Avec ses tresses raides et son air renfrogné, Greta Thunberg se trompe. Sur le climat, la jeune activiste suédoise exhorte nos dirigeants « à paniquer ».
Mais la priorité, ce n’est pas de paniquer. Elle est de dire la vérité.
Et d’abord en France. Où ceux qui pourfendaient la mondialisation heureuse défendent à présent une transition écologique… heureuse. Avec les mêmes excès, les mêmes biais idéologiques. Et souvent les mêmes sous-entendus anticapitalistes ou antilibéraux.
D’évidence, les politiques de lutte contre la pollution et le réchauffement climatique seront douloureuses, pour ne pas dire punitives. Pour tous, puisque nous sommes tous pollueurs, donc tous payeurs en puissance.
Elle sera douloureuse parce qu’au final, il faudra bien payer plus cher l’énergie fossile. Alors bien sûr, des mesures de compensation pourront atténuer l’impact pour les plus démunis,
[… c’est ce que n’a pas fait le gouvernement avec la taxe carbone…]
Mais à la fin, il s’agit bien d’envoyer un signal prix aux pollueurs pour qu’ils intègrent la pollution dans leurs décisions, pour qu’ils soient incités à changer de comportement.
Comme le dit Christian Gollier, directeur général de la Toulouse School of Economics : «Notre responsabilité nous oblige de nous auto-infliger un grand choc pétrolier en abandonnant des ressources fossiles qui sont peu chères comparées aux énergies renouvelables.»
La transition écologique, la sortie du carbone, va ainsi coûter des centaines de milliards d’euros. Et il faudra les prendre dans la poche des ménages, sur les comptes des entreprises.
A cette aune, le débat économique s’annonce passionnant. Et indispensable car aujourd’hui, les partis politiques nous vendent une transition enchantée. Au mieux démagogique, au pire inconsciente.
Les questions sont multiples.
– Peut-on à la fois défendre le pouvoir d’achat et des mesures écologiques très attentatoires à ce même pouvoir d’achat ? Une partie des écologistes sont pour la décroissance. Pour eux, la question clé n’est pas la redistribution des richesses, mais bien la moindre production…
–Comment réintégrer une taxe carbone quand, déjà le niveau des prélèvements obligatoires atteint des records, sans mettre en danger la compétitivité des entreprises ?
–Et comment recréer un nouveau contrat entre les générations, sachant que lorsque vous émettez une tonne de CO2, les dommages se réalisent majoritairement dans le temps long, en moyenne 80 ans ?
Ballotés entre le catastrophisme des uns et l’angélisme des autres, nos élites ont bridé l’émergence d’une responsabilité individuelle, par peur sans doute de braquer les perdants. Et par le mensonge.
Résultat, à coup d’interdictions et autres restrictions, imposées par l’émotion plus que par la rationalité, se met en place de manière pernicieuse une sorte d’autoritarisme vert. Ce n’est pas le moindre des combats…
Publié le jeudi 12 septembre 2019 . 3 min. 36
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