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L'Orient contre l'Occident : la grande divergence s'accélère

Publié le mercredi 19 octobre 2022 . 6 min. 32

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La guerre en Ukraine, nous place face à une nouvelle polarisation du monde, entre l’Occident développé, sous leadership américain, et l’Orient émergent qui conteste ce leadership. À travers cette fracture, sans rigueur géographique, c’est la rivalité entre deux blocs d’intérêts que nous pointons. D’un côté, pour simplifier, les économies de l’OCDE hors Turquie. De l’autre, la Chine, la Russie, l’Inde, le Moyen-Orient hors Israël, deux ensembles qui convergent maintenant en termes de niveau de production Cette partition, pour incertaine et contestable qu’elle soit du point de vue institutionnel et politique, nous permet d’appréhender à gros traits les forces et les enjeux qui animent une rivalité de plus en plus hostile.


Un modèle de croissance intensif pour l’Occident


Constat le plus immédiat, nous avons affaire à deux blocs très asymétriques du point de vue démographique. Le bloc oriental bénéficie d’un net avantage. En niveau aussi bien qu’en tendance : l’OCDE hors Turquie c’est moins de 1,3 milliard d’individus. L’Orient, c’est 3,4 milliards. Néanmoins, l’Orient affronte maintenant sa transition démographique. Sa population, Russie et Chine en tête, est en pleine décélération, et devrait stagner à partir de 2040. C’est maintenant sur la montée en gamme et les gains de productivité que repose la poursuite du processus de rattrapage, très loin d’être achevé. Ce constat explique pour beaucoup la configuration des régimes de croissance et leur conflictualité actuelle. Peur de la perte de leadership côté occidental. Peur d’un délitement culturel et politique, côté oriental.


Parce que limité démographiquement, l’Occident développe un modèle de croissance essentiellement intensif, reposant sur deux leviers majeurs : l’optimisation des facteurs de production (premier carburant de croissance) et l’hédonisme individualiste (carburant d’une consommation illimitée). Avec un modèle d’emploi qui exploite tous les ressorts de la division du travail, nationale et internationale, de la montée en compétences pour en accroître l’efficacité et qui mobilise intensément la population en âge de travailler, sans différence de genre. Et un modèle de consommation qui trouve son moteur dans la quête insatiable du bien-être individuel, et le renouvellement des besoins ou des désirs. Tout ce qui singularise l’individu, le différencie, fragmente la société en micro-communautés est toléré, y compris dans sa version woke contemporaine, que le marketing transforme en nouveau gisement de segmentation, de diversification des produits. Idem pour la religion, acceptée dans sa diversité, tant qu’elle n’entrave 1/ni la mobilisation de la main-d’œuvre par une vision sexuée des tâches ou par des pratiques envahissantes, 2/ni la quête hédoniste par trop d’interdits moraux.


Face à une démographie stagnante, le système a besoin d’étendre sans cesse son emprise sur les facteurs de production étrangers, pour capter de la valeur. Son hyper-domination monétaire et financière est de ce point de vue une arme décisive de puissance, lui permettant de contrôler l’affectation de l’épargne mondiale et notamment son recyclage à l’Ouest. Comme il a besoin d’exporter son hédonisme consumériste pour étendre ses marchés, rêvant d’un monde homogène sur ce plan, avec un avènement de classes moyennes clonées sur le modèle occidental. D’où un double procès du reste du monde en impérialisme financier et culturel, largement fondé, qu’instrumentent la Russie ou la Chine aujourd’hui.


Modèle de croissance extensif pour l’Orient


Par opposition c’est un modèle de croissance extensif qui a longtemps prévalu en Orient. Surinvestissant dans les ressources primaires, les infrastructures, la construction et la production de biens pour répondre aux besoins premiers d’une population en fort développement. Système verticaux autoritaires, planifiés, volonté politique d’homogénéité culturelle, prima du collectif et priorité à l’épargne et l’investissement, sous-consommation. Si le bonheur en tant qu’individualisme était une idée neuve en Europe au XVIIIe siècle et a servi de tremplin au capitalisme, elle demeure à l’ébauche en Orient. Produisant d’ailleurs des modèles qui ne se bouclent pas sur la consommation, mais sur l’investissement intérieur et les exportations vers le glouton occidental.


Un équilibre menacé


Ces deux blocs sont parvenus à une cohabitation pacifique dans le cadre de la globalisation, tant que cette dernière laissait place à une complémentarité utile. L’Orient comme réservoir et producteurs de ressources fossiles ou minières et comme atelier bon marché de l’outsourcing occidental. Devenant de la sorte un monstre carboné. L’Occident comme débouché de la production orientale, lui permettant de générer des excédents nécessaires à son accumulation primaire.


Or, c’est précisément cet équilibre qui est rattrapé pas ses contradictions :


• L’Ouest est rattrapé par son archipélisation sociale et culturelle de plus en plus conflictuelle. Rattrapé aussi par l’impasse climatique qui le conduit à bouleverser ses dépendances à l’Orient. Relocalisations, circuits courts, désaccoutumance aux énergies fossiles et aux biens de consommation à forte empreinte carbone sont autant de coups portés à l’Orient carboné. La transition climatique est de fait une déclaration de guerre et une remise en cause quasi-existentielle pour l’Orient.


• L’Orient rattrapé par la vulnérabilité de son modèle extraverti et par la transition démographique, autrement dit l’essor de classes moyennes porteuses de nouvelles aspirations. Or, c’est par un recentrage sur sa consommation intérieure ou par une extension vers Afrique qu’il peut trouver un relai à la demande carbonée de l’Occident. Sauf, qu’introduire une place grandissante au consumérisme menace au premier plan l’ordre social et politico-religieux de ces pays.


Bref, Orient comme Occident sont menacés par un délitement social et politique intérieure et ne convergent plus en termes d’intérêt. Or, on le sait, c’est à ce moment de l’histoire que le risque de conflit est maximal, quand il devient le seul moyen de rebâtir la cohésion perdue.


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