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Et si la montée en puissance du télétravail depuis la crise sanitaire n’était que le faux nez d’une transformation plus profonde du travail ? Une aspiration à l’indépendance qui s’affirmerait dans le cadre du salariat et hors du salariat.


La montée des indépendants


La fin du salariat est une prophétie ancienne que l’irruption des plateformes et la grande peur de l’ubérisation ont replacée au cœur des débats ces dernières années. Mais rien n’était vraiment palpable dans les chiffres jusqu’il y a peu : le salariat demeure encore, toujours et de loin, la première forme d’embauche. Tout au plus assistait-on en France ou aux États-Unis à un frémissement de l’emploi non salarié depuis 10 ans, rompant avec son déclin séculaire. Mais ce à quoi l’on assiste depuis le Covid ressemble bel et bien à une accélération de l’histoire. Le frémissement de l’emploi non salarié prend de plus en plus les allures d’une vague. De ce point de vue, le cas français est édifiant.


Le nombre de salariés a certes fortement augmenté depuis fin 2019, jusqu’à la mi-2023, de l’ordre de 1,3 million, soit plus de 5% de hausse. Mais simultanément, l’emploi non salarié a bondi de plus de 15%, gonflant le contingent des indépendants de 460 000 personnes en 3 ans et demi et contribuant à plus du quart des créations d’emploi. C’est considérable.


Diversité des profils d'indépendants


L’Urssaf permet d’affiner l’observation. Car le mot « indépendants » recouvre une multitude de situations très hétérogènes. Première grande tendance : la légère remontée du nombre des indépendants dits « classiques », au nombre de 1,9 million aujourd'hui. Ce statut emblématique des agriculteurs, commerçants, artisans et des professions libérales réglementées interrompt une longue phase de déclin, du fait notamment du rebond des professions libérales qui couvre une très forte poussée des métiers médicaux et paramédicaux, et la poursuite du développement des métiers juridiques et de conseil.


Seconde grande tendance, la très grande vitalité de l’auto-entrepreneuriat, qui ne se dément pas depuis sa création, mais s’intensifie depuis 2017 et la sortie du Covid. De fin 2019 à fin 2022, ce sont 794 000 autoentrepreneurs administrativement actifs qui viennent gonfler les statistiques, une progression qui atteint presque les 500 000 lorsque l’on se concentre sur les seuls autoentrepreneurs économiquement actifs, couvrant une multitude de secteurs. Certes, les VTC et la livraison, mais pas seulement. Beaucoup de ces emplois se développent en périphérie des entreprises (B-to-B spécialisé, informatique ou services de soutien) mais aussi autour des ménages (santé, soins du corps, sport, soutien scolaire etc.), couvrant des compétences manuelles comme intellectuelles. On assiste ainsi à un véritable essaimage de ce statut dans la plupart des secteurs d’activité, y compris l’industrie.


Des auto-entrepreneurs aux slashers


Contrairement aux entrepreneurs individuels traditionnels, la majorité des auto-entrepreneurs ont moins de 40 ans et près du quart est en poly-activité (contre moins de 7% pour les indépendants traditionnels). Et pour cause, ces micro-entités au statut simplifié sont loin de fournir un revenu de subsistance suffisant à la majorité de leurs détenteurs. En moyenne, un auto-entrepreneur se procure moins de 6 500 euros annuels via sa micro-activité, avec bien sûr une très forte hétérogénéité et instabilité des situations. Mais c’est bien un halo qui se met en place en substitut du salariat et souvent en complément du salariat. Un halo dont on peut suspecter le caractère régressif, puisqu’il étend l’espace du travail à la tâche et de la précarité extrême, à l’instar des livreurs du e-commerce. Un halo qui crée un espace de système-D et de revenu subsidiaire aux côtés de l’activité ou de l’inactivité, lorsque l’on est étudiant ou chômeur. Mais un halo qui se développe aussi en même temps que s’affirme la revendication d’une réappropriation du temps, des tâches et du lieu de travail par les salariés, via le télétravail. Et qui ouvre de nouvelles possibilités de polyvalence. Un phénomène qui a déjà son anglicisme à travers le terme de « slashers », ces touche-à-tout qui conjuguent le travail au pluriel et jonglent d’une activité à l’autre.


Bref, sans même évoquer la dimension informelle du phénomène, plus de 4,3 millions de personnes interviennent sous un statut indépendant, à titre principal ou secondaire. Nous ne sommes plus dans l’épiphénomène. C’est un germe qui, touchant les plus jeunes, attaque le salariat à la racine, de l’intérieur avec le télétravail, et de l’extérieur avec l’auto-entrepreneuriat, commençant à donner corps au grand fantasme du travail nomade, avec tout ce qu’il comporte d’abus et d’illusions trompeuses.


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