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Pourquoi une telle polarisation du débat sur les retraites aujourd’hui ? Entre partisans de la retraite à 65 ans et partisans de la retraite à 60 ans ? Cet emballement est pourtant en profond décalage avec les dernières projections du COR de 2021, théâtralise en fait un faux drame sur la viabilité du financement des retraites et renvoie en vérité à la place accordée par les protagonistes aux politiques de l’offre.


C’est ricrac, mais ça passe selon le COR


Du dernier rapport du COR ressortaient cinq conclusions majeures :


1. Compte tenu du paramétrage actuel, la trajectoire des dépenses de retraite rapportée au PIB demeure maîtrisée, un résultat qui résiste à la crise sanitaire.
2. La dégradation des ratios de dépendance est plus que contrebalancée par la baisse relative à venir des pensions au regard des revenus d’activité ce qui conduit dans tous les scénarios du COR à un recul à long terme de la part des dépenses de retraite dans le PIB..
3. La dégradation du solde de financement des retraites observé en 2020 (-0,7% du PIB), lors de la crise COVID aurait vocation à s’auto-résorber.
4. Les nouvelles perspectives démographiques (avec la révision à la baisse de l’espérance de vie, et la prise en compte de la surmortalité liée à la Covid) contribue même à réduire la part des dépenses de retraite dans le PIB à horizon 2030 par rapport aux dernières projections.
5. Enfin, les différents scénarios déroulés par le COR, montrent que le régime est sur une trajectoire d’équilibre financier.


La lecture de ce rapport aurait dû conduire à l’apaisement. Aucune alerte rouge. Le paramétrage actuel tient la distance. Le COR nous dit en substance que c’est ricrac, mais que ça passe. Nulle marge de manœuvre nous permettant de revenir à la situation de 1981. Nulle urgence non plus d’un durcissement du paramétrage. Et force est de constater que le débat mobilise beaucoup d’arguments tronqués.


La France ne sert pas des retraites généreuses


Côté partisans de la retraite à 65 ans, ce qui est instrumenté, pour réactiver le stress sur la viabilité de notre système, c’est l’âge légal, qui n’est qu’un paramètre parmi d’autres. 62 ans en France pour prendre une retraite à taux plein quand cet âge a été porté à 65 ans ou plus chez la plupart de nos partenaires européens, avec les exemples allemands ou italiens (67 ans) les plus souvent mis en exergue. En ne se focalisant que sur cette dimension, on fait volontairement l’impasse sur la complexité et la variété des paramétrages en Europe.


On passe notamment sous silence le fait que la France dispose d’une des durées de cotisations parmi les plus longues d’Europe et que c’est sur ce paramètre que l’Hexagone a fait peser l’essentiel de l’ajustement jusqu’à présent. Bientôt 43 ans, pour une retraite à taux plein, quand ce seuil est de 45 ans en Allemagne, mais de 35 ans en Espagne, de 40 ans au Portugal ou de 15 à 40 ans, en Italie ou en Grèce. Si l’on considère alors l’âge auquel partira à la retraite un salarié ayant commencé à travailler à 22 ans, âge médian d’entrée dans la vie active, on voit vite que les écarts spectaculaires d’âge légal forcent le trait sur le privilège français. Et compte tenu des réformes déjà actées, l’âge moyen effectif de départ à la retraite sera proche de 64 ans en France vers 2040, sous l’effet des réformes passées et du recul de l’âge d’entrée dans la vie active.


Ce qu’occulte aussi la focalisation sur l’âge légal, c’est que la dégradation des ratios de dépendance n’a pas la même ampleur en France qu’ailleurs. Les conditions d’équilibrage ne sont pas aussi drastiques qu’en Italie notamment compte tenu de l’avantage français en termes de fécondité.


Ce que passe enfin sous silence cette focalisation, c’est que le l’âge légal plus faible que la moyenne européenne, a un prix : contrairement aux idées reçues, la France n’est pas un pays qui sert des retraites généreuses : d’après l’OCDE, le revenu, le niveau de la retraite perçue en pourcentage du revenu d’activité est moindre que la moyenne de l’UE notamment que l’Autriche, l’Espagne, ou l’Italie.


Retraite à 60 ans : un risque de décrochage du niveau de vie des retraites


Côté partisans de la retraite à 60 ans. L’argument semble recevable au premier abord. On demande au salarié moyen de travailler plus longtemps pour préserver la rente exorbitante de quelques hyper-riches. Alors qu’il suffirait de prélever sur ce gâteau énorme pour accroître l’équité et consolider le financement du système. Je passe sur le contrargument évident, du risque d’expatriation des fortunes et de non pérennité des financements proposés. Car ce qui est scandaleusement occulté dans ce parti-pris, c’est le fait que l’équilibrage financier actuel est obtenu, comme le souligne le Cor d’abord au prix d’une paupérisation relative des retraités. C’est le non-dit de la réforme des retraites. Et paramétrer l’âge légal à 60 ans, c’est ajouter une nouvelle contrainte de financement, qui même si elle était résolue par un prélèvement sur les riches, complique la résolution de la question du décrochage programmé du niveau de vie des retraités.


L’avenir des politiques de l’offre


Derrière ces deux versions tronquées de la situation des retraites c’est un autre enjeu qui se joue en fait. Il n’est pas financier. Il s’agit de l’avenir des politiques de l’offre. Améliorer nos ratios de dépendance par l’allongement de la vie active, c’est réduire le poids des retraites dans le PIB… c’est donc ouvrir de nouvelles marges de manœuvre aujourd’hui inexistantes à une baisse des cotisations sociales et donc du coût du travail. Les prélèvements pour financer les retraites représentent actuellement près de 31 % des revenus des actifs. C’est le principal et  dernier réservoir d’allégement potentiel du coût du travail. Que le débat droite gauche tente de se refaire une santé en s’emparant de cet enjeu cela n’a rien d’étonnant. C’est l’éternelle tension entre efficacité et équité qui se met en scène. Opposant ceux qui veulent s’armer face à une concurrence sociale bien réelle… et ceux qui la dénoncent sans détenir pour autant les clés d’un cessez-le-feu.


Publié le mercredi 1 juin 2022 . 5 min. 59

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