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La transformation climatique sera autoritaire ou ne sera pas. Elle sera régionale ou ne sera pas. Et cela impactera lourdement les entreprises. Peut-être est-il temps de se rendre à l’évidence et d’admettre avec lucidité que la notion de transition, avec tout ce que le concept véhicule implicitement en termes de gradualité, de linéarité du changement, de coordination ordonnée, est promise à un échec quasi-certain. Pourquoi un tel pessimisme, alors même que la COP 28 marque une avancée significative en matière de coordination ?


D’abord parce que, comme le souligne l’historien Jean-Baptiste Fressoz, dans un récent ouvrage, l’expérience passée nous signale que les énergies nouvelles ne viennent jamais se substituer aux précédentes, mais les embarquent dans leur propre élan. Or c’est précisément ce à quoi nous assistons. Aujourd’hui, l’électrification du monde impulse un surcroît de demande d’énergies fossiles. L’offre et la consommation de pétrole volent de records en records. Le renouvelable s’ajoute comme une strate supplémentaire pour satisfaire une demande d’énergie toujours croissante. À l’instar des pays du Golfe, dont les projets pharaoniques dans l’hydrogène et le renouvelable ne pourvoient à une consommation domestique toute aussi débridée, protégeant le potentiel exportateur de cette région. Avec des choix d’investissement, de prospection qui engagent leur trajectoire sur plusieurs décennies, les énergéticiens écrivent dès à présent de façon irréversible la longue traîne de la production de demain.


L'empreinte indélébile des géants technologiques


Ensuite parce que la transformation ne viendra pas spontanément d’une réforme des comportements privés. L’empreinte carbone n’est pas le fait de choix discrétionnaires, mais des propriétés du système productif dans lequel s’encastrent nos choix. On peut toujours éduquer, sensibiliser les ménages et les entreprises à la sobriété, les inciter par des prix et des subventions, la vérité c’est que les maîtres des nouvelles fonctionnalités, sont aujourd’hui d’abord et avant tout les Gafam, qui façonnent nos usages, avec très peu d’échappatoires possibles. Or ces géants bâtissent avec l’IA, la Blockchain, le Métavers, le streaming, etc. un nouveau monstre énergivore, sur lequel les politiques ont d'autant moins de prise que l’utilisateur n’est pas ou très peu le payeur.


Parce que la solution ne viendra pas de l’innovation. L’optimisme technologique n’est à ce stade qu’un alibi pour procrastiner. La très hypothétique conversion à l’hydrogène du transport aérien, par exemple, semée d’embûches redoutables, n’est que le prétexte pour ne pas réduire le volume de l’aviation, voire, tout au contraire, d’accepter sa croissance débridée. Et croire que les pays à la frontière technologique peuvent reconfigurer le monde, quand l’essentiel de la planète est engagée dans une course au rattrapage, relève tout autant de l’illusion.


D’autres crises se font au détriment de la crise climatique


Parce qu’enfin, la crise climatique s’imbrique à d’autres crises virulentes, sociales, géopolitiques, ou politiques dont la résolution se fait au détriment de la première. La révolution verte génère sa propre contre-révolution. La solution lisse, technocratique et démocratique, se heurte à une réalité plus chaotique, où chaque pas en avant génère des désordres et alimente le camp du déni et de la démagogie. Dans un monde où demain Trump, Poutine, Ben Salmane et Xi Jinping seraient les maîtres des horloges climatiques, l’optimisme devient une candeur.


Inertie des structures et des organisations, des comportements individuels, illusion technologique, course au rattrapage, aléas politiques, contretemps des choix démocratiques, l’agenda climatique est miné de toutes parts. Cela signifie pour l’Europe que la transformation climatique, si elle veut être opérante, ne peut se concevoir que comme une révolution dans un seul territoire. Elle devra se concevoir sous forme impérative, avec pour corollaire, un caractère réglementaire et répressif, une reprise en main étatique de la finance de marché, un dynamitage de la gouvernance actionnariale des entreprises, un accompagnement social coûteux ; et surtout un retour du protectionnisme, condition minimale pour la survie du système productif, avec tout ce que cela implique en termes d’architecture des filières pour gagner en autonomie stratégique. Ce bouleversement systémique n’est pas le scénario noir d’une transition ratée, mais apparaît de plus en plus comme l’issue la plus probable. Avec pour les entreprises, des défis d’adaptation qui vont bien au-delà des tracas fiscaux circonscrits ou des cahiers des charges fastidieux induits par leur responsabilité sociétale que leur laisse entrevoir le discours anesthésiant de la transition lisse.


Publié le mercredi 14 février 2024 . 5 min. 08

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