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C’est encore le pari des marchés et la position officielle de la FED. L’inflation a vocation à se résorber d’elle-même. Les taux d’intérêt à long terme, même s’ils sont en hausse pour se couvrir de l’embardée actuelle anticipent bien une normalisation spontanée. C’était aussi notre point de vue il y a quelques mois avant le conflit ukrainien, même si nous anticipions une persistance atypique. Sommes-nous toujours si sûr de ce pronostic ?


A priori, la guerre en Ukraine et la recrudescence de la pandémie en Chine ont changé l’ampleur du phénomène et sa durée. Mais elles n’ont pas modifié la donne fondamentale concernant l’intensité de la concurrence sur le marché de produits qui modère la possibilité de report sur le consommateur des hausses de coûts en amont. Elles ne devraient pas avoir modifié non plus l’autre argument souvent avancé, du rapport de force défavorable au travail, qui grippe la boucle-prix-salaires. Les économies disposeraient donc de deux coupe-circuit qui devraient jouer, comme ils ont joué précédemment.


Essayons de nous défaire néanmoins de ce réflexe de conjoncturiste qui veut que si quelque chose ne se passe pas comme prévu, notre pronostic se réalisera mais en décalé. Difficile d’admettre les effets de seuil ou des phénomènes d’irréversibilité. Nos modèles d’équilibre ne sont pas configurés pour.


Les arguments en faveur d’un retour à la normale, nous les connaissons. 1/ La guerre ukrainienne et la pandémie chinoise exacerbent des pénuries mais temporairement. Côté Chinois notamment, l’écart d’inflation marqué avec les États-Unis ou l’Europe, promet un retour de l’offre chinoise sur des bases de prix très compétitifs, qui pourraient intensifier les pressions concurrentielles par la suite. 2/ Les structures de consommations ont connu des distorsions inégalées ces derniers trimestres, notamment concernant le partage biens/services. Ces embardées ne cessent de perturber les chaines d’approvisionnement depuis deux ans. Mais là aussi, on peut attendre une normalisation graduelle. 3/ Enfin et surtout, les prix des matières premières semblent s’installer sur un  pallier haut et s’y maintenir. Si ce statuquo devait durer, cela signifierait que le foyer inflationniste est en voie d’extinction. Le glissement annuel des prix des inputs tendrait vers zéro. Certains alertent sur une recrudescence des tensions en hiver quand les besoins de chauffage augmenteront. Mais le rôle du stockage est a priori de lisser cet à-coup, qui devrait normalement être déjà incorporé dans les prix. Il faudrait évoquer l’accumulation des aléas : climatique qui pèsent sur l’agriculture, ou énergétiques avec la mise à l’arrêt de nombreux réacteurs en France, qui semblent certes confirmer l’adage de Jacques Chirac : « les emmerdes ça vole toujours en escadrille ». Qui n’en retire pas le caractère de perturbations temporaires.


Le foyer déclencheur de l’inflation a donc vocation à s’apaiser. Cela signifie-t-il pour autant que l’inflation elle-même suivra le même chemin. Car en se prolongeant, l’inflation a enclenché de nouvelles boucles qui peuvent auto-alimenter le phénomène :

Nous avons d’abord un problème de rareté programmée des énergies fossiles face à un ajustement trop lent de demande d’énergie dont la dominante demeure fossile. La guerre incite à rouvrir les vannes et à créer de nouvelles capacités à contre-courant de l’agenda prévu. Cette situation pourrait même déclencher un mini-contre choc si la situation géopolitique devait se normaliser. Il n’en reste pas moins qu’à terme, cette inertie du contenu énergétique de la demande peut entrer en tension avec le désinvestissement dans les énergies fossiles et rallumer le foyer inflationniste.


Second phénomène de rareté sous-estimé, celle de la main-d’œuvre dans les pays avancés. L’inflexion  date de 2010 avec la baisse de la part de la population en âge de travailler, qui ne fait que commencer. La sous-traitance dans les pays à main d’œuvre pléthorique, l’externalisation ont en partie voilé le problème jusqu’ici. Mais il est clair, que si la guerre laisse des traces sur la mobilité du capital, restreint le potentiel d’externalisation, ou incite à plus de circuits courts, cette question va prendre une nouvelle acuité. Le rapport de force entre travail et capital se rééquilibre et dans les pays les plus proches du plein emploi, États-Unis en tête, cela se voit déjà : la boucle-prix-salaire s’est amorcée.


Enfin, il faut bien l’avouer, les comportements de report de la hausse des coûts sur les prix de production surprennent par leur ampleur, par rapport à l’idée que nous nous faisions des pressions concurrentielles. Cela est vrai aux États-Unis comme en Europe, où les prix de production hors énergie font une embardée de très forte ampleur pour un choc de prix des matières premières assez similaire à celui de 2008 ou 2011. Nos structures de marché ont évolué. Avec une concentration qui ne cesse de s’accroître. Sous l’égide des fonds d’investissement, le poids des oligopoles, à fort pouvoir de marché s’élève, et les comportements de marge, moins défensifs que par le passé en portent la marque.


L’heure est donc au doute. Le choc déclencheur de l’inflation va se résorber. Mais les boucles de transmission par les prix de production et par les salaires sont déjà enclenchées. Dans ces conditions, miser sur une autocorrection spontanée devient une hypothèse de plus en plus héroïque.


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