Nombreux sont ceux qui appellent au retour de l’État stratège… Mais à l’heure de la 3e révolution industrielle, celle des plateformes numériques collaboratives, du big et du smart data ou des objets connectés, ne serait-ce pas plutôt aux collectivités locales et en particulier aux villes d’endosser ce rôle ?
Un domaine en particulier dépend largement des stratégies déployées par la ville : il s’agit de la filière du e-commerce et notamment de la logistique, un maillon essentiel de la chaîne de valeur des e-commerçants.
Vous le savez peut-être, le boum du e-commerce pose un certain nombre de problèmes aux logisticiens : la supply chain se complexifie avec la multiplication des points d’expédition et de livraison, ce que l’on appelle la logistique du dernier kilomètre. Dans ce cadre, la rentabilité des logisticiens n’est pas toujours au rendez-vous. Et je n’oublie pas les externalités négatives comme la congestion des centres-villes ou l’augmentation des émissions de CO2…
Donc face au boum du e-commerce, tout l’enjeu pour les logisticiens est de construire une chaîne logistique globale, harmonisée et durable. Et l’une des voies de réussite pour eux est de nouer des alliances avec les villes. Il y a alors trois grands avantages à cette collaboration.
1. D’abord, la ville peut être un catalyseur pour faciliter l’émergence d’un écosystème logistique optimal. Elle est en effet en mesure d’endosser le rôle de planificateur stratégique. C’est ce qu’a fait par exemple la métropole grenobloise qui a adopté début 2015 un plan de logistique urbaine qui prévoit la création d’un centre de distribution urbaine. Ce plan mobilise des acteurs de la logistique, à l’instar du cluster logistique Rhône-Alpes, de La Poste, du transporteur Qualit Express ou encore du coursier Vélocité.
2. La ville est aussi potentiellement une source de nouvelles opportunités de marché pour les logisticiens, notamment dans le cadre des futures smart cities dont le but est d’améliorer la qualité de vie et l’attractivité de la ville par le truchement des technologies numériques. Et leur mise en œuvre appellent des relations et coopérations croisées inédites entre des acteurs variés comme les énergéticiens, les acteurs du transport de personnes, les promoteurs immobiliers, des start-up du numérique ou encore les logisticiens. Bref, ces coopérations nouvelles engendrées par les smart cities ouvriraient au final des opportunités d’affaires aux logisticiens.
3. La ville est aussi un terreau fertile pour inventer de nouveaux business models à travers l’exploitation des data qui apparaît comme le carburant de la smart city. DHL a par exemple mis en place un service d’intelligence environnementale, en équipant ses camions d’un ensemble de capteurs permettant de produire des données sur la qualité de l’air et sur la densité du trafic, l’utilisation des parkings ou encore la pollution sonore. Ces informations sont ensuite commercialisées auprès des pouvoirs publics locaux. Les logisticiens sont donc idéalement placés pour fournir et monétiser des informations détaillées concernant les flux de marchandises qui transitent par leur réseau. Avec à la clé :de nouveaux services et de nouveaux business models pour les logisticiens.
Finalement, par comparaison à un « État stratège », une « ville stratège » favoriserait une vision plus collaborative de la filière du e-commerce et de la chaîne logistique. Le monde du digital a donc bel et bien besoin de villes stratèges.
Publié le jeudi 10 mars 2016 . 3 min. 43
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de Philippe Gattet
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