Mon billet libéral du jour porte sur le grand retour de la planification.
Au cours de la campagne, la planification écologique a été présentée, jusqu’à la droite, comme la bonne méthode pour lutter contre le réchauffement climatique.
Bien sûr, c’est pour sa charge sémantique que le mot a été réhabilité. Et c’est pour cette même raison qu’il doit être regardé avec circonspection.
Premier message : la planification écologique est nécessaire parce que le marché ne fonctionne pas. « Il faut sortir les biens communs des griffes du marché », proclame ainsi Jean-Luc Mélenchon. En ce sens, l’écologisme dirigiste est un anticapitalisme.
Que le capitalisme industriel ait épuisé la planète, comme si les ressources naturelles étaient gratuites, est une évidence. Mais le collectivisme soviétique à l’époque, ou le capitalisme autoritaire chinois aujourd’hui polluent tout autant, sinon davantage.
Quant à l’Etat planificateur, c’est lui qui dans les années 70 a poussé la France dans le tout diesel. Lui qui, à travers la programmation pluriannuelle de l’énergie, prévoyait il n’y a pas si longtemps de fermer une partie du parc nucléaire.
Et encore lui qui, face à l’hostilité sociale, s’est montré incapable de programmer une montée en puissance progressive, donc – oui ! – planifiée de la taxe carbone,
–solution pour donner un prix à la pollution
–solution pour inciter entreprises et ménages d’adapter leurs comportements. En toute liberté.
C’était la solution de marché.
Christian Gollier, économiste et directeur général de la Toulouse School of economics, le dit clairement : un petit père des peuples omnipotent et omniscient qui déciderait de tout, ce n’est pas efficace alors que l’incitation donnée par le prix du carbone permet d’aligner tous les intérêts individuels sur l’intérêt général.
Le libéral Friedrich Hayek jugeait la planification inefficace parce qu’une société dirigée, c’est une société limitée aux capacités cognitives de ceux qui la dirigent.
Second message : parler de planification, c’est ressusciter la mystique gaullienne, un volontarisme en majesté.
Ce volontarisme est pour partie justifié par l’incapacité du secteur privé à relever certains défis technologiques. Façon de réhabiliter le temps long, selon les mots d’Emmanuel Macron, le come-back du Haut Commissariat au plan jouait déjà de cette corde.
Favorable à ce que l’Etat se dote d’un outil de prospective, Geoffroy Roux de Bézieux, le patron des patrons, relativise les succès de la planification à la française. Dans les années 1960, le plan Calcul est un échec au moment-même où, aux Etats-Unis, les premières sociétés de capital-risque lancent la révolution informatique.
Dans son livre L’intendance suivra, le président du Medef note : « Un système d’innovation décentralisé et darwinien, qui combine excellence universitaire et enrichissement très rapide, qui accepte un taux d’échec très élevé est, pour créer des innovations de rupture, cent fois plus efficace que la planification centralisée. »
La preuve par l’ARN messager…
Le libéral Karl Popper jugeait la planification dangereuse : poussée jusqu’au bout de sa logique, elle conduit à une centralisation extrême du pouvoir, qui débouche sur une destruction de la liberté. Car le pouvoir central, sous prétexte de rationaliser l’usage des ressources, s’arroge le droit de priver les citoyens d’initiatives, de leur imposer par la force des formes déterminées de conduite.
La planification : inefficace et dangereuse.
Publié le mercredi 04 mai 2022 . 4 min. 14
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de Rémi Godeau
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