Baisser les impôts, préparer l’avenir.
C’est le slogan que les ministres de Bercy ont choisi cette année pour vendre le projet de budget pour 2020.
Au premier abord, cet intitulé est une petite révolution. Enfin, un gouvernement lie la préparation de l’avenir du pays non pas à davantage de dépenses mais à la baisse des impôts. C’est baisser les impôts POUR préparer l’avenir. Une ode à l’initiative individuelle en somme…
Regardons ça de plus près.
Le ministre des Comptes publics assure que les allégements fiscaux cumulés seront les plus importants de la Ve République. Un exploit : car sur leur mandat, tous les Présidents ont accru les prélèvements obligatoires…
En 2020, nous promet donc le gouvernement, ils pèseront 44,3% du PIB. En 1974, c’était 35,5%. Et cette année-là, Valéry Giscard d’Estaing assurait qu’au-delà de 40%, la France connaîtrait un «vrai changement de société.» Le cap est pourtant franchi… dès 1979. Cette même année, le rapport du 8e plan précise : «Si la dérive des prélèvements obligatoires continuait, elle aboutirait à une incompatibilité avec la société d’initiative et de responsabilité choisie par les Français.»
Bon, on va passer de 44,7% à 44,3%, ce n’est pas la révolution. Mais ne cachons pas notre joie : pour les ménages, le recul atteindra 9 milliards d’euros, soit plus de 20 milliards depuis 2017.
Etrangement, les sondages montrent que les contribuables ne croient qu’à moitié à cette baisse historique. Pour les persuader, peut-être aurait-il fallu préciser le slogan du budget 2020. Quitte à le rallonger un peu. Du genre : Baisser la dépense, baisser les impôts et préparer l’avenir.
C’est un problème. La France garde le niveau de dépenses publiques le plus élevé des 35 pays de l’OCDE – et il faut bien les financer. Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, nous fait le coup de qualifier de baisse une moindre hausse. Bah, bah, bah. C’est vrai, le taux de dépenses publiques rapporté au PIB va passer de 53,8% à 53,4%. Mais en vrais milliards d’euros, la hausse sera de 6,6 milliards.
Moins de recettes fiscales, des dépenses maintenues… le déficit va trinquer, la dette restera stable ou presque. Vous le voyez, le slogan : Creuser le déficit, préparer l’avenir ?
Pas facile…
Je fais l’idiot. On a compris. Ce projet de budget porte les stigmates de la crise des Gilets jaunes. Le gouvernement a décidé de lâcher du lest. A l’adresse des classes moyennes et populaires.
Baisse de l’impôt sur le revenu, suppression de la taxe d’habitation, revalorisation de la prime d’activité, reformatage du crédit d’impôt pour la transition énergétique… Toutes ces mesures apparaissent dans le document de présentation sous la bannière Améliorer le pouvoir d’achat des Français.
A voir la dégradation des comptes de la Sécu et le retard pris sur le redressement des comptes de l’Etat, on comprend ce soutien est fait à crédit
Vous y êtes ? Distribuer du pouvoir d’achat à crédit pour préparer l’avenir, voilà le bon slogan… pas très libéral pour le coup
Publié le lundi 07 octobre 2019 . 4 min. 04
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de Rémi Godeau
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