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Dans un monde multipolaire, l’Europe est-elle condamnée au déclin ? C’est ce que nous dit sa démographie, et surtout sa population active en recul et vieillissante. C’est ce que nous dit aussi sa productivité. C’est ce que nous dit la perte de vitesse de son épicentre industriel rhénan ; c’est ce que nous dit encore sa faible maîtrise des ressources stratégiques ; ou le sous-dimensionnement et le défaut de coordination de sa défense.


La solidarité occidentale en déclin


Dans ce nouveau contexte géopolitique, la solidarité occidentale s’étiole. Les États-Unis jouent de plus en plus la carte de leur réindustrialisation en solo et renforcent leur ascendant énergétique sur l’Europe. Ils risquent demain de se défausser en matière de solidarité militaire. Quant à la Chine, elle déplace son offensive industrielle sur les secteurs à plus forte valeur ajoutée, ceux notamment de la transformation climatique, du digital et de la mobilité, bousculant l’Allemagne.


Face à cela, les atouts européens paraissent minces. L’UE peut mobiliser encore davantage sa main-d’œuvre disponible (temps de travail, taux d’emploi), mais marginalement, pour conjurer quelque temps son déclin démographique. Elle peut rehausser toujours plus ses qualifications en investissant dans la formation, mais avec des effets très diffus et un risque élevé de déclassement des diplômes si la montée en gamme productive ne s’opère pas.


En vérité, pour conjurer sa relégation, l’UE dispose surtout de trois atouts peu partagés au plan mondial. Une monnaie stable, seconde devise de réserve. Des infrastructures financières et bancaires solides, matures et internationalisées ; et surtout d’un excédent d’épargne structurel. Ce dernier élément supposant un surcroît d’offre compétitive sur la demande intérieure.


Fragilité de l'avantage européen


Or ce dernier avantage, sur lequel reposent les deux premiers, est fragile : les difficultés du cœur industriel rhénan, les lacunes grandissantes en matière d’infrastructures, les retards accumulés en matière de R&D, la vassalité digitale de l’Europe et la faiblesse de son positionnement dans les chaînes de valeur de la transformation climatique menacent très fortement cet avantage. Le temps est compté. Et si l’UE ne parvient pas à opérer sa mue productive dans un délai court, elle perdra la carte maîtresse qu’elle a encore dans son jeu. Cela signifie que cette épargne soit fléchée prioritairement sur son territoire, qu’un véritable effort d’investissement coordonné soit mis en œuvre.


L’UE dispose de deux voies pour européaniser les débouchés de son épargne. La voie libérale, qui décharge les États d’une mission industrielle, misant d’abord sur l’efficacité des canaux privés de financement ; c’est la politique à laquelle elle s’est attelée depuis la création de l’euro. Avec pour premier préalable, la quête d’une crédibilité financière, misant sur une devise stable, des marchés profonds et liquides ; avec pour second préalable des entreprises rentables et de taille suffisante pour bénéficier d’effets d’échelle et d’un pouvoir de marché permettant d’asseoir l’attractivité des titres qu’elles émettent ; l’UE a misé pour cela sur les politiques dites structurelles à haute dose de concurrence, pour renforcer l’efficacité et l’attractivité des entreprises européennes, par effet de sélection.


Les limites de la stratégie libérale


Les limites de cette stratégie sont aujourd’hui palpables. Avec une hétérogénéité réglementaire qui demeure, et notamment la présence de paradis fiscaux qui surpondèrent l’influence de petits territoires dans l’allocation des capitaux. Avec une évaporation de l’épargne domestique en quête de rendement vers le grand large. En témoigne le déficit structurel de la balance des IDE de l’UE. Avec un biais domestique des investissements nationaux ; des barrières culturelles qui persistent et des intérêts nationaux qui prévalent sur l’intérêt productif de l’espace européen ; avec pour conséquence, une fragmentation productive dans les secteurs névralgiques des télécoms, du transport ou de l’énergie par exemple, qui ne permet pas de faire jeu égal avec les États-Unis ou la Chine ; Airbus demeurant une exception.


L’autre voie est celle d’une mutualisation et d’un renforcement des moyens financiers au niveau communautaire. C’est le serpent de mer d’un budget renforcé, développant ses compétences en matière de politique industrielle et de planification stratégique, levant de la dette commune. C’est précisément la brèche qui s’est ouverte durant le Covid. Et c’est l’essai à transformer dans les prochaines années. La seule façon de mettre massivement, dans un délai court, l’épargne de l’UE au service de ses intérêts stratégiques. Une idée servie par l’urgence, comme toutes celles qui font bouger les lignes de l’intégration, et qui gagne maintenant les esprits les plus sages.


Publié le mercredi 15 mai 2024 . 5 min. 14

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