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Les Banques Centrales : stabilité, mais pour quels intérêts ?

Publié le mardi 2 avril 2024 . 5 min. 14

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Sans être ignorées, les institutions sont souvent les grandes oubliées des approches économiques standard. À l’exception de quelques courants, au premier rang desquels l’école de la régulation, qui revendiquent leur fonction cruciale, elles relèvent plutôt de ces grandes évidences que l’on esquive. Parce qu’elles sont supposées être des invariables du système. Parce qu’en outre, elles sont au croisement du droit, de la politique, de l’éthique, de la science des organisations, etc., mettant dans l’inconfort les puristes de leur discipline. Parce qu’issues de compromis longs, subtils, explicites ou implicites, écrits ou coutumiers, elles n’ont pas la malléabilité, la plasticité que leur prêtent les réformateurs de l’instant.


Maintenir le système


Les institutions jouent pourtant un rôle central dans la structuration des interactions économiques, façonnant les comportements et les choix économiques, canalisant les intérêts et surtout en garantissant la stabilité du système. De surcroît, les institutions ne sont pas statiques ; elles évoluent en réponse aux changements économiques, sociaux et politiques. Qu’on se les représente comme portant les intérêts d’une caste dominante, ou au contraire comme des instances de rééquilibrage, elles ne cessent de se réinventer. Devançant bien souvent le droit dur, elles sont des acteurs silencieux mais hyperactifs du maintien du système et de la préservation des intérêts qu’elles portent face à un monde mouvant.


Le cas des banques centrales, gardiennes de l’intérêt du capital


Les Banques Centrales sont emblématiques de cette plasticité et de la prévalence des intérêts qu’elles portent au prix de révolutions parfois coperniciennes. Leur indépendance vis-à-vis de l’exécutif, et du pouvoir législatif qui exempte leurs décisions ponctuelles d’une validation démocratique, a été fondée sur un encadrement strict de leur fonction. Gardiennes de la monnaie et de la stabilité bancaire, leur objectif se limitait strictement à l’inflation, sur la base de leviers d’actions eux-mêmes circonscrits : le réglage de la liquidité bancaire, la formation des taux directeurs. Leurs arbitrages ne devaient pas officiellement se préoccuper des incidences économiques autres que celles du crédit et des prix. C’était aux gouvernements d’internaliser la contrainte. Autrement dit, ne pas céder à la facilité de la dette au risque d’un effet boomerang, canaliser la croissance de sorte qu’elle ne soit pas inflationniste, impulser les réformes de marché pour miner à la source les tensions inflationnistes.


Cette version restrictive de l’indépendance a toujours été exposée à des critiques. De ceux pour qui les corollaires implicites du primat de l’inflation faible, non débattable, avaient une portée éminemment politique. Réduisant le champ des possibles en termes d’arbitrage politique, pour ne pas dire imposant le paradigme néolibéral sans autre alternative, favorisant le capital et sa valorisation et donc les détenteurs du capital au détriment du travail. Gardiennes de la stabilité des prix, de la réduction de l’incertitude sur les marchés d’actifs, les Banques Centrales sont devenues de fait, plus largement, les gardiennes de l’intérêt du capital, imposant en creux, et sans débat démocratique un tournant doctrinal aux États.


Des gardiennes de la monnaie aux gardiennes de l’argent


Et c’est bien au nom de cet intérêt plus large, que peu à peu, à partir de 2000, les argentiers centraux ont dérogé à tout le carcan qui limitait leur action et fondait leur indépendance. À l’objectif de stabilité des prix sur le marché des biens et services, s’est agrégé l’objectif de maintien de la stabilité des prix d’actifs. Toute la créativité s’est portée sur cette finalité dès lors que la déflation des prix d’actifs menaçait, aboutissant à toutes les transgressions que l’on connaît : intervention directes sur les marchés d’actif et non plus sur le seul marché monétaire ; prenant un caractère massif avec le Quantitative Easing ; taux d’intérêt négatifs etc.


Ce faisant, alors que l’orthodoxie anti-inflationniste originelle des banques centrales avait pour corollaire le rigorisme budgétaire et les politiques de libéralisation, un nouvel implicite émerge peu à peu, où la permissivité en matière d’endettement public est mise au service de la profitabilité du capital. Au partage toujours plus favorable au capital, correspondent des transferts publics à crédit sur les ménages qui exonèrent les entreprises d’une partie du coût du travail et désarment la vindicte sociale. De gardiennes de la monnaie au sens étroit, les Banques Centrales sont devenues les gardiennes de l’argent au sens large, autrement dit de la richesse et des pouvoirs qu’elle confère à une minorité. L’objectif de stabilité des prix, s’est étendu à la stabilité financière, puis à la stabilité sociale. Derrière leur immuabilité de façade, les institutions opèrent des mutations silencieuses qui peuvent changer la face d’une économie.


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