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L'excellent bilan carbone de la France : apparences et réalités

Publié le lundi 11 octobre 2021 . 5 min. 34

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La France est en pointe de la lutte contre le réchauffement climatique, en parole, comme en actes. Les indicateurs parlent d’eux-mêmes Alors que son PIB a augmenté de plus de 60% depuis 1990, ses émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 20%, avec une inflexion nette au milieu des années 2000. Lorsque l’on tient compte des effets d’échelle, les progrès sont encore plus saisissants. L’intensité des émissions est en repli de 30% lorsque l’on rapporte les émissions à la population et de près de 50% quand on rapporte les émissions à chaque unité de PIB.


Et lorsque l’économie Française se compare aux autres, elle fait bien figure de bon élève et même de très bon élève : en termes d’émissions par habitant, elle figure en bonne place mais se fait doubler par des pays à faible niveau de développement. En revanche, rapporté à chaque unité produite, ce qui permet une comparaison à niveau de développement similaire, elle figure dans le club des pays les plus vertueux du monde. Aux côtés des pays d’Europe du Nord, de la Suisse et de l’Irlande, cette dernière faisant figure d’intrus du fait d’un gonflement artificiel de son PIB, lié à la facturation des GAFAM depuis son territoire. Et elle est très loin des monstres pollueurs que sont les États-Unis, la Russie et la Chine qui à eux trois émettent 43% du CO2 de la planète.


Hors mix électrique, le bilan français se banalise


Cette performance repose essentiellement sur son option nucléaire qui fait de son mix électrique l’un des plus bas carbones du monde. Si l’on exclut cette position forte de son bilan carbone, autrement dit les émissions liées à la production d’énergie sur son territoire, et que l’on resserre l’observation sur les autres sources liées aux autres activités de production, de traitement des déchets ou côté ménages, au chauffage, au transport (notamment automobile), etc. le bilan français se banalise. La France figure à la médiane de l’OCDE lorsque l’on raisonne en émission par habitant. Par unité de PIB, le rang français s’améliore certes, mais le score hexagonal est très loin de celui de la Suède ou de la Suisse et dépasse même légèrement celui de l’Allemagne, pays pourtant plus motorisé et surtout industrialisé. Les marges de progression sont donc importantes sur les fronts de l’isolation thermique, du transport ou des process industriels, constat établi de longue date.


Le risque de la France, c’est de s’endormir sur sa rente nucléaire. On sait qu’en matière d’énergies renouvelables, le pays est plutôt à la traîne, du côté des usages, mais surtout du côté des investissements et de la production. La France bénéficie de surcroît d’autres facteurs favorables qui lui facilitent la tâche : sa spécialisation tertiaire, la tempérance de son climat (élément qui plombe le bilan d’un pays comme le Canada par exemple).


Des émissions externalisées


Mais il y a surtout l’angle mort de nos indicateurs de référence sur lequel la France s’engage au plan international. La vision territoriale, qui privilégie ce que nous émettons directement depuis notre territoire, voile toutes les émissions que nous externalisons ailleurs et que nous importons. Tous les biens énergétiques et industriels que nous consommons chez nous, mais que nous faisons produire ailleurs. Bilan incomplet donc, qui contient les émissions liées aux activités de production sur le territoire destinées aux exportations ou à la demande locale. Les émissions directes des ménages à travers l’usage de l’automobile et le chauffage domestique notamment. Un périmètre qui nous restitue les émissions du territoire national, mais pas notre véritable empreinte carbone sur le monde. Hors radar donc, les émissions induites par notre demande de produits étrangers, qui par définition émettent du gaz ailleurs. Hors radar aussi : les émissions induites par les transports internationaux (aériens ou maritimes), même si cette deuxième dimension est de second ordre.


L’acte générateur de ces émissions est bien français. Et lorsque l’on appréhende tous ces flux d’émission, il apparaît rapidement que la baisse de nos émissions intérieures, de près de 25 %, sur fond de désindustrialisation, s’est bâtie sur une très forte hausse de nos émissions importées (+72% à +110% selon les sources, ce dernier flux étant estimé selon des méthodologies qui peuvent diverger).


Au total, l’ensemble des émissions générées directement ou indirectement par la France prend une autre tournure. Elles ont augmenté en niveau absolu depuis 1995. Et par habitant, elles ont au mieux stagné. Ni les mêmes montants ni les mêmes dynamiques donc. Cet abord large ne déclasse pas nécessairement la France : nous externalisons moins nos émissions que l’Allemagne, que la moyenne des pays européens ou que les États-Unis. Mais cela souligne le risque de bâtir notre décarbonation sur la carbonation des autres et l’urgence de diversifier nos indicateurs, au risque de déblayer notre champ en balançant la neige dans le champ du voisin.


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