord. De très profondes disparités sociale et réglementaire au plan mondial qui biaise notamment la concurrence avec les émergents, Chine en tête. Un marché intérieur plus fragmenté aussi que les États-Unis ou la Chine, en dépit de l’euro, son appareil productif ne bénéficiant pas des mêmes effets d’échelle, de la même capacité à imposer ses normes, ou d’un moteur militaro-industriel aussi puissant pour impulser et cofinancer l’innovation. Des barrières à la libre circulation des capitaux qui faussent la formation des parités, favorisent le transfert de technologies au détriment de l’Ouest, la Chine encore une fois en ligne de mire. Où c’est encore aux États-Unis comme en Chine, la préférence nationale dans l’octroi des marchés publics.


La transformation écologique « made in America »


Elle est confrontée depuis 2017 au raidissement doctrinal américain aux plans commercial et stratégique, initié par Trump et validé par Biden, dicté par un éveil sur l’enjeu de la ré-industrialisation. Les États-Unis changent unilatéralement les règles du jeu commercial, mobilisant l’arme des barrières tarifaires et non tarifaires ciblées, visant l’acier, l’aluminium, le photovoltaïque, l’automobile, les pièces aéronautiques, les vins, etc. Au plan stratégique ensuite, notamment dans le domaine névralgique de l’information et des communications. Contrairement aux Européens, les opérateurs américains n’ont pas bâti leurs réseaux mobiles autour de technologies étrangères. Les autorités américaines, depuis longtemps, se protègent du risque d’espionnage ou de débranchage de cette infrastructure « vitale » par une puissance étrangère, avec pour conséquence un bannissement des entreprises chinoises du réseau américain, le cas de Huawei étant le plus emblématique.


La crise sanitaire, puis les pénuries de guerre ont depuis exacerbé la conscience de l’extrême vulnérabilité des chaînes de valeur occidentales au risque d’une prise en otage induite par leur extrême dépendance en matière de principes actifs dans le médicament, de terre rare, de puces, de gaz, etc.


Et c’est maintenant le volontarisme des États-Unis dans leur volonté d’impulser une transformation écologique « made in America » dont ils prendraient le leadership industriel, de l’aval à l’amont, qui bouscule l’Europe. En la matière, c’est le dernier plan américain « l’Inflation Reduction Act » qui mit le feu aux poudres. Ce paquet législatif de 430 milliards de dollars multiplie les dispositions susceptibles de générer des distorsions de concurrence : exclusion des modèles de constructeurs non américains des crédits d’impôt de 7500 dollars accordés aux acheteurs de voitures électriques ; aides massives aux industries qui rapatrient leur chaîne d’approvisionnement aux États-Unis. Joe Biden avait déjà prorogé en février 2022 pour quatre nouvelles années les mesures de surtaxe douanière pour l’importation de panneaux solaires.


En Europe, la doctrine concurrentielle en faveur du moins coutant


Face à ce tournant doctrinal, l’Europe s’émeut, mais ne réagit pas ou très mollement. Les aides que la Commission octroie dans le cadre de son plan de relance de 750 milliards d’euros acté en 2020 en faveur de la transition climatique et numérique ne sont conditionnées par aucun critère d’origine géographique des produits. Contrairement aux États-Unis, la Commission a accordé son feu vert à Huawei en janvier 2020 pour développer la 5G, même si c’est à des conditions très strictes. Toute préférence régionale en matière de commande publique demeure proscrite, comme en témoigne encore le choix allemand en faveur des F-15 américains dans le cadre de sa politique de réarmement. Pourquoi ? :


- Parce que la doctrine concurrentielle en faveur du moins coutant est vécue comme gagnante par la Commission et les pays exportateurs de l’UE. En témoigne son excédent courant. Ou ses parts de marché hors Europe qui résistent mieux que celles des autres pays de l’OCDE.
- Parce qu’il n’y a pas de convergence des intérêts nationaux en la matière. Les économies exportatrices, qui ont déjà bâti leur avantage concurrentiel, le renforcent à travers la pression sur les coûts en amont et craignent les représailles. Les économies portuaires comme les Pays-Bas prospèrent sur l’intensification des flux d’échange hors Europe.
- Parce qu’enfin, le projet européen, face à la faillite du COMECON, n’a jamais visé l’autarcie, la coopération et la complémentarité productive de ses membres.


Grave erreur, car à sous-pondérer les enjeux stratégiques, à aborder l’avenir en regardant dans le rétroviseur, à l’aune de ses succès passés, l’Europe est en phase de perdre la main sur le terrain de l’innovation sur ses bastions les plus puissants que sont l’automobile, l’aéronautique, le spatial, la pharmacie, l’équipement. Ne maitrisant plus sa sécurité énergétique, c’est toute la filière chimique qui bascule dans le rouge. Et c’est bien une nouvelle séquence de désindustrialisation qui la menace, emportant les acquis de son volontarisme industriel passé.


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