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Le fossé redoutable des divergences franco-allemandes

Publié le mercredi 13 janvier 2021 . 5 min. 40

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La divergence des économies française et allemande a atteint des proportions vertigineuses sur le plan financier. Les dynamiques d’endettement publiques et privées s’écartent maintenant de façon spectaculaire. Je partirai d’une rapide mise à plat des données. Elles parlent d’elles-mêmes.


Cette divergence est manifeste et largement commentée concernant la dette publique. Le gap excède maintenant 40 points de PIB. C’est du jamais vu, alors même que jusqu’à la crise de 2008, les trajectoires étaient similaires de part et d’autre du Rhin. Et à horizon de deux ou trois ans, le ratio allemand devrait tangenter 75%, contre 120% en France. Plus préoccupant, ce portage massif de la dette par l’État n’a pas permis de limiter la montée de l’endettement des agents privés. Alors que jusqu’en 2008, la montée de l’endettement des ménages et des entreprises françaises n’était finalement qu’un mouvement de convergence vers les niveaux allemands, ce n’est plus du tout le cas depuis plus de 10 ans. La divergence est plus massive encore que concernant la dette publique : l’écart culmine aujourd’hui à 50 points de PIB, la crise sanitaire l’ayant fortement aggravé. Une divergence qui recouvre une très forte montée de l’endettement des entreprises hexagonales et une dynamique tout aussi préoccupante du côté des ménages français, alors même que ces derniers partaient de niveaux très inférieurs à la moyenne européenne. Dès lors, toutes nuances que nous invoquions en 2008 pour tempérer le catastrophisme sur la dette hexagonale ont volé en éclat. Le poids de la dette publique et des filets de sécurité sociale en France ne modèrent plus la dérive de la dette privée et notamment celle des ménages.


La France a un problème global d’endettement


In fine, l’argument selon lequel la France n’a pas de problème global d’endettement ne tient plus. Jusqu’au tournant des années 2000-2010, le poids important de l’endettement public pouvait être interprété comme témoignant d’un choix en faveur de la socialisation des risques, quand d’autres pays désireux de consolider leurs finances publiques par des politiques de rigueur n’avaient fait finalement que déplacer le problème sur les agents privés, reportant notamment le risque financier sur les ménages. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La situation française est globalement détériorée et la comparaison avec l’Allemagne est édifiante. Jusqu’en 2008-2009, lorsque l’on scrutait la dette globale des agents privés et publics des deux pays, les écarts entre agents se compensaient. Ce diagnostic d’une hétérogénéité de la structure d’endettement entre France et Allemagne laisse la place aujourd’hui à celui d’une divergence d’ampleur considérable, puisque lorsque l’on agrège la dette financière brute de l’État, des entreprises et des ménages, 100 points de PIB séparent maintenant les deux pays.


Derrière cela, on sait ce qu’il y a. Un excédent de la balance allemande des transactions courantes colossales, qui oscille autour d’une moyenne de 7% du PIB depuis 10 ans, quand la France accumule les déficits. Autrement dit, un excédent d’épargne structurel des agents qui modère leur besoin de financement par la dette. Et si je remonte encore un peu plus au cœur de cette divergence, je retombe sur la surpondération de l’industrie allemande exportatrice, que nous avons maintes fois commentée. Et in fine, les transferts de revenus que l’Allemagne refuse au plan européen s’opèrent via les marchés de capitaux, maintenant un semblant de cohésion, mais menaçant la soutenabilité financière de la zone.


L’échec de la dévaluation salariale


Pourtant cette hétérogénéité sectorielle entre France et Allemagne n’est pas nouvelle. Et si l’on cherche véritablement le fondement de cette divergence, qui prend maintenant des allures cumulatives et catastrophiques, il est paradoxalement à rechercher dans l’effort de convergence qui a guidé toutes les politiques européennes depuis 10 ans. Celle des coûts unitaires. Cette dernière a bien été opérée. Elle est manifeste entre la France et l’Allemagne. La dévaluation salariale qui sous-tend cette convergence des coûts a été présentée comme la clé de tout. Le remède qui permettrait de rétablir les grands équilibres réels au plan européen et qui remettrait en selle la croissance des pays les moins compétitifs. Or, que voit-on ? À une divergence s’est substituée une autre. L’Allemagne demeure le pivot industriel européen. La base productive française a continué de s’affaiblir. La base fiscale sous le coup de la rigueur n’a cessé elle aussi de s’étioler. Et la dette a métastasé, se diffusant à l’ensemble des agents, publics comme privés.


Et finalement, la France, à son corps défendant, est bel et bien devenue ce champion du Club Med qu’elle se défendait d’être au moment de la crise des subprimes. L’affichage réformateur pro-offre des années Hollande et plus encore Macron n’y auront rien fait, si ce n’est précipiter le mouvement. Avec en bout de chaine, un couple franco-allemand qui se bâtit sur la complémentarité du créancier et du débiteur et tout ce que cela induit en termes de défiance, d’ingérence et de tutellisation politique. Autrement dit, un couple plus que jamais asymétrique, de nuisance réciproque et qui peine de plus en plus, au-delà de l’urgence, à parler d’une seule voix.


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