Xerfi Canal présente l'analyse de Pascale Mollo, Chargée de mission Xerfi
L'appétit de la Chine pour les entreprises françaises semble insatiable. Et les exemples ne manquent pas : montée en puissance dans le capital du Club Med, rachat d'une trentaine d'exploitations viticoles du bordelais, ou encore projet d'un gigantesque pôle d'affaires en Lorraine. De là à dire que la Chine fait main basse sur notre patrimoine national, il y a un pas que certains s'empressent de franchir.
Plus sérieusement, d'autres y voient le signe de l'attractivité de la France. C'est le cas de l'Association française des investissements internationaux. L'AFII qui se réjouit de l'accélération des investissements chinois en France ces dernières années et qui a recensé 34 projets d'investissements l'an dernier. Si le nombre de projets a fortement augmenté, les montants investis restent, eux, anecdotiques.
Car la Chine est loin, très loin de figurer parmi les premiers pays à investir dans l'Hexagone. Pour bien comprendre, il faut examiner les investissements directs étrangers, les fameux IDE. Et que voit-on ? Que la Chine, c'est moins de 0,1% du total des stocks investis en France contre plus de 95% pour l'Union européenne et les pays industrialisés. Mais les stocks d'IDE sont un cumul à un instant t, héritage d'une longue histoire.
Pour avoir une vision plus précise de la réalité actuelle des investissements chinois en France, mieux vaut regarder les flux entrants d'IDE sur une période récente. Des flux forcément volatiles. Pour lisser les évolutions conjoncturelles, nous avons donc retenu une période de 5 ans, soit 2007-2011. Et que voit-on ? Que la Chine se hisse avec difficulté en 18e position avec 562 millions d'euros investis. C'est 0,6% seulement du total des investissements étrangers reçus par l'Hexagone sur la période. La Chine se retrouve ainsi coincée entre Singapour et le Mexique. A titre de comparaison, Chypre se classe au 11e rang et le Qatar au 13e. Alors qui sont les premiers pays à investir en France ? C'est d'abord, la Belgique puis l'Allemagne. En réalité, les flux d'IDE reçus entre 2007 et 2011 viennent à 88% des pays de l'OCDE (le club des économies industrialisées) et à 64% de l'Union européenne.
En réalité, c'est bien plus la France qui investit en Chine que l'empire du Milieu qui rachète la France. On a compris que l'IDE chinois en France est très modeste. Modeste quand on le compare à d'autres pays et encore davantage comparé aux IDE français en Chine. Jugez plutôt. La Chine a accueilli un total de 6,7 milliards d'euros d'IDE français entre 2007 et 2011, contre 562 millions d'investissements chinois reçus par la France. Autrement dit, la France - un pays de multinationales - a investi 13 fois plus en Chine que la Chine en France.
Quoi qu'il en soit, l'impact d'un IDE est toujours globalement positif pour l'économie du pays de destination. Au pire, cet IDE maintient voire crée des emplois dans le pays destinataire. Au mieux, il participe à la réduction du déficit commercial, a fortiori quand l'investisseur étranger a pour ambition de réexporter les biens produits localement vers son marché domestique. C'est bien l'intention de la Chine avec la prochaine construction d'une laiterie en Bretagne. Du lait français pour les nourrissons chinois ! Mais ce ne sera qu'une modeste contribution à la réduction du colossal déficit commercial de la France envers la Chine, un déficit de 26 milliards d'euros !
Pascale Mollo, La Chine rachète la France, vraiment ?, une vidéo Xerfi Canal
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