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Les malheurs allemands font-ils le bonheur des autres ?

Publié le mercredi 13 mars 2024 . 5 min. 14

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Les déboires industriels allemands seraient-ils en train de faire le bonheur de ses partenaires européens ? C’est ce que pourrait suggérer la hiérarchie des croissances au sein de l’UE en 2023, où les économies du sud surclassent, une fois n’est pas coutume, celles du centre et même de l’Est. Si cette hypothèse est vraie, encore faut-il être capable d’en expliquer les mécanismes. Certes, depuis la fin des années 2000, la domination industrielle allemande a été vécue comme un étouffoir des marges et des volumes des nations périphériques. Et si l’on compare aujourd’hui la dynamique de la production manufacturière de l’Allemagne à celle du reste de l’UE, tout laisse penser que la dégringolade allemande a créé un appel d’air pour le reste de l’Europe. Mais comment est-ce possible ? 1/ l’Allemagne est aussi une grande nation importatrice. Elle inclut dans sa chaîne de sous-traitance toute une série de pays dont on imagine mal qu’ils puissent avoir dorénavant une dynamique autonome. 2/ Elle occupe des créneaux à forte valeur ajoutée réputés inexpugnables. Difficile d’imaginer que les pays périphériques aient réussi en si peu d’années à l’en déloger.


Le cas irlandais


Il faut entrer plus finement dans les données pour comprendre que, malheureusement, nous ne vivons pas l’heure de la revanche du Sud ou de l’Ouest européen. Tout au plus une hétérogénéité de situations nationales qui crée un effet amortisseur. Derrière la robustesse apparente de l’industrie non germanique, il y a d’abord l’incroyable effet trompe-l'œil du cheval de Troie irlandais. Le détournement de valeur du paradis fiscal européen prend des dimensions telles qu’elles biaisent gravement l’analyse. Et pour cause, la production manufacturière irlandaise surplombe de 80% en 2023 son niveau de 2018. Ce ne sont certes pour la plupart que des géants anglo-saxons qui élisent domicile sur le territoire pour y facturer leurs produits et y héberger leurs profits. Mais avec de tels prix de transfert, comptablement cela est compté comme de la valeur ajoutée. Ce jeu d’optimisation prend des proportions toujours plus phénoménales, de sorte que la part de l’Irlande dans la valeur ajoutée de l’UE est passée depuis 2018 de 5% à 7-8%. Or, il s’agit bien davantage d’une prédation de parts de marché par les États-Unis et le Royaume-Uni que d’une création de valeur.


La percée d’autres petits pays


À ce cas extrême, il faut ajouter deux autres cas singuliers mais aux effets significatifs sur la moyenne. D’abord celui du Danemark, dont la production manufacturière surplombe de plus de 40% ses niveaux de 2018. Le pays a joué à plein l’avantage que lui procure le fait de produire du gaz et du pétrole. Mais surtout, il a développé des positionnements porteurs de niche à très forte valeur ajoutée, notamment dans la pharmacie, l’éolien et les biens d’équipement dont il récolte les dividendes. Autre trajectoire singulière, celle de la Grèce, dont le dynamisme industriel ne marque que le retour du pays sur sa ligne de flottaison après sa descente aux enfers des deux dernières décennies. Et in fine, lorsque l’on additionne ces trois petites économies, il apparaît que le reflux allemand dans la valeur ajoutée européenne a pour effet miroir la percée exceptionnelle d’un très petit nombre de pays.


Dynamiques industrielles variées en Europe


Si l’on place le focus maintenant sur les régions sur lesquelles on peut attendre des retombées plus mécaniques des déboires allemands, d’une part les PECO, qui entrent dans la chaîne de valeur allemande et de l’autre les puissances industrielles intermédiaires, France, Italie et Espagne, en rivalité plus directe avec la production allemande, deux conclusions majeures ressortent :


1. Les pays de l’Est, qui avaient été embarqués dans le sillage allemand, voient se briser leur dynamique exceptionnelle. Ils ne sont néanmoins pas emportés dans la chute de leur donneur d’ordres. Une résistance qui est due d’abord au fait que de plus en plus d’industries allemandes, sur un mode défensif, délocalisent leur production sur ces territoires. Ensuite au fait que certains de ces pays se bâtissent peu à peu une dynamique autonome sur la base d’avantages qui leur sont propres, à l’instar de la Pologne, sur les batteries, l’électroménager ou les semi-conducteurs.


2. Pour les économies intermédiaires, France, Italie, Espagne, le bilan est plus amer. Elles demeurent plantées, en dessous des niveaux qui prévalaient avant 2008 et même 2019. La récession allemande ne les embarque pas dans les abysses, le repli de la consommation sur le moyen de gamme jouant en leur faveur. Mais au-delà d’un volontarisme de façade, ces pays n’ont toujours pas su relancer leur moteur industriel sur de nouveaux créneaux porteurs, et faute de l’avoir fait à temps, ils trouvent maintenant face à eux des industriels allemands en perte d’assurance et prêts à en découdre.


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