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A quels experts peut-on vraiment faire confiance ?

Publié le mercredi 9 mars 2022 . 5 min. 08

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Le problème du bruit dans les jugements professionnels peut se résumer simplement : dans toutes nos décisions entre une part de variabilité aléatoire. On peut mesurer la variabilité des jugements entre individus différents, ou même chez le même individu en deux occasions différentes. Et bien sûr, cette variabilité est source d’erreurs : si deux personnes ne sont pas d’accord entre elles (et a fortiori si une personne n’est pas d’accord avec elle-même), il y en a forcément au moins une qui se trompe.

Pour autant, ça ne veut pas dire que tout le monde se trompe tout le temps. Il semble plausible qu’il y ait des gens qui se trompent moins que les autres, c’est-à-dire que, quand ils sont en désaccord avec leurs collègues, ce sont eux qui ont raison et les autres qui se trompent. En d’autres termes, le problème serait résolu si on savait qui sont les vrais experts, ceux à qui on peut faire confiance !

Dans certains domaines, trouver les experts est facile, parce que leurs jugements sont mis quotidiennement à l’épreuve des faits. Si vous êtes météorologiste, joueur d’échec ou trader, votre track record parle pour vous (ou contre vous).

Mais il est assez rare que la performance soit aussi clairement mesurable, et aussi fréquemment mesurée. Si vous êtes analyste politique, juge aux assises, ou… prof de management, il est très difficile d’évaluer rigoureusement la qualité de vos jugements. Le respect qu’on a pour votre compétence ne dépend pas de vos résultats, mais essentiellement de l’estime de vos pairs : vous êtes un expert d’estime.

Il n’y a rien de péjoratif dans le terme expert d’estime. Il caractérise le champ dans lequel un expert exerce, et non sa compétence. Mais choisir de se fier (ou non) à un expert d’estime est délicat, puisqu’on ne peut pas mesurer sa performance passée.

Alors, comment faire ? En-dehors des titres et de la réputation (c’est-à-dire de « l’estime » dont bénéficie l’expert), nous nous fondons souvent sur la qualité des explications d’un expert, et sur l’aplomb avec lequel il les donne. Le « bon client » de la télévision, c’est celui qui assène des jugements catégoriques plutôt que de présenter une position nuancée, ou pire, de reconnaître son incertitude. Nous faisons confiance aux experts qui ont confiance en eux. Cette tendance a un nom : l’heuristique de la confiance.

Hélas, la confiance en soi ne garantit pas un jugement correct. On pourrait même presque dire que c’est tout le contraire ! Phil Tetlock et ses collègues de l’université de Pennsylvanie étudient cette question depuis des dizaines d’années, et ont mené la plus vaste étude jamais conduite sur la qualité du jugement, le Good Judgment Project. Entre autres projets, ces chercheurs ont cherché inlassablement les traits de personnalité qui caractérisent les meilleurs experts – pas ceux qui ont l’estime de leurs pairs : ceux qui prévoient juste.

A leur grande surprise, ils n’ont trouvé qu’une seule caractéristique réellement distinctive, un seul trait de personnalité mesurable qui distingue les meilleurs experts des autres. Ce trait, c’est l’ouverture d’esprit active, un concept développé par le psychologue Jonathan Baron.

L’ouverture d’esprit active, c’est l’état d’esprit de ceux qui cherchent activement des informations qui pourraient les contredire. Pour cela, ils sollicitent des personnes qui vont être en désaccord avec eux ; ils vont chercher des faits nouveaux qui pourraient les faire changer d’avis… Les individus activement ouverts d’esprit pensent qu’« On reconnaît une personne intègre au fait qu’elle accepte d’être convaincue par un argument contraire. » Ils ne sont pas d’accord, en revanche, avec l’idée que « changer d’avis est un signe de faiblesse ». Et ils ne pensent pas que « l’intuition soit le meilleur guide pour prendre des décisions ». Bref, ils cherchent à se prouver qu’ils ont tort ; et se réjouissent de chaque occasion de changer d’avis, pourvu que ce soit pour de bonnes raisons.

Si être un bon expert, c’est être activement ouvert d’esprit, alors nous devrions apprendre à mieux choisir nos experts… car les experts d’estime toujours catégoriques et éternellement sûrs d’eux ne sont pas précisément des modèles d’ouverture d’esprit active.

Quand nous nous demandons à quel expert faire confiance, en particulier dans un domaine que nous ne connaissons pas, nous devrions privilégier les experts qui admettent leurs doutes et leurs incertitudes, et qui sont prêts à changer d’avis quand les faits l’exigent. Et tant pis si ce ne sont pas les stars de Twitter…


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