Près de 95 000 emplois ont été créés en France au premier trimestre 2019 (près de 220 000 en un an), nous dit l’Insee. On ne peut que s’en réjouir mais pour savoir jusqu’où, il faut aller regarder les chiffres dans le détail.
Dans le domaine industriel, les secteurs dynamiques en emplois sont la production/distribution d’eau (+ 2,7 % sur un an) et le matériel de transport (+ 2,7 %). Peut-on vraiment y voir le signe d’un renouveau industriel de la France ?
On peut d’autant plus en douter que l’industrie reste relativement moins dynamique en termes de créations d’emplois que le reste de l’économie : entre 2010 et le premier trimestre 2019, son poids n’a pas cessé de chuter, passant de 14 % à 12 % de l’emploi total. Selon les données de Patrick Artus, économiste en chef de Natixis, pour un emploi industriel à l’indice 100 en 1998, il se situe aujourd’hui à 75. La pente sera difficile à remonter.
Le dynamisme de l’emploi repose d’abord sur les secteurs des services. Le trio de tête des plus fortes croissances en matière de créations de postes se trouve dans les services informatiques (+ 6,5 %), les services juridiques aux entreprises (+ 4,1 %) et l’information et la communication (+ 4 %). C’est-à-dire dans le B to B, les activités d’entreprise à destination d’autres entreprises.
Pour l’enseignement, la santé, l’hébergement médico-social, la croissance de l’emploi est très faible, nulle, voire négative (santé) et très négative dans l’administration publique qui perd des emplois trimestre après trimestre. Une tendance qui finira par se traduire par une baisse de la qualité des services publics.
Les chiffres de création d’emploi du début d’année ont donné lieu à de nombreux commentaires soulignant l’accroissement de la richesse en emplois de la croissance, celle-ci étant due aux mesures de libéralisation du marché du travail prises ces dernières années. C’est aller un peu vite en besogne !
Il faut se rappeler les commentaires des conjoncturistes sur la situation de l’an dernier où l’on se demandait sur les trois premiers trimestres pourquoi les créations d’emplois étaient si faibles compte tenu du niveau de croissance !
Ainsi, si depuis le 4ème trimestre 2018 on constate une reprise des créations d’emploi, le premier facteur d’explication repose sur un effet de rattrapage par rapport aux trimestres précédent de 2018. Les statistiques d’avril indiquent d’ailleurs une baisse des embauches et si l’Insee parie sur des créations d’emplois significatives sur le reste de l’année, c’est à un niveau divisé par deux par rapport au premier trimestre.
Il y a une seconde explication : la politique de la demande d’Emmanuel Macron et sa distribution de pouvoir d’achat. En particulier, la prime de fin d’année distribuée par les entreprises et défiscalisée par le gouvernement : selon les données de la Sécu, si la masse salariale soumise à cotisations sociales dans le secteur privé n’a augmenté que de 0,1 % au premier trimestre 2019, on passe à 1,4 % en intégrant la prime. Il y a clairement eu un effet ponctuel de relance du pouvoir d’achat.
La conclusion des chiffres de ces derniers mois apportent une confirmation claire : en matière de création d’emplois, la politique de demande, ça fonctionne !
Publié le vendredi 12 juillet 2019 . 3 min. 44
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de Christian Chavagneux
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