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Superprofits et inflation : le capitalisme malade de la concentration

Publié le lundi 24 octobre 2022 . 5 min. 28

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Le capitalisme est-il malade de sa concentration ? Quand l’appareil productif répond à un surcroît de demande par des hausses de prix plutôt que des volumes, il est légitime de s’interroger sur ce qui sous-tend cette rigidité de l’offre.


L’inflation US repose sur des facteurs spécifiques à cette économie


Le processus de diffusion de l’inflation mondiale trouve son origine dans plusieurs foyers primaires, que l’on connaît : la flambée des prix de l’énergie et des matières premières, d’une intensité déjà connue, mais avec une incidence bien plus forte sur les prix à la consommation que dans les années 2010. Ce catalyseur ne suffit donc pas à lui seul à expliquer l’ampleur du phénomène. Pas plus que la fièvre sur les matières agricoles, notamment le blé, attisée par la guerre et le climat, mais qui elle aussi est en territoire connu.


Il existe en fait un troisième foyer primaire, rarement pointé comme tel. L’inflation américaine qui a des facteurs spécifiques à cette économie. Et dont la diffusion à l’ensemble des produits est à la fois plus précoce et plus intense qu’en Europe. En témoigne l’inflation sous-jacente, celle qui élimine la contribution des composantes les plus volatiles, que sont l’énergie et l’alimentaire. C’est un indicateur bien plus parlant de la profondeur et de la généralisation du phénomène. De ce point de vue, les États-Unis font figure de troisième foyer primaire pour l’Europe, d’autant plus puissant qu’il s’accompagne d’une hausse concomitante du dollar, à l’égard de la plupart des monnaies du monde, renchérissant les importations libellées dans cette devise.


L’inflation US, à la fois plus précoce et plus ample, repose en effet sur des déterminants autonomes. Le choc de prix sur les intrants importés, même s’il est significatif, est de bien moindre ampleur aussi. Notamment concernant le gaz, dont la part dans la consommation énergétique primaire est supérieure à celle de l’UE. Tout expliquer par un choc externe est donc réducteur. D’ailleurs lorsque l’on met le focus sur la hausse des prix des biens et services américains exportés, on voit clairement que l’inflation américaine surenchérit sur l’inflation importée, alors même que la valorisation du dollar aurait dû conduire les entreprises à modérer leurs prix et compresser leurs marges pour maintenir leur compétitivité.


Montée des profits par unité produite


Si l’on ouvre maintenant le capot de l’inflation pour scruter les comportements de prix des entreprises, leur caractère atypique saute aux yeux. On assiste non seulement à une nette accélération de la hausse des coûts salariaux par unité produite, mais aussi à une poussée plus tardive des coûts non salariaux, notamment financiers, et surtout chose beaucoup plus surprenante, à une montée des profits par unité produite. La hausse des prix, non seulement absorbe l’intégralité de la hausse des coûts, mais de surcroît l’inflation se transforme en une opportunité pour accroître les profits. Cela signifie que le poids des entreprises n’ayant pas de comportements de marge et ne craignant pas le risque d’une fragilisation de leurs parts de marché est dominant.


C’est ici que l’on reboucle avec la question initiale. Ces comportements n’auraient-ils pas un lien avec le fort degré de concentration du tissu productif américain ? Thomas Philippon, dans son livre The Great Reversal avait alerté en 2019 sur les évolutions récentes de la concentration aux États-Unis, qu’il associait à un cadre législatif de moins en moins protecteur de la concurrence, à la différence de l’Europe. Entre 2001 et 2012, les huit plus grandes entreprises des États-Unis et du Canada ont ainsi vu leur part dans les ventes augmenter en moyenne de 8 points de pourcentage, contre seulement 4 points pour les huit leaders européens. Or, le jeu des fusions-acquisitions ne s’est pas modéré depuis, boosté par l’argent gratuit et l’intérêt des fonds de gestion, présents dans de plus en plus d’entreprises d’un même secteur, à faciliter les regroupements pour accroître le pouvoir de marché des entreprises qu’elles détiennent et avec lui, la valeur actionnariale. Or, forte concentration, cela signifie plus de pouvoir pour fixer son prix. Mais aussi plus âpre concurrence pour attirer les compétences locales compte tenu du sur-dimensionnement des besoins. Ce qui pourrait expliquer aussi la vigueur de la boucle prix/salaires outre-Atlantique.


L’essor des modèles à coûts fixes


Les spécialistes de la concentration surlignent une autre dimension du phénomène. La montée des entreprises à coûts fixes, dont la survalorisation renvoie à l’étendue de leur réseau, laquelle constitue une barrière à l’entrée infranchissable pour les concurrents potentiels. Mais par définition, ce type d’entreprises, dont la capitalisation boursière rend compte d’un actif immatériel très spécifique, à fort contenu humain, non cessible, n’aborde pas les chocs contraires par un downsizing de leurs effectifs, au risque de torpiller leur valeur. Elles reportent donc les hausses de coûts sur leurs tarifs.


Si l’on ajoute à cela que l’accélération des coûts unitaires du travail combine une hausse des salaires mais aussi une décélération de la productivité, et que cette décélération peut-être aussi le symptôme d’une moindre intensité concurrentielle, alors oui, on peut sérieusement suspecter l’inflation, d’avoir comme dans les années 70 des racines structurelles, l’énergie faisant office de simple détonateur.


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