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Jusque dans les années 80, cela ne faisait pas de doute. Le progrès technique de nos économies avait vocation à se transformer en gains de pouvoir d’achat et en temps libre. Le vieillissement démographique, l’exacerbation de la concurrence entre pays et les enjeux d’attractivité du territoire ont remis en cause cette évidence. Nos économies ont pour injonction de toujours mieux activer le travail, pour demeurer compétitives et financer la dépendance. Et en ligne avec ce constat, partout le mouvement de baisse de la durée du travail s’est interrompu quand il ne s’est pas inversé.


Les loisirs, un espace de déploiement de la consommation


Il y a pourtant un paradoxe dans cette évolution. L’offre se déplace de plus en plus vers les loisirs, le divertissement, le tourisme, le soin… Le compromis des années 60-80 semblait répondre à cette tendance de fond. Libérer l’individu du travail et dégager toujours plus de temps libre ouvraient un nouvel espace de déploiement de la consommation stimulant la croissance. Et cela d’autant plus facilement que le volume de travail mobilisable par les entreprises n’a été que modérément restreint par la montée du temps libre :


• D’un côté il y a eu une forte baisse de la durée du travail au plan individuel, alimentée par la réduction des durées hebdomadaires, mais aussi par le recul de la part dans la population en emploi des agriculteurs et artisans-commerçants, catégories à très longue durée de travail et à faible propension au loisir.
• Il y a eu de surcroît le rallongement de la durée des études, qui a fait entrer de plus en plus tard les jeunes sur le marché de travail.
• Il y a eu enfin la baisse de l’âge de départ à la retraite.


À la baisse du temps de travail annuel s’ajoutait donc la diminution de la durée de vie active. Mais cette attrition de l’offre de travail a été en partie compensée par deux phénomènes :


1. la montée du taux d’activité des femmes ;
2. la croissance de la population en âge de travailler.


Le temps de la sous-traitance de tâches ménagères


Et pour bien comprendre cette période, il faut prendre en compte non pas les deux sphères temporelles auxquelles nous habitue la théorie économique à travers l’arbitrage travail/loisir, mais trois :


1. le travail formel, notamment le salariat ;
2. le travail informel, notamment tout ce qui relève de l’autoproduction domestique ;
3. le loisir.


Le travail des femmes s’est développé sans pour autant porter atteinte au temps de loisir. Il a basculé de la zone invisible ou grise et non comptabilisée dans le PIB, que constitue l’autoproduction domestique, à la zone visible des flux marchands, avec une professionnalisation/spécialisation des tâches à la clé. La mobilisation de l’emploi féminin a eu pour pendant une généralisation de l’équipement des foyers, allégeant la charge domestique et le développement concomitant des métiers de garderie, du soin, du « care » comme on dit, mais aussi de la restauration, de l’entretien, etc., permettant aux foyers de sous-traiter pour partie ces tâches. Si l’on simplifie à l’extrême l’arbitrage qui prévalait jusqu’aux années 90-2000, c’est plus de personnes en emploi sur des durées plus courtes, c’est moins de temps dédié à l’autoproduction familiale et plus de temps dédiés aux loisirs.


Le réservoir de l’autoproduction des ménages s’épuise


Mais en même temps que la dynamique démographique s’épuise, que les baby-boomers deviennent des boomers, et que le gisement de l’emploi féminin s’épuise lui aussi, c’est ailleurs qu’il faut aller rechercher la ressource travail. Coup d’arrêt à la baisse de la durée du travail, flexibilisation des temps et report de l’âge de la retraite sont partout les variables d’ajustement qui ont été privilégiées. À travers ces ajustements, c’est bien au temps disponible pour la consommation de loisir et de soins auquel on s’attaque. Or, cette consommation est chronophage. Elle demande la participation et l’attention de l’individu. Elle ne répond pas à la même temporalité que celle dédiée aux biens de consommation courante. Regarder une série, c’est chronophage, plus encore que le temps dédié à la sortie épisodique au cinéma d’antan. Interagir sur les réseaux sociaux, jouer à des jeux vidéo, etc. c’est beaucoup de temps incompressible aussi et dont l’industrie du web a besoin pour étendre son empire sur l’attention des personnes et la convertir en influence sur leurs actes d’achats futurs.


Alors certes, le capitalisme n’a pas complètement achevé sa conquête de la sphère de l’autoproduction domestique. Sa dernière conquête, c’est la prise en charge du dernier kilomètre, consistant à livrer à domicile les produits ou à donner accès à des services. Cette logistique existait déjà, mais hors radar du PIB, prise en charge par le consommateur, lorsqu’il se rendait sur les points de vente ou dans les salles. Libérant du temps logistique, il libère du temps de travail ou de loisir. Idem lorsque le télétravail libère l’individu du temps de transport domicile/bureau. Mais l’on se dit que ce processus lui aussi a une fin, et qu’il y a de moins en moins à gratter dans le réservoir de l’autoproduction des ménages.


Le capitalisme se retrouve dès lors face à une injonction paradoxale : faire travailler plus longtemps les individus, dans l’année et tout au long de la vie, quand l’industrie numérique, devenue fer de lance de la croissance a besoin elle de plus en plus de temps libéré pour étendre son emprise. 


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