Les impôts vont augmenter.
En pleine chasse aux fake news, ces propos sont imprundent. Car d’évidence, les impôts vont baisser.
Et d’abord pour les ménages.
Le gouvernement a décidé un allègement de l’impôt sur le revenu, après la baisse de la taxe d’habitation. Cette promesse à 5 milliards d’euros pour les premières tranches du barème suit la réduction de l’ISF, et la création de la flat tax. Ce n’est pas le même public, mais il y a aussi eu le recul sur la CSG pour les petites retraites et la diminution des cotisations pour les salariés…
Oui, les impôts vont baisser. Ont baissé. De 16,5 milliards en 2018, selon des sources parlementaires.
Fort bien, mais à moyen terme. Croyez-vous vraiment que la pression fiscale va continuer de diminuer en France ? Qu’elle ne remontera pas ?
C’est moins sûr. Parce que l’exécutif ne respecte pas une règle de bon sens : le moins d’impôts ne peut être durable que s’il est gagé sur moins de dépenses.
Or, côté dépenses, c’est l’alerte rouge ! La Cour des comptes s’est récemment alarmée de la dégradation du déficit de l’Etat : en 2018, l’Etat a dépensé 22% de plus que ses recettes…
Autre exemple : les effectifs de la Fonction publique d’Etat. Promesse présidentielle : 50.000 suppressions de postes sur le mandat. Prévision «ambitieuse» pour 2018 : 324 postes en moins. Résultat final : 206 embauches !
Du coup, le premier président de la Cour des comptes ne peut que répéter cette évidence : «Il faudrait que les baisses d’impôts soient compensées à due concurrence par une baisse de la dépense publique.»
Oui, il faudrait…
Si vous êtes Keynésien, après tout, tout va bien… La baisse de l’impôt sur le revenu va se traduire par une hausse des salaires et des retraites. Mieux, ciblée sur les moins aisés, elle aura un impact sur la consommation, donc sur la croissance, donc sur les recettes fiscales, donc sur le déficit…
C’est une relance, une relance fiscale, mais c’est une relance.
Mais peut-être êtes-vous ricardien… Dès 1817, l’Anglais David Ricardo a expliqué que les agents économiques, qui ne sont pas stupides, comprennent que le déficit d’aujourd’hui, ce sont les impôts de demain.
•Confrontés à des déficits chroniques et à une dette endémique, les ménages anticipent des augmentations d’impôts futures et épargnent «par précaution» (au détriment de la consommation).
•Alléger la charge fiscale sans toucher aux dépenses publiques ou, si vous préférez, réduire les moyens de l’Etat au moment même où le désir de services publics croît, alimente la défiance, la suspicion d’une prochaine hausse.
Présenté non sans raison comme une critique contre le keynésianisme, le théorème ricardien a été démonté. Notamment parce qu’il fait l’hypothèse de contribuables informés et rationnels.
Il n’empêche… Avec la crise des Gilets jaunes, le gouvernement a diagnostiqué une «exaspération fiscale». Il y a répondu entre autres par un recul de l’impôt sur le revenu.
Mais la crise des finances publiques est telle que le sentiment des contribuables ne va pas changer : ils constatent la dégradation de l’Etat-providence et, comme le disait un Président de gauche, estiment ne pas en avoir pour leur argent. Ils sont méfiants.
Dans ces conditions, la confiance ne reviendra pas car chacun se dit qu’au final, la baisse des impôts – peu crédible parce que non gagée – ne sera pas durable…Pire, qu’elle sera compensée par des hausses moins visibles par ailleurs.
En avril, la collecte du Livret A a été une des meilleures des dix dernières années…
Publié le vendredi 14 juin 2019 . 4 min. 43
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de Rémi Godeau
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