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Régionaliser les chaînes de valeur : un impératif stratégique

Publié le mercredi 6 avril 2022 . 5 min. 37

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Après la guerre chaude ukrainienne, le monde fait un pas de plus vers une nouvelle guerre froide. Cette dernière, en dépit des circonstances présentes, ne fait pas revivre la rivalité États-Unis/URSS. C’est bien la course hégémonique Chine/États-Unis qui franchit un nouveau cap, même si à ce stade les différents pôles du monde ne sont pas encore alignés en deux fronts rangés.


Le mythe d’une mondialisation commerciale pacifiant le monde est mort


La Première Guerre froide opposait deux superpuissances disposant d’une forte autonomie du point de vue de l’énergie et des matières premières. Côté américain, leur indépendance n’était pas totale. Malgré leurs vastes ressources, les US furent globalement importateurs nets d’énergie de 1953 à 2018, cette dépendance culminant à 30% vers 2005. Mais globalement, comme l’URSS, l’Amérique, contrairement à l’Europe, disposait des réserves pour un fonctionnement quasi autarcique de son économie. Et si la question du contrôle et de la sécurisation des approvisionnements énergétiques faisait partie des intentions cachées de la guerre d’influence que se livraient les blocs, notamment au Moyen-Orient, elle n’en était pas le ressort premier. Forte de sa relative indépendance, la préoccupation première des États-Unis après les deux premiers chocs pétroliers fut de déverrouiller les marchés, d’étendre sa zone de libre-échange en brisant les anciennes sphères d’influence coloniale, pour qu’à travers le commerce, les pétrodollars accumulés dans le monde soient en partie recyclés en Occident. La libéralisation et la réciprocité des échanges ont été le mantra de la politique américaine. Avec l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001, puis de la Russie en 2012, l’Occident pensait avoir franchi un seuil de plus dans l’aplanissement du monde. Avec pour credo que le multilatéralisme commercial achèverait la mue libérale de ces deux empires, participant à la pacification du monde.


Or, c’est tout cet édifice de croyance qui s’est progressivement fissuré et s’effondre maintenant sous le coup des chocs récents. L’un après l’autre, ces chocs ont surligné le talon d’Achille lié à nos dépendances stratégiques inhérentes à la globalisation des échanges. Le mythe d’une mondialisation commerciale pacifiant le monde, homogénéisant les régimes, est bien mort. Celui d’un village monde a vécu lui aussi, où les enjeux de localisation et de géographie des chaînes de valeur étant indifférents pouvaient être laissés aux arbitrages de marché. Et avec lui aussi tout le dogme de l’efficience et de l’hyperfluidité des marchés à coût de transaction nul et son corollaire du flux tendu, du zéro stock assigné aux entreprises, comme Graal de la performance.


La logique de bloc reprend ses droits


Derrière cette bascule, plusieurs catalyseurs : la guerre en Ukraine qui rappelle la vulnérabilité des approvisionnements énergétiques européens, mais aussi la crise sanitaire qui a dévoilé notre incroyable dépendance médicamenteuse à la Chine, ou encore les menaces chinoises de tarir les exportations de terres rares vers les États-Unis, au moment du bras de fer commercial qui l’opposait à l’administration Trump en 2019.


Ces crises rapprochées ont mis en avant le fait que certaines zones du monde s’étaient constituées des monopoles stratégiques pouvant jouer comme autant d’armes redoutables sur nos économies. Les pays avancés ont pris la mesure de leur vulnérabilité sur des intérêts vitaux qui ont profondément changé de nature en l’espace de deux décennies. Avec pour arrière-plan : une profonde mue de nos systèmes productifs, dont l’architecture, livrée aux arbitrages de marché, focalisée sur les enjeux de rentabilité, a totalement sous-pondéré les questions de sécurité.


Or, l’importance névralgique de nos infrastructures digitales, dont dépendent toutes nos transactions de marché ou nos interactions sociales et l’accélération des agendas climatiques reconfigurent à marche forcée la géographie de nos dépendances stratégiques. Un grain de sable en amont de ces filières peut paralyser des pans considérables de nos économies. Au stade où nous en sommes, nos industries pharmaceutiques, de défense (par exemple pour les systèmes de guidage de missiles), de microprocesseurs, en passant par les voitures électriques et les énergies renouvelables (éoliennes offshore, panneaux solaires…) dépendent à 80 % de la Chine pour les principes actifs et les terres rares en amont des chaînes de valeur. Idem pour le palladium, en amont de l’industrie automobile, dont la Russie assure 40% des approvisionnements mondiaux.


Bref, la guerre de conquête idéologique de la globalisation a échoué. Et les pays occidentaux doivent jouer dorénavant en défense. Soit en rétablissant un équilibre de la terreur en matière commerciale, soit en réduisant leur dépendance vis-à-vis de leurs rivaux. La Chine jouera de son côté une autre partition, reflet de sa vulnérabilité à l’Occident : réduire sa dépendance aux devises et système de paiement occidental. La déconnexion économique ne sera pas totale. Mais la logique de bloc reprend ses droits, engageant le monde dans une guerre froide qui sera d’abord commerciale


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