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Les économistes, on ne les aime pas. On fuit leurs raisonnements mécaniques, leur froideur sociale, leur mathématisation à outrance, on moque leur incapacité à prévoir les crises. Et pourtant, jamais une campagne présidentielle n’aura été autant marquée par la volonté des politiques de bénéficier de leur imprimatur, chacun publiant la liste de leur soutien. Ils restent à leurs yeux un gage de sérieux, de scientificité, de crédibilité des programmes.

 

En retour, les économistes n’ont pas hésité à répondre à leur appel. Ils le font pour deux raisons. La première a été mise en avant par Marion Fourcade, Etienne Ollion et Yann Algan dans une étude critique sur la supposée « supériorité des économistes » sur les autres sciences sociales. Ces experts se considèrent comme les professionnels d’un savoir technique qui leur permet de résoudre à peu près tous les problèmes. Ils « savent » donner les réponses aux questions que se pose le monde. Ah si seulement on voulait bien les écouter, tout irait mieux ! La seconde raison tient à ce que la proximité avec les politiques, et plus encore pour ceux qui ont misé sur le bon cheval, accroît en retour leur niveau de prestige au sein de la discipline et favorise leur promotion dans les médias.

 

Dans ce face à face entre politiques et experts, une question se pose pourtant : qui utilise qui ? Les économistes sont-ils véritablement à même d’influencer les politiques choisies ou bien les dirigeants politiques n’assurent-ils que la promotion des idées qui servent leurs convictions préétablies ? Allons plus loin : les économistes sont-ils des scientifiques qui fournissent les résultats des derniers progrès de la science en toute objectivité ou bien sont-ils des acteurs impliqués par leurs choix personnels, leurs convictions et leurs préférence dans la vie économique et politique de leur pays et les rapports de force qui tentent de la façonner ?

 

Plusieurs éléments récents apportent des réponses.

 

D’abord le livre que vient de publier David Spector, La gauche, la droite et le marché. L’auteur suit l’évolution des grandes idées économiques en France et en Angleterre au XIXe-début du XXe siècle et tire quelques fils jusqu’à aujourd’hui pour voir si cela peut expliquer des rapports différents à l’économie de marché des deux côtés de la Manche. On peut tirer trois conclusions fortes de cette analyse historique :
- Les économistes sont récupérés par les forces politiques et économiques en fonction de la façon ils peuvent servir leurs intérêts ;
- Avec les mêmes outils, on peut suggérer des politiques différentes : lorsque survient la révolution néoclassique à la fin du 19ème, les économistes ont plutôt tendance à faire l’éloge des marchés et à se méfier de l’Etat. Pour autant, plusieurs néoclassiques comme Francis Edgeworth ou Cecil Pigou vont soutenir des politiques de redistribution fiscale et Edward Seligman se battra pour l’instauration d’un impôt progressiste – ce qui souligne au passage le holdup intellectuel des libéraux sur l’économie marginaliste ;
- Quand les économistes investissent le champ politique, on est plus dans les affects et les rapports de force que dans la science. Quand les économistes anglosaxons de la fin du 19ème soutiendront les politiques sociales, les Français resteront complètement hostiles à la mise en œuvre d’un impôt sur le revenu aussi bien qu’aux lois sur les accidents du travail ou les retraites ouvrières. Depuis Jean-Baptiste Say, en France, on ne fait pas l’éloge du capitalisme mais des capitalistes. Cet extrémisme des libéraux, qui tiennent tous les postes institutionnels et définissent l’expression légitime du discours économique, est une exception française. Elle perdure encore aujourd’hui.

 


Enfin, lorsque l’on regarde les listes des économistes qui soutenaient Benoît Hamon, Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon, on y trouve des experts reconnus dans leur domaine, des gens qui publient dans les revues scientifiques, etc. Or, chaque groupe défendait des politiques différentes : il n’y a clairement pas de consensus scientifique sur les politiques à suivre, pas d’état de l’art établi dont il faudrait rejeter tous ceux qui n’y obéissent pas. Les économistes mobilisent les techniques et les raisonnements qu’ils ont appris pour les mettre au service des différents projets politiques qui correspondent à leurs choix ; ce ne sont pas de purs scientifiques dont il faudrait boire les paroles.

 

Un dernier élément ressort de cette campagne comme de celles qui l’ont précédée. Les candidats de gauche et issus de la gauche ont mobilisé largement plus de soutiens d’économistes que ceux de droite. François Fillon est le seul candidat qui n’était soutenu par aucun expert économique de renom. Lorsque Marine Le Pen a tenté d’enrôler les critiques de l’euro de Joseph Stiglitz comme un soutien indirect à ses propositions, elle s’est pris en retour plusieurs tweets de l’Américain affirmant clairement « je ne soutiens pas Marine Le Pen ; pas plus que je ne soutiens ses politiques et son parti ». La droite a toujours du mal à mettre des économistes dans ses vitrines. Sans que cela n’ait jamais eu une influence déterminante, de Nicolas Sarkozy à François Fillon, sur le résultat final…

 

Christian Chavagneux, L'influence des économistes sur les politiques : un marché de dupe, une vidéo Xerfi Canal.



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