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Avec l’accélération de la mondialisation puis l’avènement de l’euro, l’Union européenne (UE) a d’abord misé sur les politiques de concurrence pour muscler son économie. Approfondissement de la libre circulation des personnes, des produits et des capitaux. Faibles barrières douanières ; prohibition des aides qui peuvent biaiser la concurrence entre pays ; lutte anti-concentration. À cela s’ajoutent tout l’attirail des politiques structurelles, destinées à renforcer la compétitivité des territoires et le carcan des règles limitant l’artifice d’une croissance par la dette.


Les crises remettent en question l'ordo-libéralisme européen


La succession des crises depuis 2008 a écorné cette représentation d’une Europe ordo-libérale, hostile aux transferts où chacun doit mériter sa place en ne comptant que sur ses propres forces. Les lignes bougent ; il y a d’abord la grande dérogation à tous les préceptes de la stabilité à partir de 2008. Avec notamment une alliance de la BCE et des États pour organiser sur un mode interventionniste le maintien à flot des économies. Ensuite, la consolidation budgétaire désastreuse menée à partir de 2010, qui a conduit à la crise de l’euro et au psychodrame grec. Il y a encore le message à double détente du Brexit qui met en alerte dans un premier temps sur la tentation des pays périphériques à se désolidariser et sur le risque imminent d’une désagrégation de l’édifice européen. Un cavalier seul qui révèle dans un second temps, face aux écueils rencontrés par l’économie britannique, que l’UE et la zone euro ont des vertus protectrices sous-estimées. Enfin, les crises ont mis en exergue une série d’enjeux stratégiques vitaux, sanitaires, climatiques, industriels, sécuritaires, sous-investis par les États, et qui ne peuvent être traités efficacement qu’à un niveau supranational.


Une doctrine inchangée malgré les crises


La nécessité a infléchi les pratiques, mais sans remettre en cause la doctrine. Les transgressions ont toujours été présentées comme exceptionnelles. Mais elles constituent néanmoins autant de galops d’essai en vue d’une transformation plus profonde. Où la vieille Europe, sans moteur démographique, dotée d’avantages comparatifs qui s’étiolent dans la course numérique et climatique, débordée par les rivalités hégémoniques d’autres régions du monde, se voit contrainte de jouer en défense. Jouer en défense, cela veut dire abandonner peu à peu l’objectif lénifiant et hors sol, de devenir, grâce aux vertus de la concurrence, la première économie de la connaissance du monde. Pragmatisme oblige, l’heure n’est plus au mirage de la stratégie de Lisbonne des années 2000, ou de la Stratégie Europe 2020, celle d’une transformation sans coût budgétaire, ne misant que sur les effets magiques des réformes structurelles. Le paradigme de l’Europe protectrice, avec tous les coûts inhérents au renforcement des digues, prend peu à peu le dessus sur l’Europe de la concurrence désarmée budgétairement.


L’Europe doit renforcer ses protections


Sur tous les fronts, de nouveaux objectifs s’imposent, qui amèneront inévitablement une réforme des institutions, pour dimensionner des efforts qui ne sont plus à la portée des États. Renforcer la protection au sens sécuritaire du terme d’abord. L’Europe ne dispose ni des capacités offensives ni défensives pour affronter un conflit de haute intensité. La crédibilité passe par l’élaboration d’un véritable complexe militaro-industriel, cohérent, sans doublon, mobilisant des technologies européennes, impulsé par une commandite publique, coordonnée, voire mutualisée au plan communautaire. D’où l’âpreté des débats franco-allemands concernant la configuration du futur bouclier anti-missiles.


Renforcer nos protections commerciales face au dumping environnemental, énergétique et social, qui menace l’industrie européenne. En réponse aux choix protectionnistes américains ou aux surcapacités industrielles subventionnées de la Chine, menaçant d’évincer l’Europe sur les segments à haute valeur ajoutée (automobile, aéronautique, équipements, etc.), l’UE ne peut rester inerte. Un mécanisme de taxation carbone est entré en phase de test l’an dernier. C’est un premier balbutiement sur le chemin d’une base fiscale armant un budget européen élargi.


Revaloriser les segments stratégiques


Renforcer nos protections sur les segments stratégiques de nos chaînes de valeur. Crise sanitaire, guerre, accélération climatique ont révélé la vulnérabilité des filières européennes et le sous-investissement chronique dans les infrastructures clés. L’Europe a besoin d’un architecte pour aborder les transformations industrielles contemporaines. État stratège, fléchage de l’épargne, planification stratégique, mutualisation de la dette, ne sonnent plus comme des gros mots, même au plus haut niveau.


Et face aux turbulences financières, migratoires, c’est encore sous l’angle de la protection que l’Europe doit se concevoir. Bref, l’UE a loupé la carte de la puissance, mais elle peut encore jouer celle de la résistance et de la sécurité face aux incertitudes contemporaines.


Publié le lundi 27 mai 2024 . 5 min. 27

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